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Introduction
Le 28 décembre 2012, Vincent Maraval, producteur et distributeur au sein de la société Wild Bunch dont il est le patron, sortait une tribune dans Le Monde intitulée « Les acteurs français sont trop payés ! « . Cette tribune dénonçait les cachets élevés de certains acteurs français, par rapport à la rentabilité des films.
Vincent Maraval critique ici une facette d’ores et déjà controversée du système de financement du cinéma français. Nous sommes parties de cette tribune afin de comprendre les controverses tournant autour de ce système. Il semble être de nos jours dans une logique d’agrandissement, d’accroissement perpétuel à plusieurs niveaux : quant au nombre de protagonistes, quant au nombre de films, quant à la règlementation, quant à la multiplicité des supports. C’est pourquoi nous avons choisi de qualifier ce système « d’inflationniste ». C’est le sens étymologique, du latin inflatio signifiant « gonfler », et non pas économique de ce terme auquel nous faisons référence. De cette idée est né notre titre : SUPER SIZE IT : L’OPULENCE DU SYSTÈME DE FINANCEMENT DU CINÉMA, nous permettant de rendre compte d’un système qui ne cesse de prendre de l’ampleur, phénomène à l’origine de certaines dérives.
Après la publication de cette tribune ont eu lieu les premières « Assises pour la diversité du cinéma » le 23 janvier 2013, organisées à la demande de l’ancienne Ministre de la culture et de la communication, Aurélie Filippetti pour débattre de l’amélioration du système de financement du cinéma français. Suite à cela a été mis en place un groupe de suivi des Assises, dont le président du CNC de l’époque, Eric Garandeau, a confié à René Bonnell, auteur et producteur, la mission d’en mener et rapporter les travaux. Ainsi, en décembre 2013 fut publié le Rapport Bonnell, autrement appelé « Le financement de la production et de la distribution cinématographiques à l’heure du numérique ».
Frise chronologique des évènements
Les acteurs de ce système donnent leurs points de vue sur ce qui, selon eux, serait un meilleur système de financement et permettrait que le cinéma français conserve son statut au niveau international dans un contexte de multiplication des supports et de développement du numérique, de crises économiques, etc. En effet, beaucoup d’acteurs s’accordent sur le fait que le cinéma français se porte bien. Cela peut s’expliquer par la forte protection réglementaire à laquelle il est soumis. C’est pourquoi le cinéma français est souvent qualifié « d’exception culturelle ». Cette expression désigne la volonté du gouvernement de défendre la culture française, notamment la musique et le cinéma. D’autre part, ce système reste soumis aux lois du marché, ce qui nous amène à nous poser la question suivante :
Sous quelles conditions le cinéma français, que nous considérons comme un système inflationniste conjuguant forte régulation et liberté du marché, s’équilibre-t-il ?
Cette question doit cependant être précisée : les acteurs ne s’accordent pas sur la même définition de l’inflation. Elle est donc au coeur de la controverse. C’est pourquoi nous avons choisi de préciser trois aspects de cette logique. Dans un premier temps, nous traiterons de l’inflation du point de vue du salaire des acteurs. En effet, si certains cachets sont très élevés, il s’agira de se demander si cela est justifié ou justifiable. Ensuite, nous détaillerons l’influence de la surproduction sur le financement du cinéma. Enfin, nous nous intéresserons à la multiplication des supports et à la diversification de l’offre, et leur influence sur les goûts du public.