Super Size it: L'opulence du système de financement du cinéma

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Entretien avec un chargé de SOFICA au sein du CNC

Notre interlocuteur est membre de la direction financière du Centre national du cinéma et de l’image animée, et chargé plus spécifiquement des SOFICA.

1) Compte-rendu

  1. Sur le financement d’un film et le rôle du CNC
  • intervient au cinéma mais pas seulement
  • est minoritaire dans le financement d’un film. Plafond des aides publiques est fixé à 50%.
  • Financement d’un film repose sur la chronologie des médias.
  • impact du téléchargement illégal n’est pas quantifiable
  • chaines publiques ont un rôle énorme dans le financement. Chaines choisissent souvent de financer des films avec des acteurs connus, mais surtout, selon le nombre d’entrées en salle.
  • aujourd’hui, plafond pour les chaines de télévisions : permet de limiter les rémunérations des acteurs
  • Trois types de taxes qui alimentent les aides : les taxes spéciales additionnelles, les taxes sur les services de télévision, la TST-E pour les éditeurs, et la TST-D pour les distributeurs
  • Au niveau de la production, deux aides : automatique et sélective.
  • Il y a aussi les crédits d’impôts : pour promouvoir les tournages en France. Mécanisme incitatif.
  • Et enfin, les SOFICA : sociétés qui investissent. Représentent environ 63 millions d’euros, donc 36% des aides.

2. Sur le cinéma français contemporain

  • cinéma vu comme un loisir populaire, car moins cher que d’autres
  • industrie du cinéma aujourd’hui fragile avec tous les nouveaux supports
  • mais reste l’un des cinémas les plus forts d’Europe
  • l’un des problèmes important : films de milieu sont dans un entre deux et ne sont pas financés, écrasés par les films à gros budgets
  • Aussi, concernant le salaire des acteurs : les hauts cachets ne concernent pas tout le monde, mais en même temps beaucoup de films se construisent autour d’un seul ou d’un groupe d’acteurs. Aujourd’hui, il y a un plafond qui fixe un seuil de rémunération.


3. Sur l’avenir du cinéma français

  • inquiétudes concernant les chiffres d’affaire de la télévision, qui devient moins attractive, tout comme les ventes de DVD. Donc il faudrait se concentrer sur les chaines de télévision.
  • il faudrait aussi travailler sur les nouvelles sources de financement, penser à plus exporter les films franais.
  • il s’agit également de farder une taille de réseau de salle intacte.
  • on peut aussi observer un problème au niveau de la chronologie des médias, mais c’est compliqué d’y toucher car tout le système de financement pose dessus.

2) Verbatim

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Pour commencer, j’aimerais savoir ce que vous pensez de l’économie du cinéma français, puis que vous me détaillez précisément le rôle des acteurs publics, privés et plus précisément celui du CNC dans le financement d’un film ? Comment choisissez vous les films que vous financez ou non ? Quels sont les critères ? Quelle est votre part de financement ? à qui, à quoi servent exactement les fonds que vous reversez, est-ce qu’ils sont assignés à des acteurs précis, à quelque chose de précis ou sont-ils reversés de manière globale ? D’où provient l’argent avec lequel vous financez les films ?

Je tiens premièrement à préciser que le CNC intervient certes dans le financement des films mais c’est loin d’être son seul secteur d’intervention. Le cinéma, c’est le gros du travail du CNC mais pas que, par exemple, on intervient aussi dans les téléfilms, les documentaires, les jeux vidéos, la vidéo à la demande, on a aidé Netflix notamment ou tout ce qui concerne l’image animée.

Le CNC est toujours minoritaire dans le financement d’un film. Et le plafond des aides publiques est fixé à 50%. Regarde (montrant des documents) il faut que tu ailles vérifier dans les documents que je vais te laisser mais le maximum pour le CNC, c’est 15-20%.

Donc, comment être le plus clair possible ? Déjà, tu sais que le rôle des producteurs c’est de rassembler des fonds, ils sont en permanence à la recherche de nouveaux financements, de partenaires. Ces financements, ils viennent principalement des chaînes de télévision, elles sont obligées d’investir, mais il y a aussi une bonne part d’investissements des propres fonds du producteur, qui viennent de sa poche, ou parfois il est accompagné aussi de co- producteurs, qui eux amènent d’autres fonds encore. Ainsi, le financement d’un film c’est un long travail de recherche.

Il faut préciser aussi que le financement d’un film repose sur la chronologie des médias, le film se fait et après le cheminement salle-TV-DVD est très important car c’est comme ça qu’on arrive à investir et à ré-investir dans un film: c’est grâce à la chronologie des médias que l’investissement a un sens. Chaque acteur a un rôle précis dans la chronologie des médias. Tout est question d’investissement, plus tu investis dans un film, plus il marche, il a du succès, plus tu as la chance d’avoir d’autres fonds pour réaliser un prochain film.

Par ailleurs le téléchargement illégal vient fausser un peu cette chronologie des médias, ça fait perdre de la valeur au film ou à la série. On fait tout un travail pour diffuser le film selon un calendrier spécifique aux différents acteurs et puis quand il y a une fuite ça vient annuler toute l’efficacité de la chronologie des médias.

Quel est l’impact du téléchargement illégal d’ailleurs ? C’est un fléau qui envahit de plus en plus le monde du cinéma j’imagine ?

Le problème avec le téléchargement illégal c’est que ce n’est pas quantifiable, l’impact est très difficile à mesurer.

Dans la chronologie des médias, le temps entre lequel on va diffuser un film en salle et le distribuer aux chaines, le rendre disponible en DVD ou sur les sites de vidéos à la demande c’est ce qui préserve le film, ce qui justifie le prix d’achat. Les chaînes achètent des « cases », du temps en fait, temps durant lequel elles vont être prioritaires pour diffuser tel ou tel film.

Et donc pour la vidéo à la demande, par exemple quand il y a des téléchargements illégaux, logiquement la demande est détruite.

Si je te donne un exemple, en chiffre, The Raid 2, par la boite de production, Le Pacte, société de production chargée de la distribution et des ventes internationales de films français et internationaux, créée par Jean Labadie il y a eu une tribune dans la presse d’ailleurs, et avec ce film, on voit que la vente physique s’effondre, on vend moins de DVD, et ce n’est pas compensé par les autres supports, par la vidéo à la demande par exemple qui a beaucoup de mal à décoller.

Pour poursuivre, les chaines publiques ont donc un énorme rôle dans le financement. Il y a une grosse pression pour les chaînes et surtout de la compétition. En fait, c’est compliqué car 3 ans à l’avance il faut choisir quel film on va diffuser. Il faut évaluer le potentiel des films: cela va influencer toute la chronologie du film.

Aujourd’hui, un film, ce n’est pas ce qui est le plus regardé. On regarde plus la télé réalité, la fiction ou l’action, et du coup c’est très dur de choisir, il faut choisir des films rentables, souvent avec des acteurs connus, c’est autour d’eux que va se construire le film.

Et surtout, les directeurs de chaines regardent les entrées en salle. Le nombre d’entrées va déterminer beaucoup de choses. En France, nous sommes encore dans ce truc: c’est le nombre d’entrée qui fait office de passage obligé pour un film. Un film qui ne passe pas en salle, bon il y a des exceptions mais généralement, il ne pourra pas avoir de succès, et aura vraiment peu de chance d’être diffusé que ce soit sur les chaines de télévision ou sur d’autres supports.

À la télévision, présenter un film c’est donc moins rentable que de diffuser autre chose.

Et en plus, pour avoir un film sur sa chaîne, il va falloir se battre face aux autres chaînes: il va y avoir une réelle compétition entre les différentes chaînes de télévision et c’est ça qui va permettre de financer un film. Plus les chaînes, se disputent un film, plus le coût augmente. Plus les investisseurs veulent avoir un film, plus il va obtenir des fonds importants.

Par ailleurs, ça peut être important pour vous, depuis le rapport Maraval, il y a un plafond pour les chaines de télévisions. Il s’appelle « Les Assises du cinéma », en fait depuis ce rapport on a des mesures concrètes, c’est ça l’apport du rapport. Le plafond permet de limiter les rémunérations des acteurs. On a donc un plafond qui limite le salaire des acteurs mais aussi un plafond d’aides pour les films qui dépend de la chronologie des médias.

Et donc d’où viennent en réalité ces fonds ?

Pour commencer on a trois types de taxes, elles représentent environ 70 millions d’euros par an

- on a les TSA, Taxes Spéciales Additionnelles, 10% qui viennent des billets de cinéma et qui alimentent nos comptes

- puis après on a les TST, les Taxes sur les Services de Télévision, c’est la taxe sur le chiffre d’affaires des services des chaines de télévision, elle se divise en deux:

- la TST-E pour les éditeurs

- la TST-D, pour les distributeurs

Ici c’est environ 5% viennent des chiffres d’affaire des chaînes de télévision, c’est la plus grosse part des aides, depuis le 1er janvier 2010, le CNC s’occupe du recouvrement et du contrôle de la taxe sur les services de télévision due par les éditeurs et les distributeurs de services de télévision (avant c’était la direction générale des finances publiques qui s’en occupait), il y a un site internet spécifique du CNC pour que les sociétés redevables puissent déclarer chaque année les éléments d’assiette de la taxe et de suivre chaque mois le paiement des différents acomptes, c’est un grand revenu.

Pour la première taxe, les TSA, il y a une véritable controverse sur cette question. En effet, les gérants de salle versent la taxe à partir de la plus petite assiette. Je m’explique, par exemple tu vas au ciné tu prends un ticket et un pot de pop-corn, les gérants vont verser la taxe soit à partir du prix du billet ou soit à partir du prix des friandises qu’ils ont acheté avec le ticket. Certains disent qu’il faudrait pas séparer les deux assiettes mais reverser la taxe à partir de l’ensemble du prix du billet, c’est à dire à partir du ticket et des friandises consommées avec.

Donc en fait tu peux voir que les aides des salles proviennent des salles et sont destinées aux salles, mais aussi aux distributeurs, pour développer la vidéo à la demande, aider les associations, les festivals, les ciné-tech, inciter les enfants à venir découvrir le cinéma, à leur donner tous accès à ce loisir. Pour insister sur cette question il faudrait vous renseigner auprès d’UNIFRANCE qui est expert sur ce sujet. (c’est un organisme qui est chargé de la promotion du cinéma français dans le monde, qui a été créé en 1949 et qui est sous la tutelle du CNC, c’est une association composée d’adhérents, d’acteurs ou de réalisateurs …). Toutes ces questions soulèvent après des problèmes de rentabilité de la politique culturelle, il faut un arbitrage entre les choix financiers et les choix de politique culturelle.

Après, au niveau de la production, on a deux aides:

- une aide « automatique » = ce sont les comptes d’épargne, chaque producteur a un compte d’épargne au CNC, si il fait un gros succès l’argent va dans son compte et il peut le réutiliser pour un autre film, c’est un compte automatique, le compte est réservé pour réinvestir, la c’est pour l’emprunteur

  • et une aide « sélective », la on est plus du coté de la rentabilité politique culturelle, critère objectif, on estime le potentiel du film, en fonction de ça, on va décider de la promotion, on cherche à avoir un minimum de garanties, il y a des commissions qui se réunissent, qui décident quels films vont être financés ou pas, ils font une sélection film par film, les professionnels de ces commissions sont très souvent renouvelés, c’est eux qui décident de donner une aide ou non. Si ton film est choisi, alors tu vas bénéficier d’une avance sur recette. Après si ton film a du succès, tu vas rembourser.

Tu peux donc voir que le remboursement se fait en fonction des entrées.

Bon j’essaies d’être clair, mais c’est complexe, tu pourras regarder dans les documentations que je t’ai passées et aussi sur le site du CNC, il est bien fait.

C’est très clair pour le moment, très intéressant, merci donc je vais peut être passer à un autre aspect de la question. J’aimerais que vous me racontiez une de vos journées types, concrètement en quoi consiste votre travail, à quelles situations vous êtes confrontés quotidiennement ?

Oui d’accord très bien mais attendez, concernant les aides je n’ai pas tout mentionné. Désormais, les aides pour les salles sont de plus en plus destinées à la numérisation. Vous savez on a plus de bobines maintenant mais des disques durs.

Oui j’en ai entendu parler, où en êtes-vous sur ce projet ?

C’est un projet qui a duré 3-4 ans, maintenant on est à la fin, on a presque fini d’équiper toutes les salles de France et d’ailleurs, la projection numérique est presque terminée. Le but c’est de le faire partout, même dans les petites salles, partout en France, de couvrir tout le territoire.

Un film, pour être considéré comme tel, il doit être diffusé en salle, sinon il n’a pas de chance après et c’est pour ça que c’est important de couvrir tout le territoire pour garantir une diffusion optimale.

Et justement, pensez-vous que le cinéma est accessible à tous ? Est-ce qu’un film peut être considéré comme un bien commun ? Le prix d’un ticket n’est-il pas trop élevé ?

Le prix d’un ticket, à la base oui est cher. Mais quand même, les prix sont adaptés pour les jeunes, pour les chômeurs, ou pour les personnes plus âgées , donc je considère le cinéma comme un loisir populaire. C’est quand même un loisir moins cher que d’autres. Et il faut souligner que le taux de fréquentation est assez important. C’est un des plus forts en Europe. L’industrie du cinéma est certes plus fragile avec tous les nouveaux supports mais quand même on a des taux de diffusion toujours en hausse. La fréquentation atteint presque le niveau des années 50-60 avant l’apparition de la télévision.

Et sinon je voulais te préciser autre chose. Il y a 2 autres financements qu’on ne cite pas et qui sont pourtant très importants.

D’une part, les crédits d’impôts, c’est du réinvestissement, soit l’impôt d’une production, le financement d’un taux légal.

Pour ce financement, on regarde les dépenses de la production, elle nous envoie un dossier, on étudie les dépenses qui sont éligibles, celles non éligibles. Il faut que les dépenses soient faites en France, pas à l’étranger. On veut promouvoir les tournages en France, surtout dans les studios car finalement on peut tourner partout mais en France on cherche des studios qui ont des tarifs intéressants, on les appellent, on leur dit vient on va tourner là-bas. Par exemple, pour le tournage des Misérables, c’est le genre de film qui est censé être tourné en France mais ça a été tourné à Londres. C’est dommage… On essaie donc d’inciter les équipes à tourner en France.

Les crédits d’impôts s’appuient sur un mécanisme incitatif, car on peut déduire de l’impôt. Il y a une vraie compétition entre les pays, par exemple pour la Belle et la Bête.

Mais on a aussi l’inverse, on veut inciter les films étrangers à venir tourner en France, car ça créé des emplois, ça permet de faire tourner l’industrie du cinéma. Il y a en effet un coût fiscal pour l’État français, car il s’engage à délivrer des fonds mais après si le film a du succès on redonne cet argent. Quand on a des négociations avec l’État, c’est le genre d’argument qu’on donne, on met en avant la rentabilité, la création d’emplois, le retour sur investissement: avec un euro dans un film je peux en gagner plein d’autres lorsque je tourne en France. Pour les chiffres, il faut que tu regardes le rapport.

Et donc, d’autre part, on a les SOFICA, c’est ce dont je m’occupe. Donc ça change un peu tous les ans mais cette année par exemple il y en a 12. Ce sont des sociétés qui investissent. Mais c’est Bercy qui détermine le périmètre d’aide qu’elle peuvent avoir. Les SOFICA représentent à peu près 63 millions d’euro, soit 36% des aides. Ce sont des particuliers à qui il faut rembourser, donc ce sont des produits à risque en quelque sorte. Si ça réussit je gagne et je gagne plus, sinon zéro mais bon même si je ne gagne rien parce que le film n’a pas réussi au moins ça a été déduit de mes impôts, donc il y a toujours un avantage fiscal.

Comme toujours c’est le passage en salle qui détermine tout, le passage détermine les recettes, pour les SOFICA, ça dépend comme toujours de son succès. L’investissement se fait par petite part, c’est de l’ordre de 5%.

Et, il y a un problème important aussi dont on s’est rendu compte et qu’on essai de corriger. Les films du milieu,

Pardon, qu’est ce que vous appelez « films du milieu » ?

Les films du milieu ce sont ceux qui se situent entre 4 et 7 millions d’euros, ce ne sont pas des grosses productions et pas non plus des petits films d’auteurs pas connus, c’est ceux qui se situent entre les deux si tu veux.

D’accord merci, donc qu’est-ce qu’il se passe pour ces films ?

En fait on s’est rendu compte que ces films du milieu n’étaient pas financés, on met beaucoup d’argent dans les grosses productions à gros budget, ou pour les films d’auteurs à petit budget, avec un écart énorme entre les deux, mais du coup ces films ne sont pas financés. Désormais ça va mieux, mais ça reste quand même toujours une priorité de rester attentif à ces questions.

D’accord, merci je comprends mieux le fonctionnement, et donc vous avez mentionné le problème du salaire des acteurs, quelle est votre position ?

Alors là, attention quand on critique le salaire des acteurs car d’abord cette question ne concerne qu’une tranche d’acteurs, ça ne concerne pas tout le monde. Et puis, oui, il y a un décalage entre certaines rémunérations par rapport au travail qu’ils réalisent mais c’est aussi normal que certains acteurs aient de gros salaires. Beaucoup de films se construisent autour d’un seul ou d’un groupe d’acteurs, ce n’est pas illogique.

Puis avec le rapport, c’est bien car il y a désormais un plafond qui fixe un seuil donc c’est une bonne idée.

Après concrètement, il y a plusieurs façons de rémunérer un acteur. Beaucoup se font payer en fonction du succès du film, ils se font payer après. Mais sinon le plus souvent c’est un système hybride qui est adopté, les acteurs se font payer une certaine somme avant et si le film réussit ils se font payer plus.

Encore une fois, la base c’est le marché de la salle.

Bien, donc comment voyez-vous l’avenir du cinéma français en ce qui concerne son financement ? On a pu voir selon la presse que les articles sont plutôt pessimistes, quel est votre point de vue ?

Hum question compliquée. Comme tu as dû le voir, le financement du cinéma c’est une question compliquée! On peut dire que actuellement ça marche plutôt bien. C’est vraiment difficile d’avoir des perceptives, de dire ce qu’il va se passer dans l’avenir car c’est très irrégulier. On peut avoir une bonne année comme l’année 2014, avec de belles entrées en salle, mais une production moins importante, les années s’influencent les unes sur les autres, car en 2013, par exemple c’était un échec avec une production plus importante.

Après, ce qui nous inquiète un peu ce sont les chiffres d’affaire de la télévision qui se rétractent, la soumission à la TNT, la télévision aujourd’hui est moins attractive, et pareil pour les DVD, les ventes ne cessent de descendre.

Avez-vous des idées, des suggestions pour améliorer le système ?

Pour moi, une des choses essentielles sur lesquelles il faudrait encore travailler ce sont les nouvelles sources de financement. Et penser à exporter nos films français serait une solution. Le cinéma, c’est finalement une quête permanente de financements et ces fonds il faut aussi aller les chercher ailleurs, l’exportation est une des solutions selon moi.

Ensuite, on sait que la France produit beaucoup de documentaires, de fiction et de téléfilms mais ça s’adresse qu’à nous, alors pourquoi ne pas penser à produire de nouvelles choses s’adressant aux français tout en pensant à l’exportation ? Il faudrait se demander pourquoi on ne parvient pas à rivaliser avec les américains par exemple ? Je pense notamment aux séries. Faire des séries et les exporter à l’étranger nous ouvrirait de nouvelles portes.

Il faut aussi être attentif à garder une taille de réseau de salle intacte. En France on a des multiplex et aussi des salles indépendantes de petites tailles, il faut chercher à les garder, c’est très important que les gens aillent au cinéma, voient les films en salle pour l’inertie de la consommation.

Il faut aussi se concentrer sur les chaînes de télévision, ne pas oublier que Canal + a été créé pour financer le cinéma. La législation en France est contraignante et oblige les chaînes à financer du cinéma ou a diffuser certaines choses. Par exemple, chez France 2, ils sont obligés de diffuser un certain temps en français. Ils doivent respecter un arbitrage entre des émissions de flux, c’est tout ce qui concerne l’actualité, le sport, l’éphémère, les magasines et les émissions de stocks, comme les séries, tout ce qui se conserve et peut être diffusé, re-diffusé. Je pense que ce type de modèle est à repenser.

On a aussi un problème au niveau de la chronologie des médias. Mais c’est très compliqué de changer ça car tous les investissements et tout le financement reposent la dessus. C’est tout un système très difficile à faire bouger.

Il faut analyser d’autres modèles. Par exemple en Angleterre, on remarque qu’il y a finalement peu de monde en salle mais plus d’investisseurs aussi. Ou même regarde aux États-Unis, la tendance marketing fait qu’on va faire des publicités monumentales, des campagnes gigantesques pour certains films, on ne serait pas capable de faire ça en France, on aurai pas les moyens, c’est pour cela qu’il faut ramener du monde en France et aller voir des films.