La controverse de Roland-Garros d’un point de vue scientifique

Bien que n’étant a priori que peu reliée à la science, l’extension du stade de Roland-Garros est étroitement liée à la politique d’aménagement du territoire. C’est pourquoi des experts ont donné leur avis sur ce sujet.

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Michel Corajoud, paysagiste

Selon Michel Corajoud, la spécificité d’un paysagiste par rapport à un architecte ou un urbaniste réside dans le fait que celui-ci travaille avec le vivant. De plus, il adapte son projet au cours de sa réalisation : l’œuvre finale dépasse la pensée réflexive. Ceci explique peut-être en partie le succès des paysagistes auprès des élus. Ces derniers tentent d’intensifier le réel plus que de le modifier ce qui permet à la fois de révéler ses qualités et de dépenser moins.

Michel Corajoud travaille sur les projets d’extension du stade de Roland Garos. Pour lui, ce quartier à de nombreuses beautés non visibles depuis la voie publique : l‘hippodrome d’Auteuil, le jardin des poètes, le jardin des Serres, Roland-Garros lui-même… Il aimerait donc réussir à mettre ces structures en valeur, à les faire « dialoguer » entre elles. Selon lui, construire un court au milieu des serres est justement un moyen de faire profiter au plus grand monde de ce lieu unique. A contrario pour de nombreux opposants au projet de la FFT, construire un court au milieu des serres signifie plutôt mettre en danger celles-ci. (*)

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Anne Monjaret, ethnologue

Anne Monjaret s’intéresse à l’aspect ethnologique de la ville paris. Elle étudie tout d’abord les caractéristiques, puis la représentation et enfin la structure de la ville de Paris. Paris est et demeure la capitale mythique de l’art, de la mode et de la science. Elle est une ville festive autant qu’une ville comportant un patrimoine inimaginable.

Paris est très souvent représentée comme une ville-musée dédiée et propice au tourisme. Elle attire beaucoup de touriste du monde entier. Mais c’est aussi une ville où les habitants y vivent faisant fonctionner l’économie. Elle permet également aux gens de s’intégrer, de proposer des endroits propices à leur besoin, d’endroits culturels et politiques. Cependant, le patrimoine, la politique et l’histoire ne sont pas les seuls vecteurs de l’image de Paris à l’étranger. Les échanges entre parisiens et étrangers sont également un vecteur majeur de cette représentation. Les parisiens ont la réputation d’avoir beaucoup de culture, de la partager avec les étrangers.

Paris comporte une multitude de lieux de mémoire, de lieux vivants, emblématiques d’un passé politique et économique glorieux. Par delà ces éléments, les rencontres et échanges entre parisiens et touristes étrangers font de Paris la ville que l’on connaît. Tous participent au flux et aux mouvements de la ville.

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Maximilien Genuini et Evan Delmas, management du sport

Maximilien Genuini et Evan Delmas s’intéressent à l’aspect concurrentiel, économique et social du tournoi de Roland-Garros. Ils commencent par dissocier Roland Garros en un événement sportif et en un événement social en le qualifiant au même titre qu’un festival de films. Il ne faut pas voir le tournoi comme un événement économique mais plutôt comme un échange social et culturel.

L’enceinte du stade de Roland Garros n’est pas adaptée à la demande. Il s’agit du plus petit des quatre tournois du Grand Chelem (Roland Garros, Wimbledon, l’US open et l’open d’Australie) en termes de surface ainsi qu’en termes d’affluences. Roland-Garros se doit donc de grandir avec son temps s’il veut continuer à être reconnu internationalement et être considéré comme un des tournois du Grand Chelem. Ce type de stade doit toujours s’adapter à la concurrence pour ne pas se faire dépasser. Il n’est pas question de savoir ici si Roland-Garros est inadapté à la demande, mais plutôt d’étudier les conséquences et les impacts internationaux que peut avoir une absence de croissance.

L’extension est également une bonne idée dans le cadre du « Grand Paris » et d’un développement économique. Mais il n’est pas impossible que Roland-Garros soit à nouveau menacé dans dix ans, toujours par la même concurrence, c’est à dire des structures qui veulent devenir des Grand Chelem.

* dans son interview Se porter à la périphérie, là où la ville rejoint la campagne datant de 2013