La question de l’extension du stade de Roland-Garros est fortement liée à la notion de patrimoine. Dans le cadre de ce débat, le patrimoine transparaît même sous plusieurs formes : patrimoine historique, patrimoine urbain ou patrimoine écologique par exemple.
Roland-Garros : un patrimoine urbain important
Source : http://www.lesechos.fr/industrie-services/services-conseils/021794780442-roland-garros-le-tribunal-administratif-suspend-a-nouveau-les-travaux-aux-serres-dauteuil-1209544.php
Dans quelle mesure est-il nécessaire de maintenir le tournoi de Roland-Garros à Paris ?
Roland-Garros est le plus petit des quatre stades des tournois du Grand Chelem, d’où la nécessité de le moderniser ou de le déménager, afin qu’il conserve sa renommée internationale et reste parmi les plus prestigieux tournois de tennis. Il a été envisagé de déplacer le stade de Roland-Garros vers un espace plus grand qui permettrait de mieux répondre au cahier des charges de la FFT, comme Marne-la-Vallée ou Versailles. Cependant, cette option a été abandonnée en février 2011.
En effet, délocaliser le terrain changerait complètement ce tournoi. Historiquement, Roland-Garros est lié à Paris et plus particulièrement à la porte d’Auteuil où il a été implanté en 1927. Il contribue au rayonnement de la ville à l’international et pourrait jouer un rôle majeur en faveur de Paris pour l’élection de la ville qui accueillera les Jeux Olympiques 2024. Changer son emplacement nuirait à la fois à la renommée de la capitale qui perdrait une compétition sportive majeure et au tournoi, celui-ci étant maintenant associé à sa localisation : proche des historiques serres d’Auteuil, du jardin des poètes… Ce stade fait maintenant partie du patrimoine urbain du quartier au même titre que les serres d’Auteuil.
Avant 2011, certains jeunes joueurs français comme Amélie Mauresmo, Michaël Llodrra et Jo-Wilfried Tsonga étaient en faveur du déplacement de Roland-Garros à l’extérieur de la ville, alors que les joueurs plus anciens comme Yannick Noah et Bjorn Börg et les joueurs étrangers comme Roger Federer et Rafael Nadal étaient en faveur de conserver le stade dans son site historique. Mais depuis l’annonce de la FFT que Roland-Garros resterait à Paris, ceux-ci soutiennent tous le projet d’extension.
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La richesse patrimoniale des Serres est-elle compatible avec le projet de modernisation du site de la FFT ?
La FFT prévoit l’agrandissement du stade en empiétant sur le jardin des serres d’Auteuil. Or, les serres de ce jardin ont été construites en 1897 par Jean-Camille Formigé et sont classées monument historique depuis 1998. Ces jardins forment donc partie intégrante du patrimoine à la fois historique, écologique et urbain de la ville. Ceci explique la réticence de certains, notamment de la famille de l’architecte à laisser Roland-Garros installer un court sur ce lieu historique, dans la mesure où cela risquerait d’avoir un gros impact sur les serres. Les héritiers de Formigé ont porté plainte pour non-respect du droit d’auteur fin 2015 auprès du Tribunal de Grande Instance. Ils ont obtenu la suspension des travaux pendant une durée de trois mois. Suite à un second jugement, il a été décidé que les travaux ne pourraient pas reprendre avant qu’un jugement de fond ait eu lieu.
Cependant, l’extension de Roland-Garros sur les serres d’Auteuil peut-être aussi être vue comme une valorisation de celles-ci comme l’explique la FFT et la mairie de Paris. En effet, ce quartier a de nombreuses beautés comme l‘hippodrome d’Auteuil, le jardin des poètes, le jardin des Serres, Roland-Garros lui-même… Cependant, celles-ci ne sont pas toutes visibles de la voie publique. Michel Corajoud, paysagiste de la FFT, aimerait remédier à ce problème. En effet, son métier ne consiste pas à créer quelque chose de complètement nouveau, mais à mettre plus en valeur le patrimoine déjà existant. Il espère donc rendre ce lieu plus attractif, afin de permettre à plus de monde d’apprécier à sa juste valeur ce site chargé d’histoire.
Mais cette augmentation d’affluence dans les serres aura forcément des conséquences sur ce lieu historique. Pour les associations qui ont monté le contre-projet, plus de monde dans les jardins est notamment synonyme de plus de déchets jetés. De plus, le jardin des poètes, qui est jusqu’à maintenant un lieu calme perdrait une grande part de son charme et de son authenticité.