Les deux projets

Pourquoi agrandir le stade de Roland-Garros ?

Un tournoi du Grand Chelem

Le tournoi de Roland-Garros, aussi appelé Internationaux de France, est l’un des 4 tournois du Grand Chelem, soit l’un des quatre tournois majeurs du tennis international au côté des tournois de Wimbledon à Londres, de Melbourne, et de l’US
Open à New York. Ces tournois se déroulent chacun pendant deux semaines consécutives et comportent plusieurs catégories : jeunes, doubles messieurs, dames, mixtes, ainsi que les catégories phares à savoir les simples messieurs et dames.

Chaque tournoi possède ainsi une vingtaine de terrains environ qui permettent aux différents matchs d’avoir lieu simultanément pendant la quinzaine. Cependant, ces terrains ne sont pas identiques : chacun des quatre tournois du Grand Chelem a sa surface propre (cf. tableau).

Les tournois du Grand Chelem sont des tournois d’extérieurs. Ils sont donc tributaires des aléas météorologiques notamment la pluie qui conduit fréquemment à des interruptions voire à des reports de matchs. Néanmoins, devant la pression des différents médias qui diffusent ces tournois et celle des spectateurs, de plus en plus de couvertures amovibles sont installées sur les courts principaux afin de protéger la surface de jeu et les gradins du vent et surtout de la pluie et ainsi permettre d’augmenter les temps de jeux.

Enfin, outre les installations sportives, les sites des tournois regroupent également de multiples et diverses installations à disposition :

  • des joueurs (vestiaires, loges, infirmerie, local anti-dopage, restauration etc…)
  • des médias (salles de presse, studios d’interviews, zone de production télévisuelle, vestiaires etc…)
  • du personnel d’organisation (salles de réunion, espaces de stockage, espaces de restauration etc…)
  • du personnel de sécurité (voies pompiers, espaces de secours, entrées contrôlées, consignes, etc…)
  • des spectateurs (buvettes et espaces de restauration, espaces de vente, sanitaires, points d’eau, etc…)

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Le tournoi de Roland-Garros

Le tournoi de Roland-Garros n’a pas toujours été tel que nous le connaissons aujourd’hui et le site qui l’accueille a connu de nombreuses extensions au cours des dernières décennies.

Quelques dates clefs :

  • 1891 : Première édition du Championnat de France international de tennis. Il se tient sur une journée, sur du gazon. Jusqu’en 1924, il est réservé aux joueurs français et aux joueurs étrangers licenciés dans un club français. Le premier tournoi dame aura lieu six ans plus tard.
  • 1928 : Construction du stade de Roland-Garros et première édition des Internationaux de France. Le site dispose alors d’une surface de 3 hectares et 3 courts avec tribunes sont construits
  • 1968 : La FFT ouvre le tournoi de Roland-Garros aux joueurs professionnels, pour la première fois, un tournoi du Grand Chelem devient open (auparavant, ces tournois, comme d’autres, étaient réservés aux amateurs, les joueurs professionnels étant considérés comme traîtres à l’esprit sportif)
  • 1979 : Premier agrandissement du stade : le court n°1 et ses 4 500 places émergent de terre ainsi que 3 courts semi-enterrés.

Le site s’étend alors sur 4 hectares et compte 10 courts.

  • 1984: La mairie de Paris cède le Fond des princes à Roland-Garros. La FFT fait alors construire de nouveaux courts, en réaménage d’anciens alors inutilisés lors du tournoi, et construit le Centre national d’entrainement (CNE).

Roland-Garros comprend maintenant 19 courts sur une surface de 6 hectares.

  • 1992-1994: Troisième extension du stade. La FFT récupère 3 hectares à l’ouest du site ce qui lui permet d’y construire le cours Suzanne Lenglen ainsi que 7 nouveaux courts, portant le nombre de terrains total à 23.
  • 1999-2003: Reconstruction partielle du court Central et destruction de trois courts afin d’offrir plus d’espace aux spectateurs. Roland-Garros a alors la forme que nous connaissons aujourd’hui avec ces 8,6 hectares pour 20 courts de compétition.

Qu’en est-il des autres tournois du Grand Chelem ?

Eléments de comparaison :

  Open d’Australie Roland-Garros Wimbledon US Open
Période de l’année Janvier/Février Mai/Juin Juin/Juillet Août/Septembre
Surface de jeu Surface dure, Plexicushion Terre battue Gazon Surface dure, Decoturf
Surface occupée par le site 20 ha 8,6 ha 20 ha 14 ha
Nombre de courts de compétition 24 20 19 17
Capacité d’accueil du court principal 15 000 (toiture rétractable) 14 911 15 000 (toiture rétractable) 23 000 (toiture rétractable)
Fréquentation 653 000 460 000 511 000 721 000

 

 

Un besoin de modernisation

Le stade actuel

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Localisation de Roland-Garros entre le XVIe arrondissement de Paris, Boulogne-Billancourt et le Bois de Boulogne
Source : maps.google.com

Situé dans le XVIème arrondissement, à l’ouest parisien, s’étend le stade de Roland-Garros entre la ville de Boulogne-Billancourt au sud, le bois de Boulogne au nord et les jardins d’Auteuil à l’est.

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L’actuel stade de Roland-Garros
Source : Rapport d’enquête du projet d’extension de Roland-Garros
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Figure 1 : Plan de Roland-Garros
source : www.fft.fr

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Pourquoi s’étendre ?

Contrairement aux trois autres infrastructures accueillant un tournoi du Grand Chelem, Roland-Garros n’a pas été récemment modernisé. Le site pêche par sa taille et sa capacité d’accueil, les espaces de déambulation des spectateurs restent également très restreints. A cela s’ajoute la nécessité de couvrir le court Philippe Chatrier pour les besoins des médias (liés à l’éclairage) mais également pour le confort des spectateurs et des organisateurs du tournoi qui seraient moins dépendants de la météo.

Le cahier des charges écrit par la FFT afin de cibler les objectifs de modernisation du site d’accueil d’un tournoi du Grand Chelem stipule ainsi la nécessité pour Roland-Garros de comporter :

  • Un terrain couvert d’une capacité de 15 000 places
  • Un terrain d’une capacité de 10 000 places
  • Un terrain d’une capacité de 5 000 places
  • Plusieurs autres courts d’une capacité de 1000 à 2000 personnes

Les courts principaux actuels sont :

  • Le court Philippe Chatrier : 14 911 places, découvert
  • Le court Suzanne Lenglen : 10 056 places, découvert
  • Le court n°1 : 3 803 places, découvert

Il est donc nécessaire d’une part de couvrir le court Philippe Chatrier et d’autre part de rénover et/ou reconstruire le court n°1 pour augmenter sa capacité d’accueil.

La FFT souhaite également repenser les flux de spectateurs au sein du site. Le site est développé selon un axe est/ouest qui impose une forte déambulation des sectateurs pour se rendre d’un lieu à l’autre du stade. Néanmoins, cette configuration permet aussi de répartir les spectateurs sur l’ensemble du site. Cependant, cette répartition n’est pas observée sur les entrées du stade : il y a une très forte concentration des flux piétons au niveau de l’avenue d’Auteuil au Nord-Est du site.

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Deux projets d’extension du stade

Pour vraiment être précis sur les termes employés, l’extension du stade de Roland-Garros n’est pas un sujet controversé. Le projet mettant en œuvre cette extension porté par la FFT, en revanche l’est. C’est pour cela que les opposants à ce projet, diverses associations de protection du bois de Boulogne ou du patrimoine français soucieuses de la protection des serres du jardin d’Auteuil, ont proposé un projet alternatif pour permettre la rénovation du site du grand Chelem parisien.

Le projet porté par la FFT

Attardons nous tout d’abord sur le projet controversé : le projet porté par la FFT.

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Figure 2 : Plan du nouveau projet
Source : www.nouveaurolandgaros.com

Pour mener cette modernisation, la FFT a fait appel à l’architecte Marc Mimram, architecte notamment de la passerelle Solférino et au paysagiste Michel Corajoud.

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Figure 3 : Projet d’extension de Roland-Garros
Source : nouveaurolandgarros.com

Description du projet

Dans son projet de modernisation du stade de Roland-Garros, la FFT prévoit de :

  • Garder en l’état le court Suzanne Lenglen, les courts annexes 4 et 5 et la zone de production télévisuelle
  • Restructurer le court Philippe Chatrier :
    • Rénovation et agrandissement des surfaces de plancher existantes
    • Agrandissement des surfaces de tribune (meilleur confort visuel et création de 315 places supplémentaires)
    • Installation d’une toiture amovible
  • Démolir les courts 2 et 3
  • Délocaliser le gymnase du Fond des Princes et le CNE (Centre National d’Entraînement)
  • Construire un court annexe de 2 200 places (court n°14) au niveau du Fond des Princes, un bâtiment d’organisation à la place du CNE et un pavillon d’accueil (boutiques, musée et pavillon technique)
  • Réorganiser les entrées sur le site (notamment en créant une entrée temporaire par le Jardin des Serres)
  • Rénover les bâtiments historiques (Bâtiment en Meulières, Pavillon d’Octroi et Pavillon Fédéral)
  • Agrandir les allées entourant les courts Suzanne Lenglen et Philippe Chatrier et créer une grande pelouse à côté de l’esplanade des Mousquetaires pour fluidifier les déplacements des spectateurs
  • Détruire l’actuel court n°1 ainsi que certaines des serres botaniques du Jardin des Serres d’Auteuil pour reconstruire à leur place un nouveau court n°1, dit court des Serres, d’une capacité de 5 000 places.

Problèmes soulevés par ce projet

Le projet de modernisation du stade de Roland-Garros mené par la FFT soulève différents problèmes. De ce fait, ce projet s’est heurté, et se heurte toujours, à de fortes oppositions et à de nombreux obstacles.

Tout d’abord, la délocalisation du CNE et du Fond des Princes a fortement contrarié la mairie du XVIème arrondissement (pourtant à priori favorable au projet d’extension du stade) ainsi que les riverains de la porte d’Auteuil. En effet, le CNE a été reconstruit dans des structures temporaires dans le XVIème arrondissement et empiète donc sur ce qui était auparavant des infrastructures appartenant à la mairie. Ces terrains qui étaient à disposition des scolaires et clubs municipaux leur sont maintenant refusés sans que les habitants du XVIème arrondissement n’aient reçu de compensation de la part de la mairie de Paris. M. Yves Hervouet des Forges, adjoint au maire chargé des sports à la mairie du XVIème arrondissement, regrette la manière dont ce projet a été mené et plus particulièrement le manque de consultation de la population riveraine, aujourd’hui victime de l’extension de Roland-Garros.

Ensuite, la clef de voûte de ce projet cristallise l’objet de la controverse. Elle consiste en la démolition du court n°1 et des serres botaniques du Jardin des Serres d’Auteuil pour construire un nouveau court n°1 à la place des serres. Ce nouveau court aura une capacité d’accueil plus importante que l’ancien (5 000 places au lieu de 3 800 places). Le choix fait par la FFT de déplacer le court n°1 à la place de serres du Jardin des Serres et ainsi d’empiéter sur l’espace du Jardin fait polémique à plusieurs niveaux. Tout d’abord d’un point de vue écologique : les opposants au projet de la FFT dont les élus Verts ainsi que d’autres associations souhaitent protéger les collections florales aujourd’hui abritées par les serres. Ces collections comprennent de nombreuses espèces tropicales menacées. Le projet prévoit de les déplacer dans Paris (avec l’aide de la mairie de Paris) afin de mieux les valoriser. Cependant, les défenseurs de l’écologie ont peur que cela n’abîme et ne nuise à la bonne santé de la collection. D’autre part, de nombreuses associations de défense du patrimoine s’opposent au projet de la FFT pour des raisons patrimoniales. Elles souhaitent avant tout préserver et protéger les serres d’Auteuil. Leur position recoupe le point de vue écologiste mais leur approche est plus centrée sur la valeur du Jardin des Serres d’Auteuil en tant que patrimoine historique vivant de Paris. Le Jardin abrite des Serres classées au patrimoine de l’Unesco et les associations qui les défendent estiment que la destruction des serres tropicales ainsi que la tenue d’un tournoi de tennis sur ces lieux les endommagerait fortement, par la construction d’un bâtiment qui s’intègrerait mal dans le paysage et par la présence de centaines de milliers de spectateurs dans le Jardin.

Pour ces différentes raisons, un contre-projet d’extension du stade de Roland-Garros a été proposé par les associations.

 

Le contre-projet

Pour imaginer ce contre-projet, les associations ont fait appel à Dam Design, cabinet d’architecte dirigé par M. Darius Amir-Mazaheri. Le cabinet a apporté son expertise technique pour réaliser une étude sur la possibilité de moderniser le stade tout en préservant les serres. Pour cela, Dam Design s’est appuyé sur l’appel d’offre lancé par la FFT, en s’en servant de cahier des charges. Le cabinet a ensuite proposé plusieurs variantes, au total 7 solutions, permettant l’extension de Roland-Garros sans empiéter sur le Jardin des Serres. Ces propositions répondent plus ou moins bien aux différents critères du cahier des charges.
En 2015, le cabinet Egis s’est basé sur ces travaux pour écrire le rapport sur la pertinence fonctionnelle du projet de la FFT et du contre-projet de couverture de l’autoroute A13. Les architectes et ingénieurs auteurs du rapport ont alors proposé un nouveau projet, synthèse des différentes variantes imaginées par Dam Design. C’est ce dernier projet qui sera présenté ici.

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Figure 4 : Le contre-projet des associations
source : Le Figaro, 6 mars 2013

 

Description du projet

Ce projet prévoit de :

  • Garder en l’état le court Suzanne Lenglen, les serres botaniques du Jardin des Serres d’Auteuil, les courts annexes 4 et 5 et la zone de production télévisuelle
  • Restructurer le court Philippe Chatrier :
    • Rénovation et agrandissement des surfaces de plancher existantes
    • Agrandissement des surfaces de tribune (meilleur confort visuel et création de 315 places supplémentaires)
    • Installation d’une toiture amovible
  • Démolir les courts 2 et 3
  • Délocaliser le gymnase du Fond des Princes et le CNE (Centre National d’Entraînement)
  • Construire un cour annexe de 2 200 places (court n°14) au niveau du Fond des Princes, un bâtiment d’organisation à la place du CNE et un pavillon d’accueil (boutiques, musée et pavillon technique)
  • Moderniser le court n°1 pour porter sa capacité à 5 000 places (constructions de 5 gradins supplémentaires)
  • Déplacer le Village, actuellement au nord du court Suzanne Lenglen au sud le long du boulevard d’Auteuil, et le bâtiment des Meulières pour le reconstruire à la place du Village et de l’entrée prévue par la FFT
  • Aménager une nouvelle esplanade à la place du Village pour remplacer l’Esplanades des Mousquetaires perdues du fait de l’agrandissement conjoint du court n°1 et du court Philippe Chatrier
  • Détruire les courts 6, 7 et 8
  • Couvrir l’autoroute A13 pour y reconstruire les courts annexes 6, 7 et 8