Débat politique

Si un débat politique autour des projets d’aménagements urbains est un passage obligé, la manière dont celui-ci a été mené par certaines personnalités politiques a été l’objet de critiques. Ces critiques ont aussi bien été exprimées entre acteurs politiques que depuis l’extérieur.

Le projet de la Tour Triangle est annoncé en 2008 par Bertrand Delanoë, maire PS de la Ville de Paris. L’UMP soutien alors globalement ce projet, certains élus – dont Philippe Goujon, maire du 15ème arrondissement de Paris – font d’ailleurs publiquement connaître leur soutien à celui-ci. A l’inverse, en 2013, à la veille de la campagne municipale de 2014, Nathalie Koscuizco-Morizet, candidate de l’UMP, choisit de s’opposer au projet, et emmène son parti avec elle. Or, pour Anne Hidalgo, candidate PS finalement victorieuse, il s’agit d’un choix purement tactique. En 2013 également, Philippe Goujon, déjà cité et jusqu’à cette date très favorable au projet, change lui aussi de position en invoquant « l’opacité, le manque de concertation, les promesses non tenues et les mauvaises réponses aux conclusions de l’enquête d’intérêt publique ».

De manière générale, les positions autour de la Tour sont perçues par plusieurs observateurs comme de simples positionnements stratégiques, et peu croient en la sincérité des discours. Pour certains, Nathalie Kosciusko-Morizet cherche juste à faire oublier le fiasco des Halles. Les nombreux revirements brouillent les lignes rendent le débat flou. En particulier, des personnalités de droite comme Rachida Dati, Nicolas Sarkozy ou Pierre Lelouche restent favorables au projet, même si elles s’expriment moins sur le sujet que celles qui s’y opposent. De même à gauche, les Verts et le Parti de Gauche, alliés de la majorité PS du conseil de Paris, s’opposent au projet. En réponse, Anne Hidalgo regrette « les obsessions et les tabous » qui polluent le débat, reprochant également à Nathalie Kosciusko-Morizet de na pas laisser la liberté de vote aux membres de son parti.

Ces positionnements ont conduit au rejet de la modification simplifiée du PLU par le Conseil de Paris, à l’automne 2014. Or, ils se sont avérés difficiles à lire et à anticiper pour les autres acteurs du problème. Si les associations jouent sur ces changements d’opinion pour faire faire refuser le projet, Vincent Jean-Pierre, directeur du Développement Bureaux chez Unibail-Rodamco, nous a confié, lors d’un entretien début 2016, avoir été « étonné » du rejet de 2014. Il estimait qu’il s’agissait d’un vote purement technique qui ne constituait qu’une étape après que la Ville ait accepté le projet du groupe en 2010 et ait déjà validé plusieurs des premières étapes.

Six mois plus tard, en juillet 2014, le vote est rejoué à l’initiative – elle aussi controversée – de la maire de Paris Anne Hidalgo. De nombreux députés de droite, issus des partis UMP et UDI, changent de camps. Certains s’expriment publiquement en expliquant que le nouveau projet, nommé « Triangle 2 », répond cette fois à leurs attentes, alors que le consensus est assez large pour dire que les changements qui ont été apportés sont minimes (ce sera d’ailleurs confirmé par Vincent Jean-Pierre lors de notre entretien). De manière générale, le vote étant à bulletin secret, les raisons de ce revirement de position restent peu claires. Par exemple, Yves Contassot, Président de la liste Europe Écologie Les Verts (EELV) au Conseil de Paris, déclare que le vote de Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI et membre du Conseil de Paris, a été échangé par le PS contre la présidence de l’agglomération du Grand Paris.

Le débat politique, s’il était nécessaire, est donc jugé par beaucoup brouillon et manquant de constructivité, et ce quel que soit l’avis sur le projet en lui-même. En particulier, il est retenu l’acharnement dans la lutte presque personnelle entre les leaders des deux groupes du Conseil de Paris : Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet, lutte qui a fait passer le débat sur les faits au second plan, et les changements d’opinions, qui laissent penser à des marchandages.

Crédit photo (c) Miss Lilou

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