Une consultation a eu lieu dès 2008, date de la première évocation du projet. Les opposants, partis politiques et associations, critiquent la manière dont celle-ci est tenue. Pour les les verts, il s’agit d’un « projet pré-ficelé » et d’une « consultation bidon ». Pour l’ASEV, ou SOS Paris, la consultation aurait eu un sens si elle avait eu lieu avant que le projet soit finalisé.
De manière générale, les études faites sur les expérimentations urbaines de démocratie locale sont partagées. Elles sont bénéfiques puisqu’elles récoltent l’avis des usagers, qui possèdent par conséquent un type de savoir particulier. Mais elles s’apparentent parfois à des simulacres légitimant, ou sont un moyen de contourner les associations. Plus couramment, elles sont cacophoniques ou non suivies d’actions. Toujours est-il que Bertrand Delanoë, maire de Paris en 2008, est considéré comme un pionnier dans ce domaine puisque c’est lui qui a introduit la pratique à Paris.
En 2007, mairie de Paris a commandé un rapport détaillé intitulé « formes urbaines et hauteur à Paris ». Il a été rédigé par un panel d’une quinzaine de citoyens assistés d’experts. Il concluait sur la nécessité de conserver les formes intra-muros, mais incitait l’usage de la hauteur le long du périphérique, pour densifier la ville. En outre, il insistait sur la nécessaire mixité et la présence d’espaces verts. Pour les auteurs, des constructions ambitieuses en bordure de Paris pourraient améliorer le lien avec le reste de l’agglomération et renforcer l’idée du Grand Paris.
L’entreprise Unibail-Rodamco explique que le projet est né de la convergence d’intérêts entre la mairie de Paris et Viparis. La première avait identifié une poignée de sites parisiens le long du périphérique qui seraient potentiellement apte à recevoir la hauteur. La seconde, filiale à 50% d’Unibail et de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Paris, souhaitait moderniser le Parc des Expositions, vieillissant.
Nathalie Koscuizco-Morizet, tête de file de l’opposition au Conseil de Paris et de l’opposition à la Tour Triangle parle de « soumission au grand capital ». Le parti écologiste EELV estime qu’il s’agit d’une « privatisation de l’aménagement urbain ». Monts 14 et SOS Paris expliquent que les raisonnements qui ont aboutis au projets sont uniquement financiers, donc ne vont pas dans le sens de l’intérêt publique.
Des consultations ont lieu tout au long des procédures d’instruction. Les enquêtes prennent la forme d’un bureau ouvert pendant plusieurs jours dans lequel n’importe qui peut venir s’informer sur le projet et formuler des remarques. Durant la consultation de 2012 relative à la révision du PLU, le commissaire enquêteur comptabilise 300 remarques et un intérêt modéré. Dans celle de 2015, il note cette fois le « peu d’intérêt ». En parcourant les comptes-rendus détaillés, on s’aperçoit qu’une grande partie des intervenants sont des associatifs. Ces rapports sont commandés par la Mairie. Néanmoins, Philippe Goujon, conseiller UMP et maire du XVème arrondissement de Paris, s’est opposé au projet justement parce que il estimait que les remarques n’étaient pas assez prises en compte. Certains qualifient le comportement de la Mairie de Paris, Anne Hidalgo, d’« autoritarisme éclairé ».
En parallèle des consultations, des campagnes d’informations sont organisées. Elles sont souvent jugées insuffisantes. SOS Paris a expliqué durant l’entretien que nous avons pu avoir que les réunions ne servent qu’à exposer un projet et non pas à discuter, que les gens y sont pris « pour des idiots », notamment parce qu’on leur montre des vues aériennes d’un quartier qu’ils vont vivre depuis le sol, et que par conséquent, l’ambiance au cours de ces rassemblements est très mauvaise et que des insultes fusent. De plus, Monts 14 regrette que les habitants d’Issy, commune adjacente au Parc des Expositions, ne soient pas impliqués. Unibail-Rodamco a reçu les associations à plusieurs reprises, mais notre interlocuteur, Vincent Jean-Pierre, bien qu’il dise que les remarques sont prises en compte, n’est pas capable d’en citer et explique que la plupart ne sont pas constructives : elles se résument parfois à une opposition inconditionnelle à la hauteur.
Le désaccord ne réside donc pas uniquement sur les modalités de prise en compte de la parole publique, mais aussi sur sa légitimité du public à entraver les choix d’un acteur économique qui respecte le cadre imposé par la mairie.
Crédit photo (c) Jeunes Parisiens de Paris