Philippe Goujon, conseiller municipal UMP-LR, vantait en 2011 l’apport de 5 000 emplois pour la durée du chantier et l’apport de 500 millions d’euros d’investissement. Il a depuis changé son positionnement sur le projet, mais ces chiffres sont toujours d’actualités et sont mis en avant pas Anne Hidalgo, en particulier, comme elle l’a rappelé le 1er Juillet 2015, au lendemain du vote qui a validé le projet Triangle 2: « Environ 5 000 salariés travailleront sur place et des milliers d’emplois seront créés de manière directe et indirecte par les travaux ».
Ces chiffres sont également utilisés par le promoteur Unibail à travers le site internet dédié à Triangle 2. On y voit rappelé le chiffre de 500 millions d’euros investis – d’origine entièrement privée -, celui de 5 000 emplois prévus pendant le chantier et celui de 5 000 postes de collaborateurs qui devraient à terme voir le jour dans les bureaux de Triangle 2. Le site internet ajoute également que de nombreux emplois indirects seront générés pendant la période de travaux et pendant l’exploitation de la Tour Triangle 2 (services de proximité, restauration, commerces aux abords,…).
En plus de cet apport net en emplois, le projet apportera 39 millions d’euros de recettes fiscales pour les collectivités la première année et entre 2 et 8 millions d’euros de redevances annuelles (selon les performances locatives) pendant les 80 années que dure le bail.
Pour le MEDEF, en mai 2014, la Tour permettrait bien l’émergence d’un pôle économique fort Porte de Versailles et créerait un dynamisme important pour le quartier. La tour Triangle a aussi pour vocation de “dynamiser” le Parc des expositions, dans le 15e arrondissement, où doit être implanté le gratte-ciel. Outre des bureaux, une crèche, une maison de santé et un espace culturel seront hébergés dans la Tour. 1 600 mètres carrés de commerce, un atrium, un belvédère ainsi qu’un restaurant panoramique sont également au programme.
Un autre argument qui découle de ceux déjà cités est qu’en apportant 5 000 postes de travail, Triangle permettra à Paris de renforcer sa place dans la compétition internationale qui peut exister pour accueillir des sièges sociaux. Surtout, ces bureaux offriront des conditions de travail inégalées aux salariés. La modernité et la modularité des espaces répondront aux besoins en lieux de travail dont Paris a cruellement besoin, selon les promoteurs. Les constructions haussmanniennes n’offrent pas la flexibilité nécessaire aux nouveaux modes de travail. “Les grands investisseurs comme les startup de la nouvelle économie veulent des espaces qui ressemblent au XXIe siècle”. Triangle permettrait donc des retombées non-négligeables pour l’économie parisienne et métropolitaine. L’activité économique induite par ce projet bénéficiera donc à l’économie francilienne et à l’emploi, mais sera aussi source d’importantes recettes fiscales pour les collectivités territoriales.
L’adjoint au maire de Paris chargé de l’urbanisme, de l’architecture, des projets du Grand Paris, du développement économique et de l’attractivité, Jean-Louis Missika, affirme au journal Le Monde en 2014 que l’attractivité future de la Tour Triangle s’étend bien au-delà de la seule vie du quartier : « La tour Triangle peut être un signal aux investisseurs étrangers, et aux architectes internationaux. Si l’on refuse toute possibilité de faire des gestes architecturaux, le Grand Paris sera affecté ».
Pourtant, malgré l’importance des investissements présentés, certains ne semblent toujours pas convaincus.
Michel Riottot, président d’Environnement 92, exprimait dès 2008, c’est-à-dire dès les prémices du projet, le fait que les tours ne sont pas une réponse aux problèmes économiques.
Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, l’argument est tout autre. Elle dénonce une ambition revue à la baisse. ”Au départ, le projet incluait une pépinière d’entreprises, un centre des congrès, un hôtel. La tour Triangle s’insérait dans le projet plus vaste de rénovation du Parc des expositions. Il ne s’agissait pas de faire des bureaux en blanc ! » déclare-t-elle à Paris dans une interview donnée aux Echos en 2014. (depuis, le projet Triangle 2, négocié entre novembre 2014 et juin 215, inclut de nouveau un hôtel de 120 chambres).
Mais les opposants du projet estiment qu’un facteur n’a pas été pris en compte par les décideurs politiques : le coût qu’il en ressortira pour la mairie de Paris. Le Collectif contre la Tour Triangle estime ainsi que la redevance mentionnée plus haut, entre 2 et 8 millions d’euros, est dérisoire quand on sait que les recettes prévisionnelles peuvent aller jusqu’à 50 M€.
Bertrand Sauzay, président de l’ADAHPE, a également attiré notre attention lors d’un entretien réalisé en Mars 2016, sur le coût que cela représentera pour les contribuables dans 80ans. En effet, la Tour reviendra aux mains de la collectivité. Or, au bout de 80 années, la Tour nécessitera d’être réaménagée, voire démantelée. Ces travaux, nécessaires et importants, représenteront alors un coût élevé pour la Mairie qui devra, pour régler ses factures, faire appel aux contribuables. Confronté à cet argument, Vincent Jean-Pierre, d’Unibail-Rodamco, a expliqué que le bail contenait une clause de maintien en état.
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