Utilisation de la Tour

Unibail, dès août 2009, a pointé la nécessité d’un renouveau dans le quartier, disant que « ce projet va permettre de repenser l’ensemble du quartier en animant la rue Ernest-Renan, qui est actuellement une artère sans vie ». La Tour Triangle, contrairement aux reproches fréquemment faits à la Tour Montparnasse quant à l’effet sur la vie de quartier, viendrait donc animer la rue plutôt que d’y éteindre toute activité. La Mairie de Paris avait soutenu cette vision et ajouté que cette tour accompagnerait la politique de la ville en matière de production de logements (bien qu’il n’y ait pas de logements dans la Tour Triangle) en permettant de développer un grand projet, bien plus large, visant à la construction d’environ 178 000 m² sur cette opération, dont 50% de logements sociaux de divers types (classe moyenne, étudiants, travailleurs, etc.), ce qui participerait donc de manière direct et efficace à de la mixité sociale, sans oublier les équipements publics et économiques, divers services dont la ville prévoit d’entourer la Tour Triangle (crèche, école, gymnase). Bertrand Julien-Laferrière avait ajouté que la Tour Triangle était positive pour le quartier notamment en déportant notamment une partie des nuisances liées à l’activité logistique sur la rue de la Porte d’Issy.

Mais, comme dit plus tôt, la Tour Triangle ne comportera pas de logements… Mais plutôt des bureaux. Des bureaux, locaux construits au sein de la Tour Triangle, et fréquemment critiqués, Unibail a expliqué que les bureaux disponibles à Paris sont dispersés, en mauvais état et ne disposent pas de l’aspect « premium » qu’aura la Tour Triangle, ce qui est vivement susceptible d’attirer de grandes entreprises. L’hôtel construit, quant à lui, permettrait d’accueillir les visiteurs du Parc des Expositions, et les locaux vides de la Tour Triangle seraient donc adéquats, et posséderait une réelle utilité.

Mais pour les opposants de la Tour Triangle, la construction de nouveaux bureaux, alors que Paris regorge de locaux vides, est un non-sens. Notamment pour Olivier Rigaud, coordinateur du collectif contre la Tour Triangle, élu à la marie du 15ème, sous l’étiquette Les Républicains dans l’équipe de Philippe Goujon. Lors de notre entretien, en mars dernier, il a comptabilisé 4 millions de m² de bureaux vides à Paris, 6 millions de m² dans la grande couronne, et il ne voit donc pas l’utilité d’en construire, de nouveau, dans la Tour Triangle. D’autant plus que les entreprises qui décident d’occuper des locaux à Paris ont une préférence pour les immeubles haussmanniens (pour donner une certaine image de marque à leurs sociétés), ou la Défense qui est le Manhattan français. Selon lui, il s’agirait donc d’un contre-sens et même plus, d’une bulle spéculative qui risquerait d’éclater. Olivier Rigaud reproche aussi aux loyers de la tour d’être bien trop chers, donc un grand risque pour qu’ils demeurent vides, sans locataires.

La Tour Triangle apporterait donc des locaux inutiles, mais aurait aussi un impact négatif sur le logement. En effet, le journal l’Express, dans un article citant de nombreux experts, avait d’ailleurs pointé en 2014 le prix du m² dans le quartier (8000 euros) et donc la possibilité de se loger dans le quartier, qui deviendrait de plus en plus difficile, des effets sur les prix du loyers, conséquences de la construction de la Tour Triangle. EELV avait ajouté, en juillet 2015, que cette Tour était socialement inutile et de nombreux journalistes avaient alors affirmé, qu’à la même période que la construction de cette tour, on construisait bien peu de logements sociaux, qu’il y aurait une véritable pénurie de logements sociaux, et il était donc fortement reproché, encore une fois, de construire de nouveau des bureaux.

De même, Olivier Rigaud avait aussi pointé « l’inutilité » de l’hôtel construit, dans la Tour : les gens assistant aux expositions préféreraient, de toute manière, rester au centre de Paris plutôt que dans un hôtel « ostracisé ».

Vient maintenant le problème du transport. Qui dit Tour, qui dit locaux, dit employés et trafique. Dès avril 2012, le Commissaire-Enquêteur chargé d’une enquête publique sur la Tour Triangle avait montré une certaine inquiétude sur les transports dans le quartier et donc pointé la nécessité d’une réflexion globale sur l’aménagement du quartier, en matière de transports. Le Parisien, en avril 2013, a confirmé ces craintes en pointant une possible saturation des transports, sachant qu’il y a déjà saturation sur les lignes 8, 12, T2 et T3, ainsi que la RD7. Sans oublier les expositions qui, selon Olivier Rigaud, seraient aussi susceptibles de bloquer la circulation lors de la mise en place ou du démantèlement, ce qui pourrait retarder les employés des entreprises occupant les locaux, il pourrait donc finir par y avoir une véritable saturation des transports à terme.

Enfin, il y a le problème de l’isolement. Depuis sa construction, il est fréquemment reproché à la Tour Montparnasse d’être isolée, seule, et les mêmes reproches sont faits à la Tour Triangle : le Collectif contre la Tour Triangle en 2014 a dit des tours qu’elles faisaient disparaître toute vie autour d’elles, toute vie de quartier notamment, et que cela serait aussi le cas de la Tour Triangle. Le journal Le Monde, en décembre de la même année, a spécifié que son tristement isolement aurait pu être pallié en la construisant à la Défense, bien que ce ne fut pas le cas.

 
Crédit photo (c) tour-triangle.com

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