En 2013 sur Europe 1, Anne Hidalgo déclarait qu’elle voulait « continuer à densifier la ville grâce à la construction d’immeubles de grande hauteur ». L’architecte et urbaniste Serge Salat explique qu’en termes d’infrastructures routières, de transports ou de réseau de distribution d’eau potable, « la facture énergétique est divisée par trois lorsque la densité de population est multiplié d’autant ».
D’autre part, le projet de tour Triangle présente l’avantage de libérer près de 10 000 m² d’espaces verts, de créer une continuité entre Paris et la banlieue et de conférer une vraie couleur architecturale à la porte de Versailles.
Pourtant, le renforcement de l’aspect écologique de la Tour par sa densité divise. Premièrement, certains estiment que la densité est nuisible pour la qualité de vie voire pour la santé. C’est l’idée que soutient l’association SOS Paris depuis les débuts du projet Triangle. La hauteur est effectivement problématique pour les riverains : la présidente de l’association, Christine Nedelec, affirme en 2012 que « cela représente 5000 personnes qui vont débarquer alors qu’aucune solution de transport n’est prévue. Le quartier va perdre de son attractivité parce que dans 10 ans, la tour sera beaucoup moins magnifique qu’au début. » D’autre part, la densité est ressentie comme une gène pour la communication entre les personnes et pour le vivre-ensemble : une ville horizontale est au premier abord plus accueillante, plus “accessible” qu’une ville verticale. Les bâtiments de grandes hauteurs bloquent les perspectives et forment des coupures dans la ville.
D’autre part, il n’est pas non plus certain que la Tour Triangle amène effectivement de la densité. Il est répondu à Mme Hidalgo que les immeubles haussmanniens offrent une densité quasiment inégalée parmi les grandes métropoles, même parmi celles ayant fait le choix de la verticalité. Benoît Hartmann, le porte-parole de France Nature Environnement, réfute l’argument d’une plus grande densité des quartiers de tours ainsi : « Construire avec des tours, c’est construire moins dense que la ville hausmanienne car pour faire de la densité , il ne faut justement pas faire des tours, c’est anti-intuitif mais c’est la réalité ». Il s’explique : « Si on fait une tour, on stérilise de l’espace autour, car sinon ce serait invivable, il faut laisser des espaces vides autour des tours, on appelle ça des délaissés urbains, car il y a l’ombre portée de la tour, le problème des vis-à-vis ». Son argument se vérifie par le calcul : Paris est quatre fois plus dense que New York, et aussi dense que Tokyo ou Séoul.
Finalement, ce sont à la fois l’objectif de la densité et la densité en elle-même qui sont questionnés, selon les points de vue des énonciateurs.
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