Quels effets sur la pollution ?

contro-pieto/ juin 5, 2017/ Pollution


Cet article a pour but d’exposer les différentes questions autour de la pollution que produit la piétonnisation de la rive droite. Cela peut se voir au travers de Cela peut se voir au travers de l’impact sanitaire et environnemental mais aussi quel est le véritable impact de ce projet sur la pollution ?

La fermeture des voies sur berges est une mesure forte contre la pollution. En effet, la Mairie de Paris inscrit sa décision dans un axe sanitaire. La lutte contre la pollution permettrait aux habitants de la capitale une meilleure qualité de vie : réduction des maladies liées à la pollution et réduction de la mortalité prématurée. Il est alors nécessaire d’analyser les impacts sanitaires de la piétonnisation des berges rive droite sur la ville, tout en s’interrogeant sur la réalité de ces derniers.

Quels impacts sanitaire et environnemental sur la ville ?

La volonté environnementale et sanitaire de la Mairie de Paris produit des impacts dans la ville, notamment sur la qualité de l’air et le bruit. Le but de la mesure était notamment de réduire le taux de pollution dans la ville et d’avoir une meilleure qualité de l’air. En effet, ces deux éléments provoquent chaque année 42 000 morts prématurées en France selon la Mairie de Paris[1]. L’enjeu pour la ville de Paris était donc important.

Cependant, les premiers rapports publiés montrent que la pollution ne diminue pas, et que le niveau de bruit a augmenté à certaines heures. Le report de circulation ne fait que se déplacer la pollution plutôt que la réduire. Ainsi, Airparif observe que la concentration en Azote augmente de 3% entre septembre 2016 et février 2017[2]. Cette hausse doit toutefois prendre en compte les conditions météorologiques qui sont parfois défavorables à la dispersion des polluants. L’IAU montrait aussi en octobre 2016 qu’une réduction de la vitesse augmentait les émissions de produits polluants[3]. Le report de circulation amène donc à une hausse de la pollution, ce qui va à l’encontre de la volonté de la Mairie de Paris.

Cette fermeture des voies sur berges cause aussi une hausse du bruit. L’organisme BruitParif constate une hausse du bruit en journée comme la nuit, allant de 0,7 à 3,4 dB selon les axes[4]. La hausse du bruit provoque des nuisances pour les habitants des quartiers concernés, ainsi que pour les commerces. Cela entraine donc des conséquences économiques sur la ville de Paris.

Aujourd’hui, les rapports observent une baisse progressive du niveau de pollution. La Mairie de Paris parle depuis septembre 2015 d’une baisse de 25% du niveau de pollution sur les quais hauts, les quais bas rive droite et le Boulevard Saint-Germain[5]. Même si cette baisse peut sembler être un résultat probant, cela montre que la fermeture d’un seul axe 

« ne suffit pas à baisser significativement la pollution » selon un membre du groupe LR au Conseil de Paris.

Cela laisse néanmoins penser que la pollution pourrait encore baisser avec l’adaptation des automobilistes à la fermeture de l’axe. De même, Anne Hidalgo s’est engagée à prendre des mesures pour réduire le bruit. Cela permettrait aux bâtiments d’être notamment mieux insonorisés, mais la Maire est restée floue quant aux mesures précises qu’elle mettra en place.

Les premiers impacts de la piétonnisation des berges rive droite allaient donc à l’opposé des souhaits de la ville. Les derniers résultats montrent toutefois que les comportements commencent à changer, permettant à la pollution de diminuer et à la Mairie de Paris de prendre des décisions pour le bruit.

[1] Mairie de Paris (2017), ZCR, vignettes Crit’Air… Comment Paris lutte contre la pollution de l’air, Paris. Consulté le 2 juin 2017. Disponible sur : http://www.paris.fr/stoppollution

[2] AirParif (2017), Suivi de l’évolution de la qualité de l’air après fermeture des voies sur berges rive droite – En 2015 – Rapport intermédiaire , Paris, 47 p. Consulté le 12 avril 2017. Disponible sur : https://www.airparif.asso.fr/…/Rapport_intermediaire_VoiesS…

[3] Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile de France (2016), Comité régional de suivi et d’évaluation des impacts de la piétonisation des voies sur berge rive droite à Paris – 1er rapport d’étape, Paris, 30 p. Consulté le 12 avril 2017. Disponible sur : https://www.iau-idf.fr/…/Rapport_IAU_Comite_Berges_-_10_oct…

[4] Bruit Parif (2016), Dispositif de suivi de l’environnement sonore suite à la fermeture de la voie sur berge rive droite à Paris. Résultats des mesures effectuées sur les quais hauts, Paris, 51 p. Consulté le 12 avril 2017. Disponible sur : https://vsb.bruitparif.fr/…/Rapport%20de%20mesure%20Bruitpa…

[5] Mairie de Paris (2017), Moins de véhicules et moins de pollution depuis la piétonnisation de la rive droite, Paris. Consulté le 2 juin 2017. Disponible sur : http://www.paris.fr/…/pollution-de-l-air-en-baisse-de-25-de…

 

Un véritable impact ?

Ce changement progressif des résultats nous amène à nous questionner sur le véritable impact sanitaire et environnemental de la mesure.

Les rapports des premiers mois étant peu concluants, les détracteurs de la piétonnisation des berges rive droite se sont emparés des résultats pour la critiquer. Ainsi, des associations d’automobilistes et des élus de droite ont assuré un report de la pollution plutôt qu’une diminution de celle-ci. La piétonnisation apparaissait donc comme inefficace du point de vue environnemental et sanitaire. Ces acteurs ont aussi clamé un manque d’alternatives. En effet, les alternatives auraient permis aux automobilistes de se replier sur d’autres moyens de transports. Le report de circulation (et donc de pollution) aurait alors été minimisé.

Mais les changements graduels de comportements entraînent une reconsidération de cette inefficacité. L’impact progressif de la mesure sur les comportements affirme la « théorie de l’évaporation » (ndlr : nom donné par les médias) développée par Frédéric Héran. Selon le chercheur, l’évaporation du trafic n’est pas une théorie mais une « réalité ». Cette dernière consiste à dire qu’une réduction de la voirie entraine une évaporation du nombre de voitures. En effet, de nombreuses personnes renoncent à se déplacer en voiture, utilisent les transports en commun ou se déplacent d’une distance moindre. Un membre du groupe LR au Conseil de Paris nous a ainsi dit que cette théorie était plutôt celle de « la résignation » car tous les axes de report ne peuvent être mesurés. Selon cette personne, cette théorie est aussi celle de « l’adaptation ». Malgré cette différence d’appellation, les chiffres montrent que la circulation commence à se réduire. Le nombre de voitures diminuant, la pollution émise se réduit elle aussi et les résultats vont dans le sens voulu par la Mairie de Paris. La piétonnisation des berges rive droite impacte donc réellement la qualité sanitaire de la capitale.

Selon la Mairie de Paris, cet impact est bénéfique pour les générations futures. Celles-ci auront accès à une ville moins polluée. Les maladies liées à la pollution les toucheront donc moins, et ces générations seront moins victimes de morts prématurées dues à la pollution de l’air. De même, si la Mairie de Paris tient ses engagements pour la réduction du bruit dans les bâtiments, elles vivront dans des lieux plus calmes. La réduction du bruit et de la pollution n’est donc pas qu’un enjeu actuel, mais c’est aussi un enjeu futur qui doit être pris en compte.

Si la piétonnisation de la voie Georges Pompidou permet une réduction de la pollution dans la ville, il ne faut pas oublier qu’elle s’inscrit dans une politique beaucoup plus large. En effet, la Mairie de Paris adopte une politique de mise en avant des modes de déplacements doux tels que le vélo ou la marche. Plusieurs places de la capitale ont donc été réaménagées pour leur laisser plus de place et réduire celle de la voiture. Nous pouvons ici penser à la place de la Nation, où le rond-point est passé de 8 à 4 voies. La fermeture des berges rive droite s’inscrit donc dans une politique à l’échelle de la ville entière. Cette dernière vise à redonner plus de place aux piétons et cyclistes, ainsi qu’à réduire significativement la pollution pour une meilleure qualité de vie. Les aménagements prévus pour la ville vont donc dans le même sens que la piétonnisation des berges rive droite ; et cela impacte le niveau de pollution dans la capitale. Il faut néanmoins prendre en compte le temps d’adaptation des automobilistes, qui doivent trouver de nouvelles solutions.