Quelle sera l'influence de l'ouverture du marché sur la qualité des infrastructures et, par là, du service?
Physiquement, cet équilibre doit être assuré. Ce qui est injecté dans le système, dans le réseau de transport, doit être égal à la quantité qui en est sous-tirée. Le réseau est un système complexe qui doit trouver un point d'équilibre stable. Cet équilibre est fortement perturbé en cas de non-correspondance de la production et de la consommation. Par exemple, l'évolution non prévue de la consommation peut entraîner une chute de tension locale, qui par cascade, peut rapidement conduire à un black-out.
Ainsi cet équilibre est fondamental (Ces considérations sont inspirées de la thèse de LU Wei, Institut Polytechnique de Grenoble, Juillet 2009, Le délestage optimal pour la prévention des grandes pannes d'électricité dont les considérations semblent avoir de l'influence auprès des organismes techniques de l'électricité comme RTE).
La question prend son sens dans la mesure où la multiplicité des producteurs implique une bonne coordination entre eux pour couvrir la demande de consommation afin d'éviter un déséquilibre.
Un autre risque est la désynchronisation entre les différents centres de production. Une production déphasée déstabilise en effet le réseau (Lu WEI).
C'est parce que le risque de déséquilibre est réel qu'à été, dans le cadre de l‘ouverture à la concurrence, décidé la création de RTE comme une entité à part, indépendante dans ces décisions d'EDF. Le gouvernement français a donc choisi, par la loi portant sur la création de RTE, de donner une garantie à l'équilibre du réseau. Cette loi stipule que « Le gestionnaire du réseau public de transport assure à tout instant l'équilibre des flux d'électricité sur le réseau » (Loi de février 2000, art. 15). Ceci indique la réalité de la difficulté du maintien de l'équilibre dans un environnement désormais concurrentiel.
Un autre point est l'entretien du réseau. Dans un débat initié à l'Assemblée nationale par le député Vert Yves Cochet, celui-ci évoque l'avenir du réseau électrique français et de toute la filière. Il lance ce débat suite aux intempéries de l'hiver 2009-2010 qui, en entrainant des surconsommations, auraient pu être la cause d'un black- out de grande ampleur. Dans la suite du débat, il pointera le rôle de l'ouverture à la concurrence dans la situation peu satisfaisante de l'état actuel du réseau. Tout comme on peut le voir dans ce document des Secrétaires Nationaux du Parti Socialiste aux entreprises et aux services publics, est critiquée le fait de privatiser les activités rentables en laissant publics les investissements à réaliser. En quelques mots, un argument commun entre ces deux formations sur le réseau électrique est le suivant : la concurrence n'incite pas EDF à satisfaire à ses missions de service public.
Cette question revient à se demander si la création d'un marché concurrentiel européen de l'électricité est techniquement faisable. En effet, la puissance qui peut être transférée d'un pays à l'autre est limitée par la capacité de ces infrastructures. Et une concurrence complète passerait, dans les vues de l'ERGEG et du CEER, par la mise en concurrence des grands producteurs nationaux, et pas seulement des producteurs-fournisseurs avec les autres fournisseurs du même pays.
Aujourd'hui, le nombre et la capacité de ces interconnexions est limité, et trop restreint. Cette opinion est en tout cas celle énoncée par le représentant d'EDF rencontré. L'opinion affichée des autres grands producteurs européens est sur ce point la même. Estiment-ils tous pouvoir augmenter ainsi leur balance commerciale ?