Quelles sont les limitations et les conséquences de l'ouverture à la concurrence du marché de l'électricité dans le domaine du nucléaire?
La production française d'électricité est, selon EDF, aujourd'hui dominé à 80% par le nucléaire. Si nous ne pouvons pas accepter plusieurs opérateurs nucléaires, introduire de la concurrence dans la production électrique devient problématique.
Une des caractéristiques des centrales nucléaires est le montant presque colossal de l'investissement initial. De plus, le temps de retour sur cet investissement est très long (40 ans environ). Avec ces deux remarques, les opérateurs nucléaires sont nécessairement des sociétés ou entités de grande taille avec une vision à long terme. D'autant que le démantèlement des centrales en fin de cycle est à prévoir ainsi que la gestion des déchets radioactifs qui peuvent avoir une très longue durée de vie. Le nucléaire doit ainsi résulter d'un choix de la part du réglementateur et de l'opinion public.
Dans le cas d'un monopole régulé, un seul opérateur gère toutes les centrales ce qui permet de profiter d'effet d'échelle. La dixième centrale est, en effet, plus facile et moins coûteux à construire et à exploiter que la première. L'opérateur accumule alors une expérience et un savoir-faire plus rapidement que par la concurrence. Il est également plus rassurant pour l'opignion publique de savoir que le même opérateur est à l'initiative de toutes les centrales.
A l'opposé, la mise en concurrence permet fixer les prix au plus juste pour le consommateur. Ces prix reflètent alors la confrontation entre les offres des opérateurs et la demande des fournisseurs. La concurrence induit aussi une certaine stimulation pour faire baisser les prix à la baisse et ainsi conquérir des parts de marchés ou simplement se maintenir.
Dans le monde et plus particulièrement dans les pays de tradition libéral, La production d'électricité est en concurrence. Par exemple, au Royaume-Uni, British Energy, British Nuclear Fuel Limited et United Kingdom Atomic Energy Authority sont concurrents directs, cela ne semble pas poser de problème pour les populations.
Le nucléaire se diffère par rapport aux autres sources d'énergie par l'ampleur d'une catastrophe. Réduire toujours plus les coûts est-il raisonnable?
0 Sous la pression, nous pouvons effectivement craindre que les exploitants cessent d'améliorer ou même de maintenir le niveau de sécurité actuel. Les améliorations ne seraient entreprise que sous l'influence de la réglementation et des contrôles. A contrario, d'après une agence pour l'energie nuléaire(Source), on peut imaginer que par peur que cette situation arrive, les autorités de contrôles pourraient resserrer leurs contrôles et accroitre leurs exigences sur les systèmes de sécurité.
Dans le monde et au États-Unis, les centrales nucléaires ont toujours été en concurrence entres-elles et avec les autres centrales tels que le gaz. Cette compétition a été un moteur pour accroitre les performances: rationalisation des opérations de chargement et de déchargement du combustible, augmentation de la durée des cycle d'irradiation par accroissement du taux de combustion, baisse de l'indisponibilité fortuite, enfin, accroissement de la puissance des unités par réduction des incertitudes de mesure ou amélioration des groupes turbo-alternateurs. Des gains économiques ont aussi été réalisé grâce à une meilleur organisation du parc dans son ensemble. Ce mode de fonctionnement ne semble pas poser de problème de sécurité, les exploitants maintiennent le niveaux de sécurité pour ne pas prendre le risque de se voir menacer d'un retrait de permis d'exploitation.
Le coût d'un kWh à la sortie d'une centrale nucléaire fait l'objet d'un débat particulièrement actif dans les milieux écologiques, industrielles et politiques. Les deux premiers tiennent une position assez tranché quoique opposé sur le nucléaire. En tenant compte des différents avis, et en essayant d'être objectif, nous pouvons distinguer plusieurs grands postes de dépenses pour pouvoir exploiter une centrale nucléaire :
Il y a d'abord le coût dû à la construction de la centrale. Ce coût est bien plus élevé que pour une centrale thermique. En effet, la technologie employée et les normes de construction beaucoup plus sévères imposent un surcoût conséquent. Il faut tabler sur 1 700€ par kW installé pour le nucléaire, à comparer avec les 500€ par kW pour une centrale gaz. Toutefois, cet investissement doit être réalisé qu'une seule fois pendant toute la durée de vie d'une centrale nucléaire (40 ans environ).
Il y a ensuite le coût lié à l'exploitation proprement dit de la centrale. Ce coût est relativement bas car la filière du nucléaire dépend des prix de l'uranium, qui est à la fois moins élevé et moins volatile que le prix du baril de pétrole. Le coût d'exploitation d'une centrale nucléaire et respectivement thermique représente ainsi 20% et 60% du prix du kWh final.
Après avoir exploité de l'uranium comme matière première, l'opérateur nucléaire doit traiter les déchets radioactifs résultants. Le principal problème est que les certains déchets sont à longue durée de vie (plusieurs dizaine de milliers années). Évaluer le cout d'un stockage sur une aussi longue période devient alors extrêmement délicat et néanmoins nécessaire pour pouvoir estimer le prix d'un kWh. Pour donner un ordre de grandeur, d'après Greenpeace et WWF, ce coût dépasserait les 20 milliards d'euro (Source) pour l'ensemble des déchets Français depuis le début de l'exploitation nucléaire.
Le démantèlement de la centrale est également à prévoir. Jusqu'à présent, quelques installations ont été démantelées dans le monde. Ce qui rend l'estimation une fois de plus difficile, d'autant que le démantèlement lui-même peut évoluer selon les exigences réglementaires, le prix des métaux, les accidents ou surprises. Au Royaume-Uni, le démantèlement du réacteur de Windscale d'une puissance de 32 MW a coûté 117 millions d'euros. D'après EDF, le parc électro-nucléaire français représente actuellement 58 réacteurs pour une puissance totale de 63.4GW, soit près de 2000 fois plus!
Enfin, le risque d'un accident est prendre en compte comme facteur de coût. En effet, même si un accident est peu probable avec toute la sécurité mise en place en France, l'opérateur nucléaire pourrait décider de recourir à une assurance pour se couvrir financièrement du risque d'accident. L'association « sortir du nucléaire » dénonce ici le fait que en cas d'accident, c'est l'État Français à la place de l'opérateur nucléaire qui serait mis à contribution. Ainsi, le risque d'un accident n'est pas remporté dans le prix du kWh nucléaire, ce qui constitue un avantage concurrentiel anormal par rapport aux autres sources.
En tenant en compte tous ces éléments, le prix du kWh nucléaire revient, selon EDF, à 5,5 centime d'euro. Pour le CEA(respectivement l'Institute for Energy Research, centre de recherche basé à Washington), ce prix serait 3 centime (resp. 11 centimes).
D'après la commission Champsaur, le prix de l'électricité produite par le nucléaire est estimé le plus faible de toutes les autres sources. Par comparaison, le coût d'un kWh gaz coûte 4 centime selon Greenpeace. D'après la question précédente, l'hypothèse de la commission Champsaur est discutable et discuté.
Le parc nucléaire français relativement âgé est considérer par la commission comme bien amorti. EDF pourrait donc vendre son électricité à très bas prix sans faire de perte. Cela limite alors la concurrence possible dans la production en base (production sollicité tout le long de l'année). Si un autre opérateur veut concurrencer EDF, il doit d'abord construire des centrales nucléaires et ensuite attendre d'amortir le parc pour pouvoir finalement atteindre les prix de l'opérateur.
En plus, comme l'a souligné le programmation pluriannuelle des investissements de production électrique (PPI), le parc de production en base n'a pas vocation à être renouvelé massivement à court terme et ne se développera qu'à la marge.
Le rapport de la commission Champsaur(Source) prévoit deux solutions pour préserver une libéralisation des prix: Le parc nucléaire français serait en situation de monopole régulé.
En conclusion, le fait que la France possède une production électrique essentiellement nucléaire pose certes des problèmes pour la libéralisation du marché de l'électricité mais ne sont pas insurmontables.