Dans le contexte actuel de difficultés sociales importantes pour les familles françaises, je pense que l’heure n’est pas, quelles qu’en soient les conditions, à augmenter le prix d’accès à un service public.
Bruno Julliard, membre du PS et adjoint au maire de Paris
...du cas Dauphine
Fondée le premier janvier 1971, Dauphine un "grand établissement" au même titre que Sciences-Po, ce qui lui donne l'autonomie nécessaire pour modifier ses droits d'inscription ce que les universités ne peuvent pas faire, leurs frais de scolarité étant fixés au niveau national. C'est dans ce genre d'établissement que s'observent les conséquences et enjeux de la hausse des droits d'inscription.
En février 2010, suite à un conseil administratif, Dauphine alors présidée par Laurent Batsch publie un communiqué de presse annoncant sa décision de hausser ses frais d'inscription :
"Dauphine entend porter la valeur et la notoriété de ses diplômes au meilleur niveau international. A cette fin, elle doit diversifier ses ressources financières. Le coût de la qualité impose d’ajouter aux ressources publiques, l’apport des entreprises, les dons des mécènes, et la contribution des étudiants. Et l’évolution des droits d’inscription fait suite au lancement de la Fondation Dauphine."
C'est l'annonce de réformes comparables à celles prises par Sciences-Po en 2003, Dauphine veut augmenter ses ressources augmentant les droits d'inscription pour rendre l'établissement international. Concrètement, l'université annonce de faire passer le prix du master de 226€ (prix du master à l'échelle nationale) à un prix progressif variant de 1500€ à 4000€ selon les ressources des étudiants, cela représente 4 millions de ressources supplémentaires par an. Face à une telle augmentation, l'UNEF et le SNESUP, les principaux syndicats étudiants et de professeurs se révoltent : cela accroiterait les inégalités entre les étudiants pour faire de Dauphine un "ghetto pour riches". Cependant là encore, suivant l'exemple de Sciences-Po, Dauphine se défend de créer la moindre injustice en avancant que les boursier sont exonérés de frais et que les frais sont progressifs. L'établissement étant assez indépendant, les syndicats ont un pouvoir limité. Il avaient pourtant empêché Dauphine d'augmenter le prix de ses diplômes en 2008. A l'époque, l'établissement evisageait de changer la qualification de "diplômes d'état" de ses diplômes (soumis à un prix fixé par l'état) en "diplômes de grands établissements" (diplômes dont les "grands établissements" peuvent fixer le tarif). Mais le conseil d'état avait alors tranché qu'un tel tour de passe passe n'était pas possible si le diplôme ne changeait pas substantiellement.
Quoi qu'il en soit, on peut observer que le modèle de Sciences-Po fait des émules. S'il n'est pas imitable par les universités lambda qui ne disposent pas d'une autonomie suffisante pour modifier leurs droits d'inscription, les grands établissements peuvent vouloir se lancer sur ses traces dans l'objectif d'atteindre une renommée et une visibilité internationale.
Sources :