Conséquences sanitaires et NIMBY

(Not in my backyard)

Le grand public reconnaît l’urgence sanitaire que représente une épidémie de dengue [31]. La nécessité de la lutte est admise, c’est de sa réalisation que naît la controverse. L’éducation des populations, longtemps privilégiée aux États-Unis par exemple a eu pour conséquence la réduction du nombre d’infections. Les efforts préconisés sont simples, et applicables par tous [3] : éviter les zones d’eau stagnante, installer des moustiquaires sur les portes et les fenêtres ou se couvrir la peau en permanence.

Certains éléments demeurent toutefois compliqués à maîtriser. Une personne atteinte de la dengue en Floride fait d’ailleurs remarquer que des réflexes sont encore inexistants, en particuliers pour ce qui est de l’assainissement de flaques d’eau stagnante, ignorées par la plupart des habitants d’un même quartier quand la coopération est indispensable pour espérer réduire les risques de piqûre [2].

A l’inverse, en Malaisie, l’absence d’installations sanitaires efficaces ne contribue pas à la lutte contre la maladie. Plutôt que d’investir dans une solution, dont le coût réel est difficile à évaluer, comme l’admet volontiers Oxitec, les infrastructures pourraient constituer un investissement plus efficace que les moustiques [10]. L’investissement dans une technologie d’éradication de moustiques, ne peut être qu’un complément à ces prérequis sanitaires, selon le chercheur Christophe Böete [19].

Toujours-est-il que les tests, nécessaires au développement d’une technologie efficace, doivent être acceptés par les populations locales avant que cette dernière ne soit implantée. L’opposition américaine souligne que cet accord n’est pas acquis par Oxitec, qui n’avait rencontré aucun obstacle en Malaisie ou au Brésil.

moustique1bisMila de Mier, agent immobilier de profession, a pris le problème de la protection des intérêts des habitants des Keys (Floride) à bras le corps, déposant une pétition, signée par presque 130,000 personnes en date du 4 mai 2014 pour l’arrêt des tests d’Oxitec dans les Keys.

Complètement absents de la controverse jusqu’ici, les habitants des Keys reconnaissent la nécessité des tests grandeur nature [31], et le problème de la dengue, mais refusent de s’exposer aux expériences. Ils soulignent qu’aucun résultat n’a été publié à propos des conséquences d’une piqûre par un de ces moustiques sur l’homme, et refusent d’être les cobayes de la technologie [23].

Les questions soulevées par les habitants sont légitimement portées sur les conséquences locales de la technologie. Les risques qu’ils sont prêts à prendre sont beaucoup moins élevé qu’Oxitec ou les organismes publics locaux, pour qui le gain sanitaire entre en compte dans la décision ; les riverains revendiquent la précaution pour leur santé et leur zone d’habitation [31].

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