L’ impact réel du moustique : est-il uniquement nuisible ?

Le moustique – ou Culicidae – est un insecte volant ; il en existe de nombreuses espèces mais toutes ne piquent pas l’homme. L’espèce étudiée par Oxitec est le moustique Aedes Aegypti, dont les piqûres sur l’homme et le caractère de vecteur du virus de la dengue sont aujourd’hui des enjeux sanitaires importants [3].

Avec la technologie RIDL proposée par Oxitec, les populations de moustique Aedes Aegypti sont considérées uniquement du point de vue de leur interaction avec la dengue. Cette méthode ne se soucie en effet pas des répercussions d’une diminution de la population du moustique dans d’autres domaines que celui de la lutte contre le virus, où cette diminution est bénéfique [12]. Pourtant, il est légitime de ce demander quels sont les autres domaines où cette espèce compte, et quelles pourraient être les conséquences de l’application de cette méthode de lutte contre la maladie, dans ces domaines respectifs.

La portée même du moustique est modifiée. D’une espèce prenant place dans un écosystème, il est devenu un produit technologique à portée sanitaire, un outil, dont le seul but est de servir la lutte contre une maladie, ce qui le dépossède de sa dimension d’être vivant.

L’entreprise Oxitec, qui commercialise les moustiques génétiquement modifiés dans son programme de lutte anti-vectorielle, est partie du constat que ces insectes présentent uniquement un aspect négatif. Ceux-ci sont d’ailleurs souvent qualifiés, avec d’autres insectes volants ou rampants, de « nuisibles » à cause du désagrément causé à l’homme. Il est d’ailleurs important de noter que seules les femelles piquent, et qu’Oxitec ne libère que des moustiques mâles.

Néanmoins, ces moustiques prennent part à l’écosystème dont ils font partie, ne serait-ce que dans la chaîne alimentaire où ils se placent tant en tant que proie que prédateur [7]. Certaines associations à portée écologique déplorent d’ailleurs qu’aucune étude concernant ces aspects n’ait été menée par Oxitec dans le cadre de ses essais aux îles Caïmans, en 2007.

En effet, les moustiques occupent une part importante dans plusieurs mécanismes naturels tels que la pollinisation des plantes, et représentent même un indicateurs biologique de bon fonctionnement de certains écosystèmes [12]. Par exemple, si le fait que leur population explose après de fortes pluies représente un désagrément pour l’être humain, cela indique cependant que le milieu dans lequel ils évoluent est en bonne santé, et l’absence des moustiques aurait tendance à inquiéter les biologistes à ce sujet.

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