La solution contre la dengue, présenté par Oxitec sur son site internet, repose sur la modification génétique de moustiques, qui combattront la dengue une fois relâchés dans la nature. Ces moustiques deviennent un élément d’un programme sanitaire, et ne sont alors plus uniquement des espèces vivantes présentes dans l’écosystème [33].
Ce n’est cependant pas la première utilisation d’organismes vivants pour la santé ; certains vaccins reposent en effet sur l’introduction, à objectif préventif, de virus affaiblis dans l’organisme du patient, afin de préparer son système immunitaire à une présence ultérieure du même virus, non affaibli.
Il existe néanmoins une différence avec les lâchers de moustiques : ces virus affaiblis sont annihilés par le système immunitaire, et sont donc détruits, alors que des moustiques relâchés dans la nature ne peuvent pas être localisés facilement [25], malgré les efforts d’Oxitec, qui a marqué les insectes grâce à un gène qui les rend fluorescents [6].
La dimension géographique est un élément important de la controverse : le questionnement sur le rôle du moustique, inexistant en Malaisie et au Brésil, n’est apparu qu’aux États-Unis.
Faut-il alors revoir la définition même d’un produit de santé pour y inclure ces moustiques modifiés, ou est-il à l’inverse nécessaire de marquer une différence fondamentale entre cette technologie et les produits de santé usuels ?
Les moustiques, vecteurs de transmission de la maladie, sont considérés de manières différentes par les acteurs, et doivent trouver leur place dans un débat dont ils sont le sujet principal. Les modifications génétiques qu’ils ont subies changent également la manière dont ils sont perçus, à cause du déficit d’image dont souffrent les technologies OGM. Face à elles, d’autres méthodes de lutte existent, ayant chacune leurs avantages et inconvénients, considérées par les organismes responsables de la lutte contre la dengue dans leur choix de technologie.