L’impossibilité de suivre les moustiques, et a fortiori de contrôler leur expansion géographique rend la lutte anti-vectorielle dépendante de la législation internationale. Le risque de voir des moustiques OGM, et donc le gène modifié traverser une frontière existe, et exige d’établir des accords entre les pays concernés [8, 24].
Le protocole de Carthagène, rédigé en 2000 et comptant aujourd’hui 164 pays signataires, pose le problème et propose une gestion internationale de la question de la biosécurité. Cependant, les problématiques nouvelles, engendrées par le développement de ce type d’OGM volants nécessitent une concertation permanente entre les états.
Le rôle de l’OMS aurait pu être celui de médiateur dans ces débats. Leur caractère mondial aurait pu justifier une intervention constante de l’organisme afin de clarifier les points sur lesquels Oxitec est taxé d’opacité et de se présenter comme véritable contre-poids à son expansion géographique accélérée, décriée même au sein de la communauté scientifique, comme le souligne le chercheur Christophe Boëte (entretien avec M. Christophe Boëte, directeur de recherche au CNRS, 27 mars 2014).
Le faible nombre d’études indépendantes, indispensables à la crédibilité d’un projet développé par une entreprise privée, est due à l’avance d’Oxitec dans son domaine, et est pointé du doigt par les opposant au programme de lutte anti-vectorielle, qui se revendiquent favorables à la recherche, tant que cette dernière est sans dangers pour les populations locales [31].
Les organismes de régulations mêmes ayant été pris de court par la vitesse d’Oxitec, l’autorisation de la technologie a souffert d’un flottement, notamment aux États-Unis, où la FDA a dans un premier temps refusé d’envisager le dossier, puisque les moustiques ne sont ni des aliments, ni des médicaments. Ces hésitations, couplées aux critiques contre Oxitec, ont contribué à alimenter la controverse, et surtout pointé du doigt les rouages d’un système de régulation qui continue à définir son rôle dans ce débat nouveau [16].
Sans être un frein à la recherche scientifique, la transparence imposée par les instituts publics, et le développement d’accords internationaux peuvent permettre de prendre en compte les intérêts des acteurs multiples, et de protéger l’image de la démarche scientifique auprès du grand public, comme le demandent de nombreux chercheurs, inquiets des conséquences de cette controverse sur la crédibilité de science auprès du public [8, 28].