Questionnement de la méthodologie

Oxitec a entrepris de développer et d’adapter une méthode de modification génétique en laboratoire. Les tests effectués aux Îles Caïmans (2007) ainsi que le lâcher effectué en Malaisie (2009), d’une ampleur bien plus importante, ont bien évidemment été approuvés par les autorités sur place, mais les enjeux de ces lâchers n’ont pas été clairement expliqués selon GeneWatch, une ONG britannique militant pour une transparence totale en matière de recherche OGM [1]. Le manque de transparence vis à vis des populations locales est un des principaux reproches faits à la firme Britannique, comme l’explique, entre autres, le chercheur Christophe Boëte (entretien avec M. Christophe Boëte, directeur de recherche au CNRS, 27 mars 2014).

Les législations de ces deux pays, relativement peu contraignantes en termes de régulation des OGM, ainsi que la proximité juridique des Îles Caïmans avec le Royaume-Uni dont est originaire Oxitec ont été à la source de critiques contre celle-ci, accusée de profiter de lacunes juridiques au détriment de la précaution et la responsabilité, indispensables pour des tests de cette ampleur sur une technologie OGM [14].

La principale accusation repose donc sur l’opacité de la méthode employée et le manque de communication sur les actions effectuées. Ces incertitudes sont soulignées par la communauté scientifique, qui reconnaît avoir été dépassée par l’ampleur des travaux d’Oxitec, à tel point que certains chercheurs ignorent encore, aujourd’hui, que des lâchers importants ont été effectués en open-field, court-circuitant l’étape semi-field, comme le chercheur Christophe Boëte nous l’a souligné au cours d’une interview (entretien avec M. Christophe Boëte, directeur de recherche au CNRS, 27 mars 2014).

Les responsables d’Oxitec ont cependant souligné, au cours d’un entretien qu’ils nous ont accordé (entretien avec M. Hadyn Parry, directeur général d’Oxitec, 30 avril 2014), que la communication, auprès des populations et de la communauté scientifique, ont toujours été gérées par le client, c’est à dire par les organismes publics qui choisissent le programme anti-vectoriel de l’entreprise, et non par eux-mêmes. Ainsi, la différence de communication et de transparence, imputée à Oxitec par ses détracteurs, ne semble pas faire partie d’une stratégie spéciale de relations publiques.

La forme n’est pas le seul élément sur lequel Oxitec est attaqué. Certains rapports brésiliens, communiqués par l’entreprise elle-même, font également état de données non anticipées avant les lâchers. Ainsi, il apparaît que la présence naturelle de tétracycline (molécule qui inhibe l’effet du gène modifié et permet la survie de la larve de moustique) dans l’environnement, et la compétitivité sexuelle amoindrie des moustiques transgéniques ont nécessité des lâchers plus volumineux que prévus, et porté atteinte à la crédibilité de la méthode scientifique [16].

survey 2 copie 2L’étude menée par Michaël Cobb (Université de Caroline du Nord) en janvier 2013 auprès des habitants de l’archipel des Keys montre une certaine réserve vis à vis de la science et de sa capacité à régler le problème de la dengue.

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