Economistes
Comment est-ce que je vois mon rôle ?
Je suis expert dans les sciences économiques. Mon rôle, surtout en cette période de crise économique et financière, est d’étudier toutes les pratiques actuelles sur les places boursières et de conseiller au mieux pour les prises de décision à travers mes travaux. Ces décisions peuvent être prises au niveau national, européen voire mondiale. Je rédige donc pour cela des « papers », des études ou participe à des conférences pour exposer les grands principes de mes travaux. J’ai évidemment une position neutre par rapport à toute pratique telle que le HFT puisque mon but est de comprendre objectivement les mécanismes économiques régissant nos systèmes. Je n’hésite pourtant pas à pointer du doigt ce qui est efficace et ce qui ne l’est pas.
Réponses à quelques questions selon mon point de vue:
Quelle est l’influence du HFT sur le marché en terme de volatilité, de liquidité de part la rapidité et le volume des échanges ?
La question de la liquidité est primordiale et cela est expliqué dans le paragraphe abordants la liquidité, elle a toujours été apportée par la spéculation. Il est donc certain qu’il y a eu une influence sur la spéculation par la création d’acteurs avec des intérêts différents mais, comme l’affirme Me Catherine Lubochinsky, Professeur de Finance à l’Université Paris II – Assas, « on peut commencer à s’interroger sur ces pratiques quand on voit que plus de 90% des transactions ne sont pas effectuées : les ordres sont annulés avant. Lorsque l’on reçoit 100 ordres d’achat, le prix va monter et l’on annule avant : c’est de la manipulation de cours ». Il faut donc relativiser l’apport de liquidité par le High Frequency trading puisque selon elle, les traders haute fréquence se concentre plus sur le profit personnel que sur la stabilité des marchés financiers.
Que gagne-t-on à développer le HFT ? Quel est l’intérêt de ces transactions HF ?
- Contribution au PIB, même si ce sont principalement « des machines que l’on fait travailler ».
- Rôle de la spéculation.
- Sur les marchés au comptant: les gains des uns correspondent aux pertes des autres, mais avec une répartition disparate dans le temps entre agents économiques, c’est pratiquement impossible à chiffrer.
- Dans le cadre des marchés dérivés, c’est plus facile à voir car si l’on considère que les marchés sont totalement efficients et qu’il n’a pas d’information privilégiée, on a alors une chance sur deux de gagner. On cherche toujours à cerner une persistance dans les performances du HFT. On s’aperçoit qu’il n’y a pas de persistance dans les performances des Hedge Funds.
- Les investisseurs individuels sont très peu nombreux, ils passent par d’autres produits. Les transactions ont lieu dans les trois minutes, alors que d’autres jouent à la nano-seconde. Le HFT est plutôt de la manipulation d’information et il n’a pas été prouvé que son utilité est indispensable.
Y-a-t-il un besoin de régulation?
Il est clair que le HFT se doit de trouver des limites et des frontières précises, on ne peut laisser des algorithmes avoir un impact nuisant sur les marchés financiers au profit d’une poignée d’investisseurs. La performance technologique devient centrale au point que NYSE-Euronext n’hésite pas à louer des emplacements près de la bourse pour que les gens qui le souhaitent y implantent des serveurs. Tout est alors déconnecté « de la réalité d’économique ». « Quand l’on compare à la durée nécessaire à la prise de décision d’un investissement physique, on se rend compte qu’il y a un problème. Désormais, le grand jeu dans le HFT, pour être le plus rapide pour exécuter un ordre, on envoie un paquet d’ordre sur les concurrents, que l’on va bien évidemment annuler car on ne souhaite pas faire la transaction, ce qui va ralentir leurs ordinateur : au lieu de mettre un nanoseconde, on en mettra deux… Cela n’a plus aucun sens économique. »
Il s’avère que, globalement, du point de vue de l’économiste, les certitudes sont rares. Les études sont de plus en plus nombreuses et c’est cet engouement actuel pour la recherche sur le HFT, qui nous a aussi poussé finalement, à approfondir ces quatre problématiques.