L’Energie hydroélectrique a connu un fort essor au cours du XXème siècle et représente une part non négligeable de la production mondiale d’électricité. Et c’est au premier abord un choix évident, pourquoi se passerait-on d’une Energie qui semble propre, est renouvelable et demande très peu d’entretien ?
Cet avis sur les barrages est toutefois en train d’évoluer, le public y est encore très peu familiarisé mais la question du démantèlement des barrages est de plus en plus présente sur la place publique. Que ce soit pour des raisons de vétusté, de rentabilité, d’écologie ou bien souvent les trois à la fois, l’utilité de nombreux barrages dans le monde et en France est remise en question.
C’est notamment le cas des barrages de la Sélune. Le gouvernement, depuis Chantal Jouanno en 2009, a décidé que ces ouvrages, âgés de trois quarts de siècle, devaient être démantelés dans un avenir proche. Les raisons de cette volonté d’arasement sont développées dans ce site, mais s’y trouvent aussi les oppositions, principalement des locaux, au projet actuel.
En effet une véritable controverse s’est constituée suite à cette décision de Mme Jouanno, car en plus du fait que le démantèlement en est à ces premiers balbutiements, particulièrement en France, le cas des barrages de la Sélune est une première mondiale de par ses particularités.
Nous allons maintenant tâcher de vous faire explorer les différents aspects de cette controverse.
Il faut tout d’abord dire que la décision d’arasement a été prise par le gouvernement suite à des demandes de différentes ONG dont le but est la défense de l’environnement en général ou des saumons en particulier. Leurs détracteurs leur opposent le fait que depuis trois-quarts de siècle que les barrages existent une toute nouvelle faune c’est installée, composée de grands carnassiers et de silures. Le problème de la biodiversité est donc plus complexe qu’il n’y parait.
Un autre problème s’avère beaucoup plus complexe dès que l’on décide de s’y intéresser, c’est la pollution. Les barrages servent de filtre le long de la Sélune, puisqu’ils retiennent certaines formes de pollution comme les métaux lourds. L’eau est donc plus propre en aval ce qui est intéressant notamment pour la production d’eau potable et posera des problèmes à l’avenir en cas de démantèlement. Cependant ces sédiments pollués sont stockés et créent une pollution non négligeable au niveau du lac de retenue. Il semble donc nécessaire de les enlever afin d’éviter tout problème de santé publique pour les locaux. Toutefois, cette pollution stockée ne saurait être aléatoirement déversée en aval comme elle a pu l’être lors de la dernière vidange du lac de retenue en 1993, qui a laissé un souvenir douloureux à tous les locaux qui ont vu une pollution sans précédent se déverser dans la baie du Mont Saint Michel. C’est un des points qui inquiète le plus les opposants au démantèlement, comme le contexte de l’arasement est sans précédent à travers le monde, les travaux doivent être menées avec beaucoup de précautions. Notamment des études doivent être menées pour étudier les risques encourus. Et ils ont peur que les politiques n’agissent avec empressement pour de mauvaises raisons. La question des sédiments pollués est donc très complexe, leur traitement est un des principaux problèmes en particulier concernant le budget.
D’autres raisons les poussent cependant à défendre ce barrage, par exemple la production d’électricité qui est utile à toute la région selon eux, mais qui ne produit pas assez pour compenser les dégâts sur la nature selon les pro-arasements. Ceux qui défendent la conservation de ces structures proposent (pour certains comme les amis du barrage) de nouvelles solutions devant permettre de mettre en place une nouvelle utilisation et production de l’énergie.
Parmi les autres sujets à controverses se trouvent l’utilité des réserves d’eau dans le contexte géologique de la région qui n’est pas propice à l’existence de nappes phréatiques, une réserve d’eau comme celle du lac de retenue ne semble pas être négligeable.
Les conséquences directes et indirectes sur l’emploi sont aussi sujettes à controverse, par exemple combien d’emplois vont disparaître et combien vont apparaitre. Le facteur humain rentre en compte par un autre aspect de la question éludé par les protagonistes qui est l’attachement, évidemment subjectif, que les habitants ont pour le barrage à côté duquel ils ont vécu toute leur vie.
Quelques soient les décisions prises à l’avenir elles devront prendre en compte ces différents points et arriver à convaincre les locaux qui sont les premiers concernés, et dont surtout, l’entière collaboration au projet est indispensable à sa réussite.