Pour les tirs chargés
- Le secteur ovin et les défenseurs du pastoralisme s’expriment majoritairement en faveur d’un assouplissement des autorisations des tirs chargés, voire de leur totale légalisation.
- Selon eux, les sérieux dommages économiques causés à la profession par le loup doivent se solder par une solution radicale, la mort du coupable.
- Bernard Bruno, berger dans les Alpes maritimes s’exclame ainsi : « faut en tuer quelques-uns pour que ça change. On peut plus rien faire. Tout le monde s’en fout quoi ! » ( source : émission radio « CO2 mon amour » du 17/11/12). Quant à José Bové, il affirme : « Si le loup est une menace pour l’élevage en plein air (extensif), ça me parait indispensable d’avoir des tirs permettant de neutraliser les animaux responsables ».
- Toutes les solutions préventives non violentes avancées compliquent grandement le travail des bergers qui, de plus, contestent grandement leur efficacité. Par exemple, la main-d’œuvre est trop chère pour que les bergers puissent embaucher du personnel pour garder les troupeaux (source : « Faut-il abattre le loup pour protéger les troupeaux ? », Le Monde).
« Ne faudrait-il pas s’attaquer à la cause des prédations plutôt que d’investir des millions dans des systèmes de protection inefficaces, compliquant la vie de toute une profession ? » (Pierre Martin-Charpenel, président de l’association de soutien aux bergers « Le loup et les Indignés de l’Ubaye »).
- L’idée est que les tirs peuvent réapprendre au loup la peur de l’homme et ainsi le tenir à distance des troupeaux (Laurent Garde). Une des preuves avancées est que de nombreux pays où loup et pastoralisme coexistent le régulent de façon massive : 450 loups par an sont légalement tués en Roumanie, 400 en Espagne, 150 en Slovaquie, ce qui représente 10 à 20% de ces populations (Laurent Garde).
- Par ailleurs, devant ceux qui les accusent de vouloir éradiquer l’espèce, les soutiens du pastoralisme répondent qu’il y eu plus d’autorisation de tirs de prélèvement que de tirs effectivement réalisés (source http://www.pyrenees-pireneus.com).
- Dans tous les cas, l’autorisation des tirs a au moins le mérite de rassurer les bergers et de faire baisser la pression du côté du monde agricole (Farid Benhammou).
Contre les tirs chargés
- Les associations de protection du loup s’indignent massivement devant la flexibilité croissante des autorisations de tir. Les défenseurs du loup dénoncent l’inutilité de ces tirs dans le problème de la cohabitation entre loup et pastoralisme sinon une tentative masquée d’éradiquer l’espèce.
- Selon les défenseurs du loup, les tirs sont des actions politiques et démagogiques. Bertrand Sicard (vice-président de FERUS) qualifie les tirs de prélèvement de « tirs syndicaux » ou de « tirs politiques » car les chasseurs tirent alors au hasard dans la meute et les individus de la meute n’en comprennent pas la raison : l’effet sur la durée et nul, les loups ne sont pas éduqués.
- De plus, les rapports de force sont inégaux car les tirs sont autorisés plus ou moins facilement selon l’élu politique concerné. En conséquence, les loups abattus ne sont pas toujours les loups à abattre prioritairement (Farid Benhammou).
- Pour Benjamin Moriame, les tirs n’empêchent pas les loups de revenir. Selon lui, les tirs sont surtout une trahison vis-à-vis des partenaires européens : les moutons sont ainsi beaucoup plus faciles à élever.
- Les études scientifiques ont également mis en évidence des arguments défavorables aux tirs. En plus du fait que le loup a son rôle à jouer dans l’écosystème par la régulation des ongulés sauvages, l’exécution du tir n’est pas sans conséquence néfaste sur l’espèce. Tuer un individu majeur d’une meute risque de la désorganiser et d’augmenter le nombre d’attaques : les autres loups, moins indépendants, se rabattrons sur la prédation « facile » que constitue les troupeaux (source : « Faut-il abattre le loup pour protéger les troupeaux ? », Le Monde).
- Par ailleurs, les louves sont davantage sujettes à revenir sur les lieux de l’attaque d’où l’inquiétude de certains scientifiques : les tirs organisés suite aux attaques toucheront de nombreuses femelles et donc menaceront sérieusement la survie de l’espèce (cf étude de Jens Karlsson et Orjan Johansson).
- Il faut ajouter à cela que la crainte d’une surpopulation de loup n’est pas fondée car le loup s’autorégule : trop de loups font que le garde-manger diminue et la diminution du garde-manger fait baisser le nombre de loups dans la région concernée (source : site du gouvernement).
Des concessions mais sous certaines conditions
- S’il faut absolument autoriser les tirs, l’ASPAS insiste fortement sur le fait qu’ils ne doivent servir qu’à la protection en urgence de troupeaux bien déjà bien protégés, c’est-à-dire de troupeaux où des mesures préventives non violentes ont déjà été mises en place. Les tirs ne doivent pas non plus avoir lieu dans les zones où le loup commence à peine à s’installer (zone de colonisation) sinon cela revient à éradiquer l’espèce dans ces zones.
- Quant à l’association FERUS, elle affirme tolérer à l’extrême rigueur les tirs de défense non létaux.
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