Deux conceptions de la nature

Un bouleversement du pastoralisme

  • Depuis l’éradication du loup et jusqu’à sa réapparition en 1992, une nouvelle forme de pastoralisme s’est développée sans la contrainte du loup, basée sur le libre pâturage des bêtes. Le nombre de têtes par troupeau a également fortement augmenté, l’élevage est devenu intensif : un troupeau est aujourd’hui constitué de plusieurs centaines voire milliers de bêtes (Benjamin Moriame).
  • Le retour du loup bouleverse un ordre qui semblait alors «naturel», au point qu’il a été question d’instaurer des zones anti-loup dans les parcs nationaux. « On veut bien protéger la nature, mais l’animal ne doit pas nous déranger » (Geneviève Carbonne).

 

Nature « sauvage » versus nature « civilisée »

  • Deux conceptions de nature s’affrontent avec chacune sa vision de la biodiversité.
  • La nature « civilisée » (sans le loup) soutient le pastoralisme libre pour le bon entretien des alpages : « L’élevage en plein air est une condition indispensable du maintien des paysages ouverts et de l’aménagement du territoire » (José Bové).
  • La nature « sauvage » promeut un écosystème riche avec le loup au sommet de la chaîne alimentaire. La disparition du loup sur le territoire français a en effet fait oublier le rôle du prédateur dans l’écosystème. Une étude sérieuse réalisée en Pologne par S. Nowak et deux de ses collègues a montré que, même en présence de troupeaux, le loup reste un animal sauvage : le bétail représente de 1.5% à 5% de ses victimes et moins de 11% de son alimentation, la majorité de ses proies sont des ongulés sauvages. Les loups jouent donc un rôle pour stabiliser les populations d’ongulés et de cervidés. Au Parc de Yellow Stone (Etats-Unis), la réintroduction de loups a dispersé les ongulés ce qui a entrainé un reboisement des berges et ainsi le retour d’oiseaux et de castors (Farid Benhammou).
  • A la nature « sauvage » est reprochée l’hostilité aux activités humaines telles que l’élevage. A la nature « civilisée » est reprochée sa dérive vers le « surpâturage des alpages» nocif pour l’environnement et favorisant la transmission des maladies dans les troupeaux (Benjamin Moriame).
  • Est-il possible de concilier ces deux visions de la nature ?

 

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