Le jour où l'Etat me donne 10 000 fois ce qu’il donne à l’université, je supprime complètement les droit de scolarité : complètement.
Richard Descoings, ancien directeur de Science Po Paris
L’éducation par répartition, une injustice sociale ?
Une idée souvent apparue dans la controverse est celle de l'injustice sociale supposée du système actuel de financement de l'enseignement supérieur (ES), essentiellement fondée sur la répartition. En effet, l'impôt est payé par tous alors que l'ES bénéficie surtout aux plus aisés. C'est cet argument que reprend Eric Maurin:
« Financer une augmentation des moyens dévolus à l’université par l’impôt revient à faire payer, pour l’essentiel, des personnes qui n’ont pas voulu ou pas pu aller à l’université et obtenir un diplôme du supérieur. »
Eric Maurin, économiste et directeur de recherche à l’EHESS dans Universités : un autre financement est possible (13/11/2007)
C’est ici une critique d’une éducation par répartition qu’exprime M. Maurin. Si tout le monde paie les impôts, seule une partie de la population a accès à l’enseignement supérieur. Une éducation par répartition serait donc injuste. L’injustice serait en particulier sociale car ce sont les milieux favorisés qui profitent le plus de l’enseignement supérieur. Néanmoins, la question qui se pose est : peut-on restreindre les profits (au sens large) de l’ES aux seuls étudiants qui en bénéficient ? N’est-ce pas toute la société qui bénéficie d’un maitre d’école bien formé ou de hauts fonctionnaires instruits ? Néanmoins, peut-on nier qu’il existe également un fort bénéfice individuel à faire des études supérieures ?
Pour l'économiste Annie Vinokur, le problème ne vient pas du système par répartition mais de la fiscalité actuelle qui n'est pas assez progressive.
« Il n’y a d’effet pervers du financement public de l’ES que lorsque l’inégalité des revenus est forte et la fiscalité régressive. »
Annie Vinokur, La querelle des droits d’inscription. Quel financement pour sauver le service public à l’Université (Revue du Mauss)
On peut penser par exemple aux nombreuses niches fiscales qui existent actuellement dans notre pays (comme par exemple la demi-part fiscale qui est indirectement liée à notre sujet) pour tenter de comprendre l'argument avancée par Mme. Vinokur.
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