Une des particularités du débat exploré sur le site ci-présent est le grand nombre de familles qu’il concerne directement. S’il n’existe pas de statistiques officielles sur la réalité quantitative de l’homoparentalité, la possibilité d’effectuer des études statistiques sur le sujet dès la naissance des enfants étant limitée par la loi, on estime à plus de 20 000 le nombre d’enfants vivant avec deux parents de même sexe au sein de leur foyer [1]. Ce nombre avoisine les 200 000 lorsque l’on considère les enfants ayant connaissance de l’homosexualité de l’un de leurs parents [2].
De plus, si le mot « homoparentalité » est couramment utilisé depuis un temps limité (le mot ayant été introduit dans la littérature en 1997 par l’APGL elle-même, et étant à l’origine utilisé presque exclusivement par les militants), il recouvre une réalité très ancienne, ce que met en évidence la chronologie introductive, même si jusqu’à peu, le débat public se formulait plutôt autour de la question des rapports entre un enfant conçu dans un contexte hétéroparental et l’un de ses parents en couple homosexuel. Dès lors, il existe chez des couples homosexuels désireux de fonder une famille, une frustration de ne pas pouvoir se réaliser dans le cadre légal actuel : pas d’accès à l’adoption conjointe, et pas d’ouverture de l’assistance médicale à la procréation pour des couples de même sexe. Un cadre associatif s’est constitué depuis les années 80, en premier lieu pour parler à ces familles et les accompagner, mais aussi pour les représenter et faire entendre leur cause. Les principaux acteurs à cet égard sont l’APGL (Association des Parents Gays et Lesbiens, pour plus de renseignements voir http://www.apgl.fr/) et l’ADFH (Association Des Familles Homoparentales, pour plus de renseignements voir http://www.adfh.net/), deux organismes en relation étroite avec des institutions de recherche en sociologie et psychologie de l’enfant, qui veulent donc appuyer leurs arguments en faveur d’une reconnaissance élargie de l’homoparentalité sur des faits scientifiques et présenter ces résultats au grand public. Cette incarnation associative est la principale manière qu’ont les familles homoparentales, et les individus qui militent pour leur développement et leur reconnaissance publique, d’influer sur le débat politico-légal.
Sur une échelle de temps plus récente, depuis qu’a été ouvert le débat sur l’homoparentalité dans l’espace public, les revendications des associations de représentation des familles homoparentales font l’objet d’une attention accrue de la part du grand public et de la communauté scientifique. (Voir figure 1) Leur position est critiquée par de nombreux organismes qui en général préexistaient à cette controverse.
Figure 1 – Evolution annuelle des publications sur l’homoparentalité dans le monde et en France, d’après Gross, Martine : « Quand et comment l’homoparentalité est-elle devenue un objet « légitime » de recherche en sciences humaines et sociales ? ». Socio-Logos. 2007. Disponible sur : http://socio-logos.revues.org/803
1. http://www.ined.fr/fr/publications/pop_soc/bdd/publication/1175/
2. http://www.lexpress.fr/actualite/societe/homoparentalite-combien-d-enfants-concernes_1169652.html