Beaucoup de problématiques se trouve à la frontière entre psychologie et sociologie.
C’est le cas par exemple lorsque Xavier Lacroix, philosophe, pose la question de la filiation [1] : d’après lui l’hétéroparentalité est nécessaire pour la formation de l’identité sexuelle de l’enfant et la compréhension du principe de filiation. Dans cet argument, la coparentalité elle-même n’est pas satisfaisante (alors qu’elle comprend bien un modèle masculin et un modèle féminin dans l’éducation) à partir du moment où les parents doivent être hétérosexuels pour que l’enfant comprennent la filiation. C’est ici le modèle sociologique de la famille qui serait remis en question, mais aurait des conséquences psychologiques sur l’enfant.
Xavier Lacroix
De la même façon, certains affirment que ce n’est pas le principe de parents homosexuels qui est gênant en soi, mais plutôt que c’est l’instabilité de ces familles qui est la cause de perturbations chez les enfants, et non sa structure même [2]. Cet argument peut être utilisé dans les deux sens : des scientifiques considères que les couples homosexuels sont intrinsèquement moins stables que les couples hétérosexuels, et qu’ils présentent donc naturellement plus de risques pour l’enfant, tandis que d’autres y voient une conséquence des pressions de la société. En effet on ne peut négliger que la pression exercée par la société rend la stabilité des couples homosexuels plus difficile (on relève notamment le cas de nombreux homosexuels qui ont formé une famille hétérosexuelle à cause des pressions sociales exercées sur eux, et dont la famille a implosé…).
De plus, les personnes en faveur en viennet souvent à comparer famille homoparentale et famille monoparentale. En effet le reproche qui est souvent fait au modèle homoparental est l’absence d’un référent de chaque sexe (argument que nous développerons plus largement dans la section réservées aux études menées par des psychologues), mais la famille homoparentale présente selon cet argument un progrès indéniable en comparaison au cas des mères célibataires par exemple, avec un cadre familial plus riche. Dans le contexte actuel, l’enfant serait de plus globalement plus désiré par ses parents et aurait donc un environnement affectif très riche, et jouirait même d’une tolérance accrue du à son éducation particulière [3].
Il est de plus important de noter la différence qu’il existe entre parentalité et parenté : la parenté renvoie à des règles socialement construites tandis que le terme de parentalité réfère à l’ensemble des processus psychiatriques par lesquels on devient parent. Des changements dans la parenté (en l’occurrence l’acceptation de l’homoparentalité) n’impliquent pas nécessairement de changement dans la parentalité (6) et l’homoparentalité n’est donc pas nécessairement risquée dans le sens où le modèle familial et la psychologie ne sont pas forcément liés.
.
- Lacroix, Xavier. Homoparentalité , Études 9, 2003.
- Potter, Daniel. « Same sex parenting and children academic’s achievement », Journal of Marriage and Family, 2012.
-
Mailfert, Martha. « Homosexualité et parentalité », Socio-anthropologie [En ligne], 2002.