Les avancées technologiques atteignent aujourd’hui un tel niveau de perfectionnement qu’il est désormais possible d’envisager et d’avoir recours à un dopage mécanique. Depuis quelques années, la polémique concernant la présence de moteurs dissimulés dans les cadres se fait de plus en plus vive. En effet, certains coureurs ont affirmé que cette technologie était parfois utilisée à l’entraînement et certaines images (accélération de Cancellara dans Paris-Roubaix 2010 ou attaque de Froome dans le mont Ventoux en 2013) laissaient certains spécialistes dubitatifs. De tels changements de rythme à des moments si cruciaux de la course ont en effet laissé certains observateurs sidérés et perplexes d’autant qu’une autre image troublante est venue raviver la polémique : lors du Tour d’Espagne 2014, la roue du vélo de Hesjedal, a continué de tourner toute seule pendant plusieurs secondes après la chute du coureur canadien !
Le caractère inédit de cette polémique dans le cadre de notre controverse repose avant tout sur trois points:
- La manière dont on triche est ici radicalement différent de ce que l’on a pu observé auparavant. On ne met plus en jeu sa santé, cette méthode de dopage protège considérablement les coureurs.
- Cette méthode est détectable à l’œil par des faits de course (une main qui frôle anormalement des endroits inutilisés du guidon, des changements fréquents de vélo, des roues qui tournent toutes seules). De ce fait, nombreux sont les internautes qui se sont emparés de la polémique. Le nombre de reportage vidéos réalisés est ainsi bien plus conséquent que pour tout autre aspect de notre controverse: il n’est en effet pas nécessaire d’être spécialiste en médecine du sport pour pouvoir donner un avis pertinent et monter un reportage, il suffit à peine de quelques connaissances scientifiques. Là où les personnalités du cyclisme joue la prudence devant cette nouvelle forme de dopage, ne sachant pas concrètement qu’elle est l’ampleur de la tricherie, la toile se fait bien plus virulente à l’égard des accusés. C’est une autre manifestation de la défiance vis à vis des performances enregistrées ces dernières années par le public, comme évoqué dans l’article concernant l’équipe SKY.
La chute de Ryder Hesjedal:
Le numéro de Fabian Cancellara pendant Paris-Roubaix 2010:
Pour dissuader les éventuels tricheurs, l’UCI a donc décidé de mettre en place un contrôle rigoureux des vélos utilisés en course à l’aide de scanners ou de caméras spécifiques, principalement des caméras thermiques capables de détecter la chaleur émise par le fonctionnement du moteur. Ces contrôles sont extrêmement onéreux mais ont fini par porter leur fruit: le premier cas de dopage mécanique avéré a été dévoilé récemment : un moteur a été trouvé dans le cadre d’une cycliste belge lors d’un championnat de cyclocross. Certes, on est encore loin d’en être au premier cas de professionnel sur cyclisme sur route, mais la tendance est désormais là. Pire, ce reportage de France 2 datant d’avril 2016 laisse supposer qu’aujourd’hui, la présence de moteurs lors d’épreuve du circuit professionnel sur route serait devenue monnaie courante.
En outre selon certains experts comme le journaliste italien Ghisalbert, les moteurs dans les cadres seraient une technologie totalement dépassée. Il évoque l’existence de roues électromagnétiques qui permettraient de gagner 20 à 60 watts de puissance. De plus, le mécanisme serait dissimulé dans le profilage de la roue, il deviendrait donc inaccessible et indétectable. Finalement comme pour le dopage biologique, les tricheurs semblent toujours avoir une longueur d’avance vis à vis des contrôleurs. Cependant, le dopage mécanique franchit un palier supplémentaire dans la tricherie car contrairement au dopage biologique, il ne met plus en danger la santé des coureurs, peut produire un apport en puissance bien plus conséquent qu’un produit dopant mais nécessite cette fois ci une connivence d’une grande partie de l’équipe, et pour certaines méthodes, de moyens financiers très conséquents.
Sources :
http://www.cyclisme-dopage.com/actualite/2016-02-01-7sur7-be.htm
Stade 2, Moteur ca tourne, 17 avril 2016