Historique du dopage

Le dopage est un phénomène extrêmement ancien qui semble être naît avec les premières compétitions sportives. Cependant la professionnalisation progressive du sport a entraîné une importante sophistication du dopage. Le sport cycliste quoique relativement récent n’échappe pas à cette règle : le dopage archaïque du début du XXème siècle a maintenant laissé place a un dopage planifié, méticuleusement organisé par les équipes.

A la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle : le dopage dans le cyclisme visait notamment une dissipation de la douleur liée aux efforts très longs qui étaient fournis à l’époque (certaines étapes dépassaient les 300 km!). Le vin aromatisé aux feuilles de coca était relativement répandu au début du XXème siècle : a tel point que certains coureurs se retrouvaient ivres en course !

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On considère que le dopage s’est professionnalisé et sophistiqué à la fin des années 1950 avec l’arrivée de nouveaux produits plus efficaces : les sympathicomimétiques, hormones de croissance ou les corticoïdes. A l’époque le dopage n’était pas aussi tabou qu’aujourd’hui, et les contrôles antidopage n’existaient pas. Si bien que certains cyclistes ne se cachaient pas de gagner deux pointures de chaussure en une saison à cause des hormones de croissance ! Cependant ces produits dopants, n’étaient pas parfaitement adaptés aux sports d’endurance et donc au cyclisme car ils provoquent une prise de masse importante potentiellement nuisible pour les cyclistes.                           

Une deuxième vague de sophistication du dopage a lieu dans les années 1980 avec la mise en service de l’EPO, anabolisants, nouvelles hormones et produits masquants. Cette époque coïncide avec une amélioration sensible des performances qui deviennent de plus en plus impressionnantes. Certains coureurs non réputés bons grimpeurs comme Bjarne Riis ont connu une progression spectaculaire en quelques mois (Riis est passé de 95ème du tour de France en 1991 à 5ème en 1993, puis vainqueur en 1996 alors qu’avant 1993, il n’avait jamais été à l’aise en montagne) . Ces métamorphoses sont aujourd’hui imputées notamment à la prise massive d’EPO.

 

Il faut cependant attendre 1989 et la loi Bambuck pour que les pouvoirs publics décident d’entamer une lutte d’envergure contre le dopage en instaurant des sanctions sévères à l’encontre des tricheurs. Les contrôles antidopage deviennent de plus en plus réguliers et de nombreux scandales vont alors éclater dans la décennie qui suit dont le plus célèbre : l’affaire Festina en 1998. Cette affaire a été déclenchée peu avant le début du tour de France 1998, lorsque le soigneur de l’équipe Festina : W.Voet, fut arrêté avec 500 doses de produits dopants dans son véhicule. Devant ces preuves de dopage organisé accablantes, les organisateurs du tour ont décidé d’exclure toute l’équipe de la compétition. Les aveux de certains membres de l’équipe vont alors commencer, mais d’autres comme Richard Virenque ont continué de clamer leur innocence.

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Dessin d’Olivero

A partir de cette date, les contrôleurs ne vont plus lâcher Virenque et c’est finalement en 2000, qu’il avoue s’être dopé chez Festina. Ces aveux aussi douloureux que tardifs, vont jeter un profond discrédit sur les coureurs, catalogués désormais comme tricheurs. Depuis cette affaire, la suspicion de dopage dans le cyclisme ne fait que croître et semble se confirmer d’année en année avec les nombreux contrôles positifs et/ou les aveux de grands champions : Bjarne Riis (vainqueur du tour de France en 1996 et aveux en 2007), Armstrong (vainqueur du tour de 1999 à 2005 et aveux en 2013) …

Ce sentiment de suspicion demeure omniprésent aujourd’hui jusqu’à parfois se transformer en une sorte de lynchage médiatique comme on a pu l’observer lors de la victoire de Christopher Froome en 2015 sur le tour de France.

Lors de l’avènement de Froome, on a parlé, sans aucune preuve, de nouvelles molécules servant de succédanés à l’EPO. Beaucoup de produits sont aujourd’hui indétectables, les voleurs ont toujours une longueur d’avance sur les gendarmes.

Pierre Ballester, Libération 15 Juillet 2015

Se pose alors la question des produits utilisés aujourd’hui. En effet, de nouveaux produits tel AICAR, permettant la perte de masse graisseuse, apparaissent comme les produits dopants dernier cri car indétectables et ayant des résultats spectaculaires. La technique des micro dosages semble également être utilisée. Elle consisterait à s’injecter de l’EPO et autres produits prohibés en doses suffisamment faibles pour que les données physiologiques des coureurs demeurent « normales en apparence » tout en augmentant sensiblement les performances des coureurs.

Aujourd’hui, il paraît juste de dire, que l’histoire du cyclisme est étroitement liée à celle du dopage : en effet, on recense actuellement près de 1000 coureurs professionnels qui ont été impliqués dans des affaires de dopage.

Sources :

http://www.medecine.unige.ch/enseignement/apprentissage/module4/immersion/archives/2007_2008/travaux/08_r_dopage.pdf

http://arthur73.chez-alice.fr/temoigna.html#ikuu

Dictionnaire du dopage, Jean Pierre de Mondenard