Les pressions du milieu : des cyclistes poussés à la performance ?

Il semble que les sponsors et le public soient parmi les acteurs les plus importants de notre controverse. De prime abord les sponsors paraissent agir par le biais de la pression qu’ils imposeraient aux cyclistes. En effet, le sponsor veut mettre en lumière sa marque et dans le monde du cyclisme ceci s’opère par les performances de l’équipe sponsorisée. Par exemple, le fait qu’un coureur parte seul en échappée promet une grande visibilité au sponsor car les médias sont bien plus orientés sur ce coureur que sur ceux restés dans le peloton. Ainsi, le sponsor pourrait avoir une volonté de performance toujours accrue sur son équipe. Il exercerait une pression sur les cyclistes de l’équipe afin qu’ils soient de plus en plus performants et comme on peut bien se l’imaginer cela peut conduire à tout type de dérives dont le dopage en est l’une des principales.

Cependant, d’après Frédéric Grappe, directeur sportif à la FDJ, le sponsor n’a pas toujours une recherche de la performance à tout prix. C’est le cas dans son équipe, où selon lui, les coureurs sont régulièrement suivis par une sorte de passeport regroupant leurs performances. Ceci leur permet de savoir quel coureur serait dit « en forme » et prévenir certains phénomènes suspects. Ce n’est bien sûr pas le cas dans chaque équipe : Oleg Tinkov, sulfureux milliardaire russe propriétaire de l’équipe de cyclisme éponyme est ainsi bien plus connu pour ses sorties remarquées et son bingérence régulière dans le bon fonctionnement de son équipe. Parfois, on assiste même à des scènes cocasses: Richard Virenque était figure de proue de la très controversée Festina en 1998. On pourrait imaginer, à l’instar de la Raboank qui s’est retirée en 2012 suite à un énième scandale de dopage, que la marque ne souhaiterait plus avoir son nom relié au monde cycliste. La publicité ci contre date pourtant de 2013. Ce comportement varie finalement fortement d’un sponsor à l’autre. Il reste difficile de réellement évaluer la pression que peuvent subir les sportifs.

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Source: sportbuzzbusiness.fr

 

 

Oleg Tinkov
          Oleg Tinkov Photo: Breakthrough Media

Il est nécessaire de parler d’un autre type de pression que peut ressentir le cycliste : celle émanant du public. En effet, le cycliste présenté comme un grand espoir du vélo français par les médias sera très attendu par le public lors d’un événement tel que le Tour de France qui reste très populaire. Ceci peut rajouter une grande pression à un coureur, d’autant plus si ce coureur est jeune. D’autre part, il peut subir une pression faisant suite à des soupçons de dopage. Ce fut le cas d’Armstrong qui était certes dopé mais dont le nom était rattaché à l’EPO pour beaucoup de personnes. Ceci était clairement visible par l’intermédiaire des cris du public contre sa personne ou encore via les écritures sur la route. Le rôle des médias est alors déterminant. Si un coureur est soupçonné de dopage par certains journalistes, l’image qu’il reflète au public en sera profondément ternie et il subira la volonté de certains de lui faire quitter le Tour. Cependant comme peut le dire Jean Paul Olivier, le cycliste se doit d’être capable de supporter la pression émanant du public.

               Le directeur sportif joue également un rôle conséquent dans cet aspect. Il peut exiger des résultats d’un coureur en décidant de le nommer leader de son équipe ou tout simplement en lui demandant de se montrer durant la course. C’est lui qui définit la conduite de course et l’aspect stratégique et joue ainsi beaucoup sur l’aspect mental. De plus, il est souvent lui-même ancien coureur, ayant parfois trempé dans les plus sombres affaires de dopage de l’histoire du cyclisme. Le risque que ce dernier influence ses coureurs est alors très grand, des anciens coureurs tels Bjarne Riis ou Alexandre Vinokourov ayant parfois une image de véritable mentor dans leur équipe.

Vinokourov
Alexandre Vinokourov aux JO de Londres           Photo: AFP

               Pour finir, les organisateurs peuvent avoir un rôle très important à jouer. En effet, ils peuvent demander aux directeurs sportifs de dynamiter un peu la course en envoyant certains coureurs en échappée afin de rendre l’événement attrayant. Cette pression sur les directeurs sportifs est retransmise aux cyclistes par leur intermédiaire. Cette volonté est explicable par la présence de sponsors de l’événement qui ont envie d’avoir accès à la plus grande visibilité possible et ceci passe par une augmentation du nombre de spectateurs et de personnes intéressées par la course. D’autre part, la volonté des organisateurs de ne pas entacher l’événement par des affaires de dopage peut ajouter une pression aux cyclistes en augmentant le nombre de contrôles par exemple.

Le coureur cycliste est donc en quelque sorte soumis à une pression permanente pouvant provenir des sponsors pour l’aspect financier, du public et des directeurs sportifs dans l’attente de résultats mais également de l’organisation afin d’afficher une certaine transparence et rendre l’événement le plus attrayant possible.

Source:

http://www.tdg.ch/economie/entreprises/retour-gonfle-festina-virenque-tour-france/story/26581876

http://www.lequipe.fr/Cyclisme-sur-route/Actualites/Bjarn-riis-n-est-plus-le-manager-de-tinkoff-saxo/547016

http://www.eurosport.fr/cyclisme/retrait-rabobank-l-uci-comprend-le-contexte_sto3462827/story.shtml

http://www.lequipe.fr/Cyclisme-sur-route/Actualites/L-uci-veut-entendre-vinokourov/486053

https://ladiplomatiedinfluence.wordpress.com/tag/tour-de-france/