Médecins du sport, Personnel chargé de la performance

Type d’acteur : Médecins du sport, Personnel chargé de la performance

Activités, missions :

  • Préparation physique des sportifs = conditionnement de la performance
    • Récupération des sportifs (conseil de compléments alimentaire, préparation physique)
    • Gestion des blessures (médicament administrés, opérations…)
    • Parfois même administration des doses de produits dopants (ce qui peut être leur seule fonction !)

Personne contactée en particulier : Frédéric Grappe

Implication dans la controverse :

  • Administration de produits jouant sur la performance

Chronologie de son implication :

  • 1998-2008 : Conseiller Scientifique pour la Fédération Française de Cyclisme
  • 2000-aujourd’hui : Directeur de la performance au sein de l’équipe professionnelle française FDJ

Résumé de son implication :

Monsieur Grappe est depuis de nombreuses années chargé de la performance dans l’équipe de Cyclisme de la FDJ. De ce fait, il est particulièrement bien placé pour nous parler de l’évaluation de la performance de ses propres coureurs, la manière dont il gère leur entraînement et leur progression. De plus, il a été pendant 10 ans conseiller scientifique de la fédération française de cyclisme. Il pourra donc apporter une expertise scientifique indéniable à notre controverse, bien que potentiellement biaisée par le fait qu’il est un acteur très impliqué dans le milieu et qu’il cherchera probablement à protéger ses coureurs et à ne pas remettre en question l’univers dans lequel il travaille.

 

Liens éventuels avec d’autres acteurs de la controverse :

  • Sportif par les soins
  • Sponsors
  • Laboratoire/chercheurs
  • Coach sportif/directeur technique

 

Prise de position, action :

Nous avons eu un entretien d’1h 15 avec M Grappe afin d’aborder plus en détail sa position quant à la gestion de la performance de ses coureurs. Il nous a d’abord parlé de sa propre méthode de suivi, avec une application web où chaque coureur renseigne ses données et peut ainsi accéder au suivi et à l’évolution de sa performance. Ils y enregistrent également leur ressenti sur leur performance : M.Grappe insiste ainsi sur le fait qu’aucun coureur n’est laissé dans la nature. Pour cela, il utilise en course et à l’entrainement les capteurs de données les plus répandus, les capteurs SRM qui se fixent sur le pédalier et permettent de rendre compte de la puissance.

Ainsi, pour M.Grappe, la progression des coureurs se voit tout d’abord pendant les compétitions plutôt que pendant l’entrainement : la performance, c’est le rendu en compétition des résultats préalablement fixés par l’équipe.

A partir de ces valeurs et de la morphologie, il est capable de déterminer le profil d’un coureur, même s’il ce dernier est bien souvent déjà connu avant le recrutement. Sur la morphologie actuelle des coureurs, plus longilignes, il explique qu’il y a aujourd’hui beaucoup moins de dopage et que de ce fait, si l’on veut gagner un grand tour, il faut revenir au profil naturel d’un bon grimpeur, c’est-à-dire ce profil de coureur très grand et très maigre. De ce fait, il considère qu’aujourd’hui, le cyclisme est devenu propre, et il ne pense pas que l’AICAR soit un réel problème dans le peloton. Pour lui, le vélo n’est plus le sport qui porte les plus grosses affaires de dopages, et pourtant c’est bien lui qui est le plus médiatisé, ce qui arrange de nombreux autres sports (Tennis, Rugby et surtout Athlétisme…)

Sur le dopage mécanique, il reconnait que c’est techniquement possible mais ajoute que cela reste très compliqué à mettre en œuvre à cause des scans que subissent les vélos.

Nous sommes également revenus sur les performances de ses propres cyclistes, Thibault Pinot en tête. Il le croit en capacité de gagner le tour mais reconnait que la victoire ne dépend pas de lui. Le cyclisme a selon lui beaucoup évolué, il est aujourd’hui beaucoup plus dur de gagner le tour, ce qui explique cette longue disette. Il évoque également la pression du public, aujourd’hui les attentes sont très grandes autour des cyclistes, et particulièrement des français, ce qui compliquent encore leur tâche. Les journaux en sont en partie responsables. Il ajoute que la communication autour du cyclisme est très mauvaise, c’est un sport très scientifique, avec beaucoup de recherche physiologique et mécanique, et que les médias banalisent cela et font du cyclisme un sport médiocre. A l’inverse, il explique que la FDJ n’a jamais prôné la performance à tout prix et que même lors des années difficiles, la FDJ n’a jamais fait pression sur l’équipe. Toutefois, il déplore qu’aujourd’hui, n’importe qui avec 10/15 M d’euros puisse monter une équipe de cyclisme, ce qui favorise le maintien de certains indésirables (Bjarne Riis, Alexandre Vinokourov).

Nous l’avons ensuite interrogé sur la pertinence des mesures indirectes, utilisées par d’autres acteurs (cf Frédéric Portoleau). Il les a lui-même utilisées auparavant et ne nie pas leur pertinence, mais invite toutefois à être prudent sur la manière dont on les interprète : on aura en effet plus tendance à les utiliser afin de faire des comparaisons entre les coureur, ce qu’il n’apprécie pas. De ce fait, il nous rappelle que la puissance développée dépend bien évidemment de la longueur de l’ascension ce qui rend les comparaisons difficiles, même s’il conçoit qu’il existe un profil de performance record, un seuil que l’homme ne peut pas dépasser.

Nous avons ensuite voulu l’interroger sur le cas de Chris Horner, coureur qui gagna en 2012 la Vuelta à l’âge de 42 ans. Selon lui, d’une part, la décroissance de la performance est très individuelle et certains (Perraud par exemple) ne voient une baisse que très tardive de leur performance. De plus, là où le physique diminue, le mental croît souvent.

Enfin, nous avons abordé le cas de l’équipe concurrente SKY, dont les performances ont beaucoup fait couler d’encre. Pour M.Grappe, ils ont fait de la « com’ » en « balançant des énormités scientifiques », citant par exemple l’amélioration de 7% de la performance induite par le plateau ovoïde de Chris Froome prétendue par SKY. Pour lui, la seule différence, c’est que SKY fait le buzz, insiste sur le développement de son matériel, alors que toutes les équipes font cette démarche scientifique mais qu’elles sont dans une logique de non dévoilement à l’exact opposé de la politique de SKY.

Pour aller plus loin:

Ce qu’il faut retenir de cette vidéo:

Un médecin de la FDJ, explique qu’il est contre le fait que les médecins de certaines équipes professionnelles reçoivent des primes à la performance. En effet il explique que cela ne fait qu’inciter les médecins à donner des produits dopants à leurs cyclistes afin d’augmenter leurs revenus. Pour lui un médecin cycliste doit se satisfaire des performances de ses coureurs mais pas en tant que partie prenante, plus en tant que supporter. Il ne doit pas s’impliquer dans les performances des coureurs mais uniquement veiller à leur bonne santé

Cet avis fait écho à beaucoup d’autres avis sur le dopage cyclisme qui pointent du doigt, l’omniprésence des médecins dans le projet sportif de certaines équipes ou de certains coureurs (les plus connus étant le fameux Dr Ferrari de Lance Armstrong, ou le Dr Puerto).

Si les médecins ne peuvent être complétement responsables des scandales de dopage dans le cyclisme, leur rôle parfois peu transparent, souvent à la frontière du sportif et du médical, ne peut que favoriser de telles pratiques.

Ce qu’il faut retenir de la vidéo:

Là où beaucoup accusent les médecins d’être les premiers responsables du dopage, Willy Voet parle lui, en tant qu’ancien médecin, plus d’un travail de régulation du dopage car sans les médecins, les coureurs prendraient tout et n’importe quoi dans d’énormes quantités pouvant ainsi se mettre en danger.

Ensuite face, aux accusations que Thierry Ardisson porte aux journalistes sportifs qui savaient mais ne disaient rien, Voet explique qu’ils n’en savent pas assez pour avoir des preuves et qu’attaquer directement leur ferait perdre leur travail. Il généralise ce constat à tout le monde du cyclisme. Là encore on voit qu’avoir des informations sur le dopage de la part du monde cycliste peut s’avérer très dur.

Enfin il ajoute aussi que selon lui si vous enlevez le dopage « le classement sera toujours le même » ce qui laisse penser que d’après lui tous les coureurs sont dopés…

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