Une controverse qui n’a pas lieu d’être

Pour un certain nombre de personnes, acteurs ou non de cette controverse, même si l‘égalité entre les sexes à l’école n’est pas encore atteinte, la situation s’améliore tranquillement, et cette controverse n’a pas lieu d’être. C’est notamment la position de Christian Baudelot, sociologue au CNRS et spécialiste des questions d’éducation, que nous avons joint par téléphone.

Selon lui, l’école doit résolument être mixte. L’école est républicaine, laïque et il n’y a pas de raison de séparer les garçons des filles. Il y a bien-sûr des différences de comportements entre les garçons et les filles à l’école : des garçons plus turbulents, des filles plus attentives. Néanmoins, il est pour lui évident que c’est en mélangeant au maximum les garçons et les filles que ces différences vont s’atténuer naturellement, et que l’on va tendre vers l’égalité des sexes à l’école.

Par ailleurs, il ne voit pas de réelle fracture dans les orientations des jeunes. La raison pour laquelle les filles se destinent plus vers des lettres, et moins vers des sciences ou des postes à responsabilités réside en cela que ces filières débouchent sur des métiers plus compatibles avec une vie de famille, mais il n’y voit pas de problème. Ce point de vue est partagé par d’autres acteurs de la controverse, comme Esther Pivet, coordinatrice nationale du mouvement Vigi Gender.

Michel Fize, sociologue au CNRS et spécialiste de l’enfance et l’adolescence, observe aussi des différences de comportement et de réussite à l’école entre filles et garçons, ainsi que des différences d’orientation. Néanmoins, il juge qu’il n’y a aujourd’hui plus d’interdit formel qui empêcherait une fille d’aller dans une filière scientifique.  Selon lui, les filles ont des qualités sociales plus développées que les garçons et sont plus douées dans les matières littéraires. Elles ne se dirigent donc pas vers des études techniques ou scientifiques par choix.

Pour Michel Fize, le système scolaire n’est donc pas inégalitaire. La faible proportion de femmes dans les postes à responsabilité est plutôt due au chef d’entreprise qui va embaucher un homme plutôt qu’une femme parce qu’elle peut avoir des enfants ou pour d’autres raisons, qu’à un système scolaire inégalitaire. On observerait également un phénomène d’autocensure chez les filles, mais celui-ci serait aussi dû aux inégalités véhiculées par la société. En effet, les filles sont aussi brillantes que les garçons en sciences mais il arrive qu’elles se mettent en retrait car elles craignent de subir une discrimination à l’embauche. C’est là où, selon lui, se trouve l’inégalité et non dans l’orientation ou les résultats à l’école. Il n’y aurait donc pas de fractures sexuées à l’école, mais des inégalités dans la société elle-même sur lesquelles il faut travailler. Cela peut passer par l’éducation des enfants mais les fractures sexuées observées à l’école sont, selon lui, un faux problème.

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Entretiens Michel Fize, Esther Pivet

Entretien téléphonique Christian Baudelot