L’école défavorise les filles

Les stéréotypes genrés en cause

Une autocensure inconsciente

Si les filles obtiennent de meilleurs résultats en moyenne que les garçons durant leur scolarité, certaines personnes pensent qu’on peut quand même les placer en victimes du système scolaire

(Moisan, 2014). Celui-ci, par des mécanismes inconscients ou au contraire par le biais de stéréotypes genrés et hiérarchisés donnerait la part belle aux garçons qui seraient plus encouragés pour réussir, selon certains sociologues et experts en sciences de l’éducation.

Les stéréotypes genrés en cause

Selon Marie Gaussel (membre de l’Institut Français de l’Education), ce rapport inégalitaire provient d’une des premières caractéristiques du genre, à savoir que celui-ci est un « rapport de pouvoir », et qu’il instaure nécessairement une relation dominant-dominé qui ne profite pas aux femmes (Gaussel, 2016). Dans son essai L’éducation des filles et des garçons : paradoxes et inégalités, elle cite Marie Serlet et Benoît Derdenne (professeurs et chercheurs à l’Université de Liège, Belgique), qui définissent le « sexisme bienveillant » : celui-ci est définit comme « les attitudes subjectivement positives, teintées de galanterie et de condescendance », qui font que les femmes sont considérées comme « belles, désirables, aimantes, maternelles par opposition aux hommes qui ont été dotés de la force et de la puissance. » (Sarlet, Dardenne, 2012).

Comme dans toute sphère sociale, on retrouverait ce rapport à l’école, et cela ne profiterait pas aux filles. Le fait qu’elles soient vues comme étant plus douces, plus sages, calmes et concentrées que les garçons poussent les professeurs à se focaliser sur les garçons. Ainsi, Nicole Mosconi, professeure en Sciences de l’Education, avance que les sollicitations des élèves par les professeurs ne sont pas équilibrées entre les sexes puisque les professeurs interrogent plus les garçons. Les filles se confortent dans leur timidité, on fait moins attention à elles et il arrive fréquemment que les professeurs apprennent l’existence d’une fille qui a des capacités intéressantes lorsqu’ils corrigent ses copies. Lorsqu’on leur demande pourquoi elles ne participent pas en classe, elles répondent alors « On a peur que les garçons se moquent de nous ».

Pour tous les acteurs cités précédemment (qui font partie d’une catégorie de sociologues et de chercheurs en sciences de l’éducation qui sont spécialisé dans l’étude des inégalités hommes-femmes et de leurs origines), les filles sont aussi vues comme étant plus travailleuses, et il arrive souvent qu’on pense qu’elles doivent leurs bons résultats à leur travail, contrairement aux garçons qui sont censés avoir plus de capacités naturelles, dans des disciplines comme les mathématiques par exemple. Michel Fize met l’accent sur un phénomène particulier : lorsqu’une fille obtient un mauvais résultat, on lui dit « ce n’est pas grave, tu as essayé » alors que dans la même situation on dira « tu n’as pas assez travaillé » à un garçon. Pour Nicole Mosconi, par ce comportement on pourrait croire que les professeurs croient plus en les capacités des garçons, sans qu’ils s’en rendent forcément compte, comme le soutient un article d’Eduscol (qui émane du Ministère de l’Education Nationale) (Mosconi, 2009).

Une autocensure inconsciente

Tous ces phénomènes entraînent selon ces sociologues  une autocensure de la part des filles, qui se sentent oubliées, qui savent qu’elles ne doivent leur bon niveau qu’à leur travail et donc qui se croient dépourvues de toute facilité. Ce phénomène est alimenté aussi par une conscience de la part des filles qu’elles vont subir plus de difficultés que les garçons dans le milieu du travail (et dans certaines domaines en particulier), d’après Michel Fize. En sciences, le phénomène est flagrant : si la parité est quasiment atteinte dans la filière scientifique au lycée, en classe préparatoire scientifique (considérée par la société comme une « filière d’élite ») elles sont en large minorité. Pour les sociologues qui décrivent ce phénomène, c’est bien la preuve que ce n’est pas une question de niveau ou d’aspirations naturelles, puisqu’elles obtiennent même plus de mentions que les garçons, mais cela est bien dû à un phénomène social inconscient.

Tel qu’il est pensé, ce n’est pas le système scolaire en soi qui ne profite pas aux filles, mais plutôt les phénomènes sous-jacents et les rapports humains qui existent à l’école, et qui ont des conséquences bien plus important que dans d’autres milieu sociaux du fait que l’école correspond à l’âge ou les mentalités se développent, où les personnalités se construisent et où certains « traumatismes » peuvent avoir des effets sur toute une vie.

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