Un traitement différent des filles et des garçons à l’école

Les garçons plus poussés que les filles
Les garçons peuvent intervenir plus librement
Des effets sur la construction des jeunes
Des stéréotypes sexistes, mais pas uniquement
Faut-il agir contre ces différences ?

Bien que le rôle des enseignants, tel qu’il est défini par l’Education nationale, soit de transmettre les valeurs de la République et de promouvoir l’égalité entre les garçons et les filles, la grande majorité des enseignants différencieraient dans les traitements les garçons et les filles, et véhiculeraint certains stéréotypes sexistes.

Nicole Mosconi, sociologue spécialiste des questions d’éducation, a assisté à de nombreuses séances de cours afin d’analyser les interactions que les enseignants ont avec les enfants. Elle dresse différents constats. Tout d’abord, le temps de parole n’est pas équitablement réparti, et les garçons ont beaucoup plus accès à la parole. Pour des classes mixtes avec autant de garçons que de filles, l’enseignant-e-s interagit deux tiers du temps avec des garçons contre un tiers du temps avec des filles. De plus, dès lors que l’enseignant-e-s se rapproche de la parité du temps de parole, les garçons se plaignent d’être négligés, et l’enseignant-e lui-elle-même partage cette impression. Les garçons ont également en général plus de temps pour répondre.

Les garçons plus poussés que les filles

Nicole Mosconi observe également que les garçons et les filles ne sont pas interrogés sur les même choses : les filles sont plus interrogées pour rappeler des notions déjà vues, alors que les enseignants font plus appel à des garçons en fin de séance, lorsqu’il est question d’intuition, ou d’établir de nouveaux résultats. Ces différences dans les attentes envers les élèves sont aussi visibles dans les commentaires des évaluations : les garçons « peuvent mieux faire », ont des capacités mais ne les exploitent pas, alors que les filles font de leur mieux et sont travailleuses.

Michel Fize, sociologue spécialiste de la jeunesse, admet également qu’il reste chez les enseignants comme chez les parents des comportements sexistes pas nécessairement conscients. Notamment, lorsqu’un garçon échoue, on aura plus tendance à lui dire qu’il n’avait pas assez travaillé, alors que lorsqu’une fille échoue on lui dira que ce n’est pas grave, que c’est déjà bien qu’elle ait essayé.

Les garçons peuvent intervenir plus librement

Nicole Mosconi a également remarqué que les garçons prenaient plus librement la parole sans être interrogés. Cela est à la fois dû à la pression que peuvent ressentir les filles de la part des garçons, et au fait que les enseignants laissent en général plus cette liberté aux garçons qu’aux filles. En effet, dans la représentation collective, une fille doit être sage et modèle, alors qu’un garçon peut être un peu plus turbulent. Ainsi, en conséquence de cette inégalité de traitement et donc de comportement entre les garçons et les filles, les enseignants interagissent de manière informelle plus facilement avec les garçons qu’avec les filles, pour échanger des plaisanteries par exemple.

Des effets sur la construction des jeunes

Nicole Mosconi évoque le développement chez les filles d’un sentiment de moindre estime et moindre confiance en soi. Par ailleurs, les garçons développent plus de capacités qui s’éloignent du scolaire mais qui sont très valorisées dans le monde de l’entreprise, comme s’affirmer, même face à des adultes, prendre la parole en public. Au contraire, les filles ont tendance à plus s’effacer.

Des stéréotypes sexistes, mais pas uniquement

Michel Fize évoque également une différence dans l’éducation entre les filles et les garçons : les filles seraient laissées beaucoup moins libre que les garçons par leur parents à la maison notamment, par peur des violences ou du harcèlement dont les filles sont les plus grandes victimes. Ainsi « les parents apprennent d’avantage l’obéissance et la soumission aux filles qu’aux garçons ».

Faut-il agir contre ces différences ?

Tous les acteurs ne sont pas d’accord sur les causes de ces différences et sur la nécessité ou non de les combattre. Esther Pivet, coordinatrice du collectif Vigi Gender, trouve ces différences naturelles et ne pense pas qu’il faille les déconstruire. Au contraire, Nicole Mosconi est convaincue que ces différences constituent un obstacle pour atteindre l’égalité des chances et souhaite contrer ce qu’elle nomme des stéréotypes genrés. Ces divergences de point de vue donnent lieu à des opinions très variées concernant les mesures à mettre en place à l’école.

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