Nécessité de déhiérarchiser les filières

Des filières inégales
Une approche différente

En continuant dans le raisonnement de Vigi Gender (qui lutte contre la diffusion du genre a l’école) et des autres organisations qui pensent que les filles, en choisissant des filières plus « sociales », ne font que suivre leurs aspirations naturelles, il est légitime de se demander pourquoi elles sont tout de même moins rémunérées que les hommes en moyenne. C’est là où se trouve le problème pour Esther Pivet, coordinatrice de Vigi Gender : si on rehaussait le salaire des métiers où les femmes sont le plus présentes (assistance à la personne, éducateurs…), on atteindrait l’égalité, tout en conservant les différences entre les hommes et les femmes qui relèvent de la nature et qu’il est dangereux de déconstruire.

SOURCE : INSEE

Cette infographie, où le salaire des hommes est en bleu et celui des femmes est en jaune, montre les écarts de salaires entre hommes et femmes en fonction de différentes catégories de métier. On retrouve ainsi ces écarts de salaires dans tous les postes. 

En Norvège, pays considéré comme un des plus égalitaires du monde, on observe néanmoins que la proportion entre hommes et femmes dans les métiers d’ingénierie par exemple est loin d’être du 50-50. Pourtant, ce pays est souvent cité dans les enquêtes internationales comme un exemple en matière d’égalité homme-femme. C’est donc la preuve qu’on peut atteindre l’égalité sans atteindre la parité (Vigi Gender, 2014).

Des filières inégales

Cette revalorisation des salaires passe nécessairement par une déhiérarchisation des filières qui mènent à des catégories de métier différentes. En France, de nombreux articles de presse montrent que c’est encore loin d’être le cas. Ainsi, le journal « La Croix » a publié en juin 2012 un article disant que le baccalauréat scientifique pourrait être qualifié de « super-bac », de par son attractivité (un lycéen général sur deux est en filière scientifique) mais aussi de par les débouchés multiples qu’il offre (Peiron, 2012). A contrario, le baccalauréat littéraire est un bac très fermé. Cette hiérarchisation sous-jacente des filières est à combattre, selon une grande partie des acteurs de la controverse.

En effet, c’est parce que la filière littéraire et les filières des métiers du social sont moins valorisées que l’égalité n’est pas atteinte. De plus, selon Vigi Gender, certaines filles n’osent pas y aller mais préfèrent des filières scientifiques, beaucoup moins adaptées à leurs aspirations naturelles. Esther Pivet cite l’exemple d’une femme qui, lors d’une période de changement de carrière, avait deux propositions d’emploi et a décidé de s’orienter vers le travail considéré comme étant le plus “masculin” sans réelle justification.

Une approche différente

Mais cette idée de revalorisation des filières est partagée aussi par des acteurs complètement différents de la controverse : ceux qui pensent que les filles sont aujourd’hui victimes du système scolaire et que la parité serait un signe d’égalité. On retrouve dans cette catégorie Nicole Mosconi, chercheuse et professeure en sciences de l’éducation, qui avance que le fait qu’on retrouve plus de filles dans la filière littéraire et plus de garçons dans la filière scientifique est un phénomène culturel, donc à combattre. La revalorisation des filières pourrait rendre les filières lésées plus attractives, et donc inciter plus de personnes à y entrer, ce qui permettrait à terme d’atteindre la parité.

La principale différence dans ces deux approches de la revalorisation des filières se trouve dans le fait qu’elle soit considérée comme la solution au problème par Esther Pivet alors que Nicole Mosconi la voit comme un moyen pour permettre de résoudre le problème.

Mais tous ces acteurs, qui sont très différents dans leur approche de la controverse, s’accordent tout de même à dire qu’aujourd’hui, la hiérarchisation des filières est un phénomène qui n’est pas justifié et qu’on doit essayer de combattre. Bien que les compétences intellectuelles et cognitives mobilisées lorsqu’on fait des études de sciences et de technique ou des études de langues soient complètement différentes, il apparaît absurde pour une grande catégorie d’acteurs que cela implique des salaires moyens différents, surtout lorsqu’il cela se traduit par des salaires moins élevés pour les femmes que pour les hommes.

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Des orientations différentes dues à des aspirations naturelles différentes

L’école défavorise les filles