Retour à la non-mixité

La mixité n’a pas fait de miracles
La non-mixité permettrait aux élèves de se sentir en confiance

 

Lorsque la mixité a été rendue obligatoire dans les écoles publiques à la fin du XXème siècle, le gouvernement espérait ainsi en finir avec tous les problèmes d’inégalités hommes-femmes. Pourtant les inégalités subsistent. Alors faut-il remettre en cause les « bienfaits » de la mixité ?

Dans la mesure où les écoles non mixtes existent toujours (bien qu’elles soient forcément privées), la non-mixité est parfois défendue ardemment pour que l’égalité soit atteinte. Le collège / lycée pour garçons Hautefeuille diffuse par exemple sur son site Internet un article qui défend la non-mixité en s’appuyant sur une quinzaine d’arguments (Baudrillard).

La mixité n’a pas fait de miracles

Michel Fize, dans son livre Les pièges de la mixité scolaire avance que la vraie raison pour laquelle la mixité s’est démocratisée ne résidait pas dans un souci d’égalité, mais que la mixité s’est répandue parce que les écoles manquaient de place et aussi car il était plus facile financièrement de gérer moins d’établissements (Fize, 2004). Ainsi la mixité ne répondrait pas à un besoin de prodiguer la même éducation à tout le monde.

Elle ne serait en tout cas pas suffisante pour garantir l’égalité des sexes à l’école. La mixité est accusée par Nicole Mosconiprofesseure et chercheuse en sciences de l’éducation, d’entretenir les stéréotypes, en confrontant les sexes. En effet, depuis l’enfance les garçons et les filles subissent une « socialisation genrée » qui passent par tous les codes culturels, et qui se traduit entre autre par un schéma où les garçons sont souvent dominants et où les filles sont souvent dominées. A l’école, la confrontation des deux sexes reproduit ce schéma, et la mixité peut donc avoir un effet négatif lorsqu’elle n’est pas pensée intelligemment puisqu’elle ne mène pas à l’égalité.

Enfin, Hautefeuille soutient le fait que la mixité n’est ni une bonne solution pour les filles, ni pour les garçons. En effet, les filles sont confrontées aux comportements turbulents et parfois violents des garçons ce qui les empêche de se sentir parfaitement en sécurité en milieu mixte. Les garçons, eux, sont confrontés aux filles qui sont en moyenne plus studieuses, plus organisées et qui obtiennent de meilleurs résultats : la mixité ne leur donne pas confiance en eux.

La non-mixité permettrait aux élèves de se sentir en confiance

En dehors de ces faiblesses, caractéristiques d’un système scolaire parfaitement mixte, Hautefeuille semble dire que la non-mixité serait la solution parfaite. La note écrite par le lycée avance dans un premier temps que les élèves travaillent mieux lorsqu’ils ont des centres d’intérêts communs. Or, à l’âge de l’enfance et de l’adolescence, on observe des fractures profondes entre les centres d’intérêts et les goûts des filles et ceux des garçons. Il s’agit en grande partie de différences innées selon Hautefeuille, et c’est pour cela que la non-mixité en milieu scolaire pourrait être une solution pour combler les fractures.

Selon Hautefeuille, les filles et les garçons ont aussi un développement différent : les filles entrent dans l’âge de la puberté plus tôt que les garçons, et sont donc par conséquent matures plus tôt. Il est donc plus stimulant d’être entouré de gens qui ont les mêmes aptitudes et la même maturité affective. Cela permettrait aussi aux professeurs de savoir quel langage employer, et de ne pas être obligé de travailler avec des élèves de capacités, de concentration et de sérieux trop disparates.

Un article paru dans Madame Figaro en janvier 2015 montre que les écoles de filles regagnent petit à petit du terrain en France (Chadenat, 2015). En effet, entre filles, l’esprit de camaraderie serait plus développé, et les filles se sentiraient plus en confiance ce qui favoriserait la prise de parole spontanée en classe. Dans les écoles non mixtes, plusieurs études (comme celle effectuée par Nicole Mosconi) montrent que les filles sont moins interrogées par leurs professeurs que les garçons, et souvent plus discrètes : entre filles elles oseraient plus.

Le dernier argument important avancé par le lycée Hautefeuille en faveur de la non-mixité est un argument de type affectif : pour eux, il n’est pas souhaitable de tomber amoureux trop tôt et de développer des sentiments affectifs envers des membres de l’autres sexes avant un certain âge, car cela peut nuire à la scolarité et on ne peut pas vraiment qualifier cela « d’amour ».

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