Comment remédier à une pénurie en eau à Barcelone ?
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Avril 2008 : ce qu'on prévoit


En résumé


Alors qu’en avril 2008 la sécheresse fait rage à Barcelone, les autorités locales décident d’importer de l’eau de Marseille, ainsi que de Tarragone, au Sud de la Catalogne, par bateaux-citernes. L’opération doit commencer en mai et durer 3 mois. Au total, 5 millions de m3 d’eau doivent être débarqués à Barcelone.

En détails


Quand on est riche, contre la pénurie chez soi, il existe une solution très simple : importer. La sécheresse qui frappe l’Espagne depuis 2004, la pire de ses soixante dernières années, n’épargne aucune région et atteint son paroxysme en avril 2008. Barcelone et la Catalogne sont menacées : les réserves d’eau sont à 22% de leur capacité. Le gouvernement catalan, à la tête duquel se trouve le socialiste Jose Montilla, a conscience qu’il faut agir vite, redouble d’imagination, mais ne parvient pas à se mettre d’accord avec le gouvernement de Zapatero, pourtant allié (socialiste aussi). Finalement, suite à sa demande, la société Agbar (Aguas de Barcelona) signe mi-avril 2008 avec la Société des Eaux de Marseille (SEM) et la Société du Canal de Provence (SCP) : il est question de ravitailler Barcelone par bateaux-citernes.

Il est également prévu pour Barcelone de recevoir de l’eau de Tarragone, au Sud de la Catalogne. Cette eau serait dessalée sur place. L’eau qui serait exportée par la SEM est potable, tandis que l’eau exportée par la SCP, après avoir été captée dans le Verdon, affluent de la Durance, elle-même affluent du Rhône, puis prétraitée, serait puisée dans le Canal de Provence. Il s’agit donc d’une eau « pré-potable », dont il est prévu d’achever le traitement à Barcelone, dans une station adéquate. D’autre part, les bateaux-citernes utilisés ont une capacité variant de 19 000 à 40 000 m3. 63 voyages par mois sont prévus. Au total, près de trois mois (fin mai, juin, juillet, début août 2008) – et la possibilité de poursuivre les opérations n’est pas exclue – 6 bateaux se relaieraient pour débarquer près de 5 millions de m3 d’eau à Barcelone : c’est ce qui est prévu dans le contrat. Le tableau ci-dessous permet de récapituler.

La ville de Barcelone a besoin de 25 millions de m3 d’eau par mois, ce qui signifie que les bateaux satisferaient 6% de sa demande mensuelle. Ils lui apporteraient 1,66 million de m3 par mois, soit près de 4 fois moins que la seule usine de dessalement de Barcelone, pour l’heure en travaux, et qui devrait entrer en service dans les mois à venir.

De plus, l’importation d’eau est une solution de luxe. La SEM et la SCP vendent le m3 1 euro à Agbar, soit 3 fois moins cher qu’à un Français. Mais le transport du m3 coûte 12 euro, ce qui fait 13 euro le m3 au total ! La livraison représente donc 92% du prix du m3. Une simple multiplication vous convaincra aisément que Barcelone en aurait pour 22 millions d’euro par mois. Il faut ajouter à cela 35 millions d’euro de réaménagement du port de Barcelone pour accueillir les bateaux, réceptionner les eaux et achever le traitement de celles de la SCP. Il s’agit d’une solution hyper coûteuse, autrement dit, d’un gouffre. Seule l’urgence peut justifier le recours à une telle solution. Elle ne peut être que transitoire. Elle n’est d’ailleurs envisagée que dans l’attente de la mise en fonctionnement de la très attendue usine de dessalement de Barcelone.



Suite de la Controverse : mai-juin 2008 : ce qui se passe