Comment remédier à une pénurie en eau à Barcelone ?
> approche par solutions envisagées > bateaux > grosse polémique

Grosse polémique


En résumé


La décision d’approvisionner la ville de Barcelone en eau potable par bateau a suscité une vraie polémique, dans l’hexagone en particulier. La guerre de l’eau en Espagne est en voie de s’internationaliser. A qui appartient l’eau, peut-on en faire le commerce, la loi française autorise-t-elle une telle vente, ne ferait-on pas mieux de s’attaquer à un problème de fond – la gestion de l’eau – au lieu de rechercher des artifices transitoires afin d’ajourner l’heure à laquelle le transitoire ne résoudra plus les problèmes, autant de questions brûlantes auxquelles on n’a pas encore les réponses.


En détails


D’abord, l’eau vendue à Barcelone est, pour beaucoup, française. Sa consommation est vitale. Il n’est pas question d’en faire commerce avec l’étranger, même à prix d’or. D’autre part, c’est la région la plus sèche de France qui est concernée, de quoi exacerber les réticences. SEM et SCP ont beau rappeler que cette opération ne compromet pas les besoins propres de la population locale, la SCP que le volume qu’elle prévoit de vendre à Barcelone représente seulement 0,2% de ses réserves, l’idée d’assécher encore plus la région la plus sèche de France est gênante.

Le 15 mai 2008, dans une lettre adressée au directeur général de la SEM, le préfet de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA), région à laquelle appartiennent les Bouches-du-Rhône, lui, s’interroge sur ces ventes d’eau et demande à la SEM de conforter l’approche juridique de cette vente d’eau. Le préfet fait valoir la loi de 1923, relative aux travaux autorisés. Elle stipule qu’ils ne peuvent être envisagés que dans le but spécifique de l’amélioration de l’alimentation publique dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse. Il en va de même du décret de 1857 qui précise que les dérivations opérées dans la Durance, outre l’irrigation, le sont « pour les besoins de la ville de Marseille ». Idem pour le décret de 1963 sur la concession des travaux du canal de Provence et des travaux d’aménagement de la Durance, décret qui, d’une part, déclare les prélèvements d’utilité publique et, d’autre part, précise l’objet de la concession à la SCP qui est, en particulier, la construction du canal de Provence, canal « destiné à alimenter les départements des Bouches-du-Rhône et du Var et la ville de Marseille, en eau à usage agricole, domestique et industriel ». Le préfet de PACA demande donc à la SEM de lui apporter les éléments juridiques qui ont conduit à considérer que la société pouvait répondre favorablement aux besoins de Barcelone.

De leur côté, les associations de protection de l’environnement dénoncent cette vente de l’eau. La situation barcelonaise, affirment- elles, n’est que le signal d’alerte d’un problème global qui nécessite une réponse à long terme et une gestion durable de l’eau. Aujourd’hui, expliquent-elles, on envoie des bateaux d’eau potable en Espagne alors que chaque jour dans le monde des personnes meurent de soif. Les gouvernements catalan et espagnol, au lieu de faire face avec fermeté à la crise structurelle de l’eau, crise en partie liée aux changements climatiques, mais principalement fruit de l’héritage d’une époque d’augmentation spectaculaire de la demande en eau pour l’agriculture irriguée et le tourisme, continuent de répondre en favorisant l’offre à moyen terme, tout en parant au plus pressé. Il n’est question que d’une mauvaise gestion de l’eau, affirment-elles.



Suite de la controverse : le projet de l'Usine de dessalement