Comment remédier à une pénurie en eau à Barcelone ?
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Origine du projet


En résumé


Le projet de détourner une partie des eaux du Rhône est tout d’abord pensé pour couvrir Barcelone d’un risque de pénurie d’eau. En effet, les différentes sécheresses, la forte teneur en sels du Llobregat et les nombreuses terres irriguées font que, l’été principalement, la ville peut être en manque d’eau potable.

Mais l’émergence réelle du projet vient du contexte économique particulier qui l’a favorisée. BRL dispose d’un droit de prélèvement d’eau sur le Rhône et compte en vendre une partie à ATLL pour se sortir d’une crise financière. En 1995, les deux sociétés signent un accord, qui prévoit la réalisation d’une étude de faisabilité. Celle-ci est réalisée, approuvée par deux comités scientifiques, rassemblés chacun par les deux sociétés BRL et ATLL, et le projet obtient une résolution favorable au Parlement européen, en1998. Le projet du canal Rhône-Barcelone semble lancé.




En détails


un problème d’eau


Les transferts massifs d’eau interbassins ont souvent été envisagés pour répondre aux problèmes d’eau d’une région face à un risque de pénurie. C’est le cas à Barcelone.

Le climat méditerranéen, ajouté à l’augmentation de la population, perturbe la gestion en eau dans la région et sa distribution aux habitants : Barcelone a subi une sécheresse en 2006 et la ville n’a connu que très peu de précipitations durant l’hiver 2007, de plus l’estimation de l’augmentation de la population pour les prochaines années est de 10% - qui s’accompagne évidemment d’une augmentation de la consommation d’eau -. Un recours à une grande source d’eau est apparu comme nécessaire pour faire face et supporter une autre sécheresse.

De plus, le Ter et Llobregat, les deux fleuves côtiers qui coulent près de Barcelone, n’ont que de très faibles débits et supportent mal les grands prélèvements. Par ailleurs la qualité des eaux du Llobregat est exécrable pour une eau potable, dont le prix est l’un des plus élevés d’Espagne. Il faut ajouter que la teneur en sels de ses eaux est très forte, qui relève à la fois de la traversée d’un pli diapir de la « montagne de sel » Cardoner et aux exploitations environnantes de sel et de potasse. La teneur en sel peut atteindre 500 mg/l alors que des normes européennes plus strictes imposeraient un traitement par osmose inverse en vue d’une distribution dans le réseau d’eau potable. Là encore, un apport en eau permettrait de diluer le sel.

Enfin, une grande part des ressources en eau de la région est utilisée pour l’irrigation pour l’agriculture, mais aussi pour répondre aux demandes de l’agglomération et aux besoins de l’essor touristique.

Le Rhône est un candidat idéal pour palier à tous ces besoins. Il constitue une ressource en eau importante, du fait de son débit de 54 milliards de mètre cube par an - le plus élevé de Méditerranéen - peu sensible à un prélèvement de 80 mètres cube par seconde, bien supérieur aux besoins supplémentaires de Barcelone. De plus, le Rhône dispose de droit de prélèvements à vendre…


l’élaboration du projet


La constitution du projet s’est effectuée dans un contexte économique et politique particulier, qui a permis et favorisé son émergence.

La société ATLL (Aigues Ter Llobregat), société qui gère l’alimentation en eau de la région de Barcelone, soit environ 5 millions d’habitants, à partir des fleuves Ter et Llobregat, estime grand le risque de pénurie que représente une sécheresse, surtout devant faire face à la mauvaise qualité des eaux du Llobregat, au début des années 90. Cette estimation, reprise par le gouvernement espagnol, donne naissance au projet d’amener une partie des eaux du Rhône directement à Barcelone par un canal, dont l’idée aurait été évoquée pour la première fois à la fin des années 60 sans conséquence : en 1993 le ministère des travaux publics espagnol lance sérieusement le projet, au travers du Plan Hydrologique National (PHN), et choisit ATLL comme partenaire pour la réalisation des travaux. Sans oublier que cette partie de la région de Catalogne est très irriguée et que les pressions sont fortes pour accroitre la quantité de terres irriguées et le volume d’eau qu’il leurs est accordé.

Parallèlement, la société d’aménagement du Bas-Rhône Languedoc (BRL) dispose d’une concession d’Etat sur le Rhône depuis sa création en 1955. Un droit d’eau lui permet de prélever un débit de 75 mètres cube par seconde des eaux du Rhône, jusqu’en 2056. Droit qui n’est bien sur pas utilisé entièrement : le débit moyen prélevé est de 3,5 mètres cube par seconde, comprenant des pointes à 9 mètres cube par seconde en juillet.

C’est une partie de ce droit, environ 15 mètres cube par seconde, qu’un représentant du gouvernement de Catalogne est venu demander à BRL en 1994. BRL, qui sortait à peine d’une grave crise financière, voit là son avantage dans le projet. En 1995, BRL et ATLL signent un accord afin de réaliser une étude de faisabilité.

En 1997, une filiale de BRL est créée, la Société d’Etude Pour l’Aqueduc (SEPA-LRC) aura en charge les travaux et les relations avec l’Espagne avant pendant et après la construction du canal. La même année, le projet dans son ensemble est présenté au Parlement européen, qui conclut d’une résolution favorable, car le projet est jugé d’utilité publique en vertu de l’article XII du Traité de Rome, notamment relatif aux réseaux et transferts d’eau. Le Parlement finance également les études de faisabilité. En 1998, deux comités scientifiques, appelés pour l’un par BRL et par ATLL pour l’autre, attestent de la possibilité technique et la viabilité industrielle du projet ; parallèlement une étude environnementale est réalisée et conclut du faible impact écologique des travaux, de la présence du canal et des prélèvements d’eau.

Le projet semble lancé.



Suite de la controverse : faisabilité technique