Le dessalement d'eau de mer
En résumé
La production d’eau dessalée s’élève aujourd’hui à 51 millions de m³ par jour – 3,4% reviennent à l’Espagne – soit 0,9% de la consommation journalière d’eau potable. L’Espagne est le champion européen du dessalement ; c’est le quatrième dessaleur du monde après l’Arabie Saoudite, les Etats-Unis et les Emirats-Arabes-Unis. Le dessalement est un procédé porteur d’avenir. Mais ne nous emballons pas trop vite : il reste cher, trop cher pour les pays les moins favorisés. Et il se pourrait qu’il ait un impact environnemental nuisible.
En détails
Les ressources d’eau potable se raréfient. Si rien n’est fait d’ici 2025, 4 milliards d’êtres humains, c’est-à-dire la moitié de la population du globe, seront confrontés à un déficit en eau. L’humanité devra donc sans doute se tourner vers une réserve quasi inépuisable, la mer. Les mers et les océans représentent 97% des eaux de la planète.
Pendant des décennies, les précipitations, l’utilisation des eaux pompées dans les rivières, dans les lacs et dans les nappes phréatiques, ainsi que le traitement des eaux usées avant rejet dans les rivières, ont suffi pour satisfaire les besoins des hommes. Malheureusement, l’accroissement de la demande des populations, elles-mêmes en forte augmentation, les besoins croissants d’une agriculture devenue de plus en plus intensive et l’augmentation des températures et de la fréquence des sécheresses nous font maintenant atteindre les limites du recours à l’eau douce.
Il existe une solution radicale pour entrer dans le domaine de l’eau sans limite : c’est celle du dessalement de l’eau de mer. Mais cela coûte beaucoup plus cher que l’utilisation de l’eau de pluie ou des rivières. Pourtant, le dessalement est d’autant plus attractif que 40% de la population mondiale, soit 2,4 milliards d’individus, vit à moins de 70 km des côtes. De même, sur 70 villes de plus d’un million d’habitants sans accès direct à des ressources supplémentaires en eau douce, 42 sont situées en bordure de côtes.
L’eau de mer contient entre 20 et 50 g de sel par L, soit 1 000 fois plus que la limite fixée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) pour pouvoir être consommée sans risque. Il faut donc la dessaler.
Cette solution, naguère cantonnée aux navires, aux îles et surtout aux pays du golfe Persique, est en train de gagner l’ensemble de la planète. Certes, le Moyen-Orient (Israël, Syrie, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Koweït, Qatar, Oman) concentre encore 51% des capacités de dessalement du globe, mais les Etats-Unis, le Mexique, le Chili, l’Australie, la Chine, l’Italie, la Grèce, l’Algérie, la Tunisie et…l’Espagne installent d’immenses usines.
Les plus grosses usines sont situées en Espagne, en Israël et en Algérie. Source : la Recherche, 1er juillet 2008
Alors que la production mondiale d’eau dessalée s’élevait à 6 millions de m³ par jour en 1980 (dont 0,8% pour l’Espagne), elle représente aujourd’hui 51 millions de m³ par jour (dont 3,4% pour l’Espagne), soit 0,9% de la consommation journalière d’eau potable. Bien que le coût énergétique du dessalement demeure trop élevé, la production mondiale d’eau dessalée est en pleine croissance, de l’ordre de 10% par an. Elle devrait plus que doubler d’ici 2016, selon Global Water Intelligence, un cabinet d’expertise internationale sur les industries de l’eau, pour atteindre les 109 millions de m3 d’eau dessalée par jour.
Sur ce total de 51 millions de m³ par jour, 58% – soit 30 millions de m3 – sont dessalés quotidiennement à partir de l’eau de mer, le reste venant d’eaux saumâtres issues, entre autres, du recyclage. Le champion du dessalement, le Moyen-Orient, principal producteur au monde, en fournit à lui seul près de la moitié avec quelque 13 millions de m3 par jour.
Plus de 17 000 unités de dessalement sont installées à la surface du globe, dont plus de 900 en Espagne, le plus grand utilisateur de la technologie de dessalement du monde occidental. Le marché mondial du dessalement progresse à un rythme de 15 à 20% chaque année. Il est probable que dans une dizaine d’années, les usines de dessalement n’alimentent pas moins de 300 millions de personnes dans le monde.
suite de la controverse : historique