La crise médiatique des pilules contraceptives de 3ème et 4ème génération touche tout particulièrement le monde des médecins et les cabinets médicaux : des patientes inquiètes appellent pour changer de contraception, certains laboratoires laissent entendre que les médecins sont responsables de la mauvaise utilisation de la pilule Diane 35 et le gouvernement envisage des mesures restreignant les droits de prescription des médecins.
De nombreux syndicaux de médecins, et en particulier le Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France (SYNGOF) contre-attaquent sur la responsabilité des médecins dans l’affaire. Dans une lettre ouverte datée du 20 Mars 2013, le SYNGOF assure que les médecins disposaient des mêmes chiffres sur risque des pilules de troisième et quatrième génération que les agences gouvernementales et que les laboratoires de santé. La prescription de ces pilules ne résultaient pas d’une incompétence des médecins, ou, pire, d’une corruption des médecins par les laboratoires de santé : c’était une décision prise en connaissance de cause par l’ensemble des acteurs.
C’est aussi l’avis de l’Union Nationale des Omnipraticiens Français – Confédération des Syndicats Médicaux Français (UNOF-CSMF). Dans un communiqué, l’UNOF-CSMF « s’indigne de voir, une fois de plus, les structures en charge de la sécurité du médicament laisser penser que les médecins généralistes sont les uniques responsables de la non pertinence de prescription » [1] et accuse l’ANSM se fuir ses responsabilités.
Prévenir des effets néfastes de l’affaire
Le SYNGOF déplore aussi les conséquences néfastes de l’affaire. La diabolisation des pilules de troisième et quatrième génération par les médias, suivi par la décision précipité du gouvernement d’en interdire la vente ou le remboursement, ont mis les consommatrices en panique. Or le syndicat craint un abandon massif des pilules contraceptives par les femmes, et en aval une hausse des IVGs. Plusieurs médecins donnent de la voix pour prévenir contre un changement brutal de la contraception par voix orale. « Il ne faut pas changer de contraception avec laquelle on n’a pas d’effets secondaires, d’autant plus que les risques de thrombose interviennent dans les premiers mois » [2], souligne le professeur Bernard Hédon, président du Collège des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).
Pour les médecins, les femmes ne doivent surtout pas condamner trop vite les pilules de troisième et quatrième générations, qui conservent de réels bienfaits. Israël Nisand, responsable du pôle de gynécologie-obstétrique au Centre Hospitalier de Strasbourg, assure à l’antenne d’Europe 1 qu‘« il y a des pilules de 2ème génération qui ont quarante ans et qui sont bien plus risquées que les 3ème génération. » [3].
Avant tout, les médecins espèrent que le scandale médiatique ne remettra pas en cause leur légitimité auprès de leurs patientes. Les différents syndicats médicaux appellent avant tout les femmes à choisir leur contraception avec leur gynécologue. « Nous devons surtout regagner la confiance de nos patientes » [4], conclut Catherine Guérin pour le SYNGOF.
Pour en savoir plus :
Le site du SYNGOF
Le site de l’UNOF
Le site du CNGOF
Source des citations :
[1] – Communiqué sur unof.org – Les Médecins Généralistes bafoués par la position de l’Agence de Sécurité du Médicament sur la contraception orale de 3ème et 4ème génération – 04/01/2013 – [lien]
[2] – Article sur lemonde.fr – Que faut-il faire lorsqu’on prend une pilule de 3e ou 4e génération ? – 17/01/2013 – [lien]
[3] – Article sur lemonde.fr - Pilule : enquête sur ces médecins liés aux laboratoires – 10/01/2013 – [lien]
[4] – Tribune libre de Catherine Guérin sur gynelog.fr – Etat de crise médiatique – 20/03/2013 – [lien]