D’après le baromètre santé 2010, 90,2% des femmes sexuellement actives (non stériles ni enceintes, ayant un partenaire mâle et ne voulant pas d’enfants) utilisent un moyen de contraception de façon régulière. La pilule contraceptive est de loin le moyen de contraception le plus utilisé en France, et ce depuis les années 1980. Elles sont 55,5% à l’utiliser en 2010, et 70,8% chez les femmes de moins de 35 ans. En seconde place arrive le stérilet avec 26,0%, dont l’utilisation est majoritaire chez les femmes plus âgées (43,2% chez les 45-49 ans). La France se caractérise donc par un taux de couverture de contraception élevé chez les femmes, mais aussi par la prédominance de la contraception orale. La situation peut être bien différente dans d’autres pays : en effet, les statistiques établies par l’ONU montrent que la stérilisation (masculine ou féminine) occupe une part importante du paysage de la contraception (supérieur à 49% aux Etats-Unis, au Canada, en Chine et au Brésil). Cependant, la pilule et le stérilet restent dans la plupart des pays les principaux outils de contraception.
Le parcours habituel d’une femme française lorsqu’elle entre dans sa vie sexuelle commence par l’utilisation du préservatif, qui est souvent assez rapidement délaissé au profit de la pilule dès qu’une relation s’installe, puis le stérilet prend la place de la pilule après avoir eu un premier enfant. La pilule reste le moyen de contraception le plus utilisé jusque 45 ans, âge à partir duquel elle passe derrière le stérilet. Si son efficacité théorique est l’une des plus élevées, la pilule a le défaut d’être vite oubliée, ce qui cause un taux de grossesse non désirée en conséquence (43,3% des cas de grossesse non désirée chez les 20-24 ans).
La pilule contraceptive concerne donc une grande majorité de femmes en France. Tout problème concernant la pilule est alors susceptible d’atteindre un nombre important de patientes, et cela a été le cas lors du scandale autour des pilules de 3ème et 4ème générations. Avant le déferlement médiatique sur les pilules de 3ème et 4ème génération, ces dernières constituaient 47% des pilules contraceptives en août 2012 (donc 53% pour les pilules des générations précédentes), mais ce ratio est tombé à 24% en août 2013. Ainsi, sur la période de décembre 2012 à août 2013, les ventes des pilules de 3ème et de 4ème génération ont diminué de 36,6% par rapport à la même période de l’année précédente. Le report s’est donc fait sur les pilules de 1ère et 2nde générations (+24,3% sur la période concernée) mais aussi sur les stérilets et les implants (+26,6%). Le paysage de contraception en France a donc été totalement bouleversé par le tourbillon médiatique autour des pilules contraceptives, qui a fait basculer le marché des contraceptifs vers les dispositifs intra-utérins (+45,1%). Cependant, de nombreuses femmes ont aussi arrêté brutalement leur contraception sans chercher à la remplacer, comme en témoigne l’augmentation d’IVG et d’utilisation de la pilule du lendemain entre janvier et juin 2013.