Jean Aitchison est une linguiste anglaise qui enseigne le langage et la communication à Oxford. Elle s'intéresse tout particulièrement à la sociologie de la linguistique historique qui tente d'expliquer les causes des changements phonétiques des langues.
Dans son article The seeds of speech : language origin and evolution (Les prémisses du langage : origine des langues et évolution) publié en 1996, elle critique fortement la méthode utilisée par Ruhlen pour établir son étymologie universelle des langues.
" Les probabilités de trouver des ressemblances entre des mots de langues différentes sont élevées si l'on ne s'intéresse qu'à de vagues similitudes entre des mots d'une ou deux syllabes… Les sons évoluent de manière radicale au fil des siècles. Il est invraisemblable que des mots aussi anciens aient survécut dans leur état originel. La méthode employée par Ruhlen ne tient aucun compte des correspondances accidentelles ni des tabous phonétiques… Les sens tendent à être abusivement simplifiés… Dans de telles circonstances, les ressemblances accidentelles jouent probablement un rôle très inquiétant et cette méthode de " comparaison de masse " ne saurait résister à l'épreuve du temps. "
Comme Lyle Campbell et Hans Henrich Hock , elle considère que Ruhlen prend beaucoup trop de liberté par rapport à la linguistique historique dans sa méthode de comparaison de masse. Elle estime que de toute façon l'échelle de temps considérée est bien trop grande et qu'il n'y a guère d'espoir de retrouver des traces des mots anciens dans les mots des langues actuelles. En outre, elle déplore, qu'en plus de ne s'intéresser qu'à de vagues similitudes, Ruhlen ne tienne compte que de mots très courts sur lesquels les risques de ressemblances ne sont que plus important.
Lyle Campbell est un linguiste américain qui critique sévèrement le travail de Ruhlen. En comparant des langues dont on sait qu’elles sont apparentées à d’autres, il montre que la méthode de Ruhlen n’aboutit à aucun résultat valable.
Hans Henrich Hock est un linguiste d’origine allemand spécialiste de la linguistique historique et des langues indo-européennes. Pour lui, les méthodes de comparaison de Ruhlen ne sont pas assez précises. En comparant l’anglais et l’hindi selon ces méthodes, il montre que 65% des mots qui seraient considérés comme apparentés n’auraient en fait pas la même origine.
Merritt Ruhlen soutient fermement l’hypothèse de l’existence d’une langue originelle, mère de toutes les langues, opinion partagée par la plupart des linguistes. mais affirme que l’on peut, avec les outils de la linguistique dont il dispose, remonter jusqu’à cette langue mère pour en exhiber des mots et c’est ce qu’il a fait dans son livre paru en 1997.