En totale rupture avec les méthodes classiques de la linguistique historique, Joseph Greenberg développa la comparaison de masse, appelée aussi comparaison multilatérale car il ne s'agit plus de comparer les langues deux à deux, comme cela était fait par les méthodes classiques de la linguistique historique, mais de comparer un grand nombre de langues simultanément. Cette méthode, beaucoup plus souple, permet, selon Greenberg, de remonter plus loin dans le temps que la linguistique historique classique, qui n'ambitionne pas de rechercher des parentés entre les langues actuelles au-delà de 10 000 ans.
En 1963, Greenberg publie The Languages of Africa, ouvrage dans lequel il classe les 1 500 langues africaines en seulement quatre familles, a priori indépendantes. Parmi ces catégories, trois avaient déjà été proposées par d'autres linguistes, mais la quatrième (regroupant de nombreuses langues considérées auparavant comme isolées) fut beaucoup plus critiquée.
En 1987, Greenberg appliqua la même méthodes aux langues américaines dans Language in the Americas. Cet ouvrage suscita plus de polémique, car jusqu'à là les linguistes avaient considéré que les langues américaines provenaient de plusieurs centaines de familles de langues indépendantes. C'est grâce à la méthode de comparaison de masse que Greenberg parvint à dépasser ces classifications traditionnelles, et les critiques de cette méthode se firent beaucoup plus conséquentes à partir de cette publication.
Le dernier projet de Greenberg fut la recherche des liens entre les langues indo-européennes et asiatiques, avec le projet d'une superfamille nommée Eurasiatique. Cette théorie se rapproche de la théorie de la superfamille Nostratique, développée plut tôt par des linguistes russes. Cette superfamille devait regrouper selon Greenberg les langues indo-européennes, asiatiques, et une partie des langues nord-américaines.
Ses travaux, si controversés soient ils parmi les linguistes, seront repris par Merritt Ruhlen qui se servira de la comparaison de masse pour remonter jusqu'à la langue mère.
Merritt Ruhlen soutient fermement l’hypothèse de l’existence d’une langue originelle, mère de toutes les langues, opinion partagée par la plupart des linguistes. mais affirme que l’on peut, avec les outils de la linguistique dont il dispose, remonter jusqu’à cette langue mère pour en exhiber des mots et c’est ce qu’il a fait dans son livre paru en 1997.