L'origine des langues

Hans Henrich Hock

Hans Henrich Hock est un linguiste d’origine allemande qui travaille actuellement au département de linguistique de l’université de l’Illinois, où il enseigne la linguistique historique ainsi que la linguistique des langues indo-européennes. Il a étudié en Allemagne à l’université de Munich la philologie allemande et anglaise (étude érudite du langage, particulièrement celle de la grammaire et de l’étymologie) avant de venir faire une thèse de linguistique aux Etats-Unis à Yale. Ses principaux sujets de recherche concernent la linguistique historique et comparative, l’indo-européen et le sanscrit.

Selon lui, la méthode utilisée par Ruhlen pour remonter aux racines de la langue mère (Proto-World) conduit à des résultats complètement fantaisistes. Celle-ci n’est pas adaptée à la recherche de la langue mère car elle se montre trop généreuse quant aux critères définissant si les mots sont ou non apparentés. En effet, en ne tenant pas compte des voyelles et en établissant des groupes de consonnes dont la prononciation et l’articulation sont vaguement similaires, elle ne permet pas de différencier des mots dont la prononciation et le sens ne se ressembleraient que par accident ou qui proviendraient tout simplement d’emprunts.

En 1993, dans une publication intitulée SWALLOW TALES : chance and the « world etymology » MALIQ’A « swallow, throat » (les contes de l’étymologie du mot avaler : le facteur chance et l’ « étymologie universelle » de la racine maliq’a « avaler, gorge »), Hock met en évidence quelques erreurs commises par Ruhlen quand il a procédé à l’établissement de cette racine de la langue mère. En reprenant une liste établie par Ruhlen d’un ensemble de mots ayant pour signification lait, gorge ou avaler dans plusieurs langues comme le quechua, le proto indo-européen, ou le latin, il affirme que les ressemblances que l’on peut observer ne proviennent que de la faculté qu’a l’homme d’établir des liens entre les données et cela même quand celles-ci n’ont clairement rien à voir entre elles. Pour lui, les règles de comparaison ne sont pas assez strictes : les voyelles sont complètement ignorées, la consonne du milieu varie entre l, ly, lh, r et n, et la consonne finale entre g, j, d, k, q, q’, x e. Il considère également que les variations sémantiques des mots de la liste de Ruhlen sont trop importantes : pour les parties du corps il s’agit à la fois du cou, de la poitrine, de la gorge et de la joue et pour les actions d’avaler, de sucer, de mâcher et de boire. Pour lui, de telles listes ne sont pas difficiles à produire et il en établit quelques une pour le chinois, le quechua et quelques langues indo-européennes.

Hock a également démontré, en appliquant les règles de comparaison utilisées par Ruhlen à l’anglais et l’hindi, deux langues indo européennes, que 65% des formes qui seraient alors identifiées comme apparentées ne seraient en fait que des faux amis et n’auraient pas du tout la même origine. Il cite ainsi l’exemple du mot anglais loot « piller » et du mot hindi lu :t « voler » qui se ressemblent mais ne sont pas apparentés. Il montre aussi que certains mots ayant la même origine ne se ressemblent plus du tout actuellement dans les deux langues, que ce soit sur le plan sémantique ou sur le plan phonétique.

Pour lui, seule la méthode de comparaison classique, qui se fonde sur une étude approfondie du vocabulaire d’une langue pour énoncer des règles précises de correspondances et d’évolution et qui ne se limite pas à de simples ressemblances, peut permettre de savoir si les relations de parentés établies par Ruhlen et Greenberg sont réelles. Toutefois, étant donné qu’une telle étude requiert du temps et de la patience, elle jouit d’un réel handicap face à la méthode de Ruhlen qui, quant à elle, offre des réponses rapides aux questions que nous nous posons.

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Liste de correspondances entre mots de différentes langues dont le sens se rapproche de celui du verbe avaler sur laquelle Ruhlen a travaillé pour remonter à la racine maliq'a de la langue mère.

LangueSuperfamilleMotSens
Proto-Afro-AsiaticAfro-Asiatic*mlg'suck, breast, udder'
ArabicAfro-Asiaticm-l-j'suck the breast'
Old EgyptianAfro-Asiaticmndy'woman's breast, udder'
Proto-Indo-EuropeanIndo-European*melg-'to milk'
EnglishIndo-Europeanmilk'to milk, milk'
LatinIndo-Europeanmulg-e:re'to milk'
Proto-Finno-UgricFinno-Ugric*mälke'breast'
SaamiFinno-Ugricmielga'breast'
HungarianFinno-Ugricmell'breast'
TamilDravidianmelku'to chew'
MalayalamDravidianmelluka'to chew'
KuruxDravidianmelkha:'throat'
Central YupikEskimo-Aleutmelug-'to suck'
Proto-Amerind *maliq'a'to swallow, throat'
HalkomelemAlmosanm@lqw'throat'
KwakwalaAlmosanm'lXw-'id'chew food for the baby'
KutenaiAlmosanu'mqolh'to swallow'
ChinookPenutianmlqw-tan'cheek'
TakelmaPenutianmülk''to swallow'
TfaltikPenutianmilq'to swallow'
MixePenutianamu'ul'to suck'
MohaveHokanmalyaqe''throat'
WalapeiHokanmalqi''throat, neck'
Akwa'alaHokanmilqi'neck'
CunaChibchanmurki-'to swallow'
QuechuaAndeanmalq'a'throat'
AymaraAndeanmalyq'a'throat'
IransheMacro-Tucanoanmoke'i'neck'
GuamoEquatorialmirko'to drink'
SurinamMacro-Caribe'mo:kï'to swallow'
FaaiMacro-Caribmekeli'nape of the neck'
KalianaMacro-Caribimukulali'throat'

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Listes de mots présentant des ressemblances phonétiques et sémantiques selon les critères retenues par Ruhlen. Elle a été établie par Hock à partir de mots chinois pris au hasard et en cherchant ensuite des mots semblables dans des dictionnaires de quechua et de langues indo-européennes. La plupart de ces parentés sont complètement fantaisistes.

LangueMotSens
Chinese ren 'person'
Quechua runa 'person'
Chinesech'ung'insect'
Quechuachinchi'type of insect'
Englishchigger
Chineseshui'water'
Quechua sut'u'wet'
Frenchsuée'sweat'
Greekhudor'water'
Dutch schuit'boat'
Turkishsu'water'
Chineselao'old'
Quechualaqla'old'
Tok Psn.lapun'old'
Chinesesheng'rise'
Quechuaseqay'rise'
LangueMotSens
Chinesecheh'this'
Quechuachay'that'
Frenchce'this/that'
Chinesechihfan'eat'
Quechuachipay'close mouth'
Frenchchef'cook'
Chinesechung'middle'
Quechuachawpi'center'
Italian centro'center' (c = ch)
Chineseti'earth'
Quechuatiksimuyu'earth'
Spanishtierra'earth'
Chinese ch'ing'please'
Quechua hinay 'do thus'
Chinese wang 'king'
Quechua waminqa 'chief'
LangueMotSens
Chinese you 'again'
Quechua yapa 'addition'
Spanish ya 'already'
Chinese kung 'work'
Quechua kunay 'carry'
English gung-ho 'eager to work'
Chinese ch'uan 'river'
Quechua chumay 'dip in water'
Spanish chupar 'drink, suck'
Dutch schoon 'clean'
Chinese lai 'come'
Quechua riy 'go'
French aller 'go'
Chinese ai 'love'
Quechua ayni 'mutual help'
French aimer 'love'
LangueMotSens
Chinese san 'mountain'
Quechua senqa 'mountain peak'
French chaîne 'mountain range'
Chinese ma 'mother'
Quechua mama 'mother'
French maman 'mother'
Chinese nan 'difficult'
Quechua nanaq 'painful'
Chinese kei 'give'
Quechua qoy 'give'
Scots gie 'give'

Merritt Ruhlen soutient fermement l’hypothèse de l’existence d’une langue originelle, mère de toutes les langues, opinion partagée par la plupart des linguistes. mais affirme que l’on peut, avec les outils de la linguistique dont il dispose, remonter jusqu’à cette langue mère pour en exhiber des mots et c’est ce qu’il a fait dans son livre paru en 1997.

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Merritt Ruhlen soutient fermement l’hypothèse de l’existence d’une langue originelle, mère de toutes les langues, opinion partagée par la plupart des linguistes. mais affirme que l’on peut, avec les outils de la linguistique dont il dispose, remonter jusqu’à cette langue mère pour en exhiber des mots et c’est ce qu’il a fait dans son livre paru en 1997.

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Le linguiste américain Joseph Greenberg fut d'abord spécialiste de linguistique synchronique (description des langues actuelles), et il chercha dans les années 1950 à identifier des caractéristiques communes à toutes les langues actuelles. Greenberg se concentra ensuite sur la classification des langues, et développa la méthode de comparaison de masse afin de classer toutes les langues africaines en seulement quatre familles, et toutes les langues américaines en trois familles. Greenberg appliqua ensuite cette méthode pour rechercher une parenté commune aux langues indo-européennes et asiatiques, travail interrompu à sa mort en 2001 et resté inachevé.

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