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1941-1986 : Les prémices d'une contestation

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Le complexe hydroélectrique de Poutès-Monistrol adopte sa structure actuelle en 1941. D’abord sous le contrôle de la Compagnie Electrique de la Loire et du Centre, l’exploitation du barrage est laissée à EDF après la nationalisation en 1946 des entreprises de production et de transport d’électricité. Bien que des associations locales de pêcheurs dénoncent l’impact sur les populations de saumons, et notamment l'APS (Association de Protection du Saumon), rien n’est fait pour améliorer la transparence de l’ouvrage vis-à-vis de la migration.

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La disparition du saumon de la Loire : phénomène connu dès le début du XXème siècle

Dès 1888, une enquête menée par l’école des Ponts et Chaussées tente de recenser l’intensité des activités liées à la pêche du saumon dans la Loire. En 1892 on prenait encore près de 200 tonnes de saumons dans l’estuaire de la Loire. Les captures baissèrent fortement à partir de 1886 pour passer de 15 000 à 3 000 saumons entre 1896 et 1901, puis chutèrent encore à 1 500 prises en 1926. Comme explication à cette diminution, on savait déjà à l’époque qu’il ne restait plus que 320 hectares de frayères facilement utilisables. 635 hectares étaient peu accessibles et 1000 totalement inaccessibles.

Histoire de la construction du barrage

Le complexe de Poutès-Monistrol a été bâti sur une période de 20 années. Dès 1917, la Compagnie Electrique de la Loire et du Centre envisage un projet d’aménagement des affluents de la Haute-Loire. Dès le départ, le projet envisage l’utilisation de deux chutes : une sur l’Allier, une autre sur l’Ance du Sud. L’usine de génération est quant à elle installée sur la commune de Monistrol d’Allier. Fin 1918, les travaux commencent sur l’Ance du Sud et le barrage de Pouzas est achevé en 1927. Celui-ci a une réserve de 48 000 m3 en amont. Un canal achemine l’eau au dessus de l’usine puis une conduite forcée de 200m la conduit jusqu’aux turbines. En 1939, ce barrage est complété par un ouvrage régulateur en amont (toujours sur l’Ance du Sud) : le barrage de St Préjet. En même temps, la construction du barrage de Poutès commence. Par comparaison, le réservoir du barrage est de 2 000 000 m3 , un pont siphon puis un canal souterrain de 2 km permettent d’acheminer l’eau jusqu’à un puits d’équilibre de 32 m qui régule le débit d’eau dans la conduite forcée de 88 m.

Dès la construction de l’ouvrage, des collectifs de pêcheurs et l’administration des Eaux et forêts s’opposent à la construction de l’ouvrage. L’APS est la première à s’engager dans la controverse. Celle-ci opère dès 1943 des « recensements » locaux de la population de saumons.

Voici un extrait d’une lettre envoyée par Paul Brunet, Président de l'APS, envoyé au Directeur d'EDF en 1994 (extrait de la plaquette « Sauvons le Saumon ») :
« Avant 1943, 40 000 saumons remontaient la Loire et l’Allier et peuplaient les magnifiques frayères. Après l’édification de ce fatal barrage, construit en toute illégalité, dont l’utilité à cette époque pouvait se justifier, la chute fut brutale et, de 40 000 les années précédentes, on passa à 10 000 poissons. Le glas était sonné. La dégradation lente mais inexorable continua pour tomber à 1000 saumons et 500 ces dernières années. En 50 ans, nous arrivons à la perte de près de 2 millions de saumons »

En 1946, l’Etat nationalise les moyens de production et de transport d’électricité pour former le groupe Electricité de France (EDF). En 1956, une concession est allouée à EDF pour une durée de 50 ans.

Attitude française vis-à-vis de l’énergie :

Au lendemain du premier choc pétrolier de 1973, la facture pétrolière de la France s’élevait à 14 milliards de Francs. En 1981, elle est passée à 134 milliards de Francs. Face à cette forte dépendance énergétique (80 % selon les estimations d’EDF), fut décidée en 1974 la mise en œuvre d’une nouvelle politique énergétique pour la France. Cette politique s’est concrétisée par l’abandon, ou du moins par une diminution progressive, de la production d’électricité à partir de. combustibles. La priorité est ainsi donnée à l’énergie nucléaire. Celle-ci débuta par la réalisation de centrales nucléaires et d’usines hydroélectriques sur les bords de la Loire. Certes elles ont contribué au développement des activités économiques, mais force est de constater que la seule logique énergétique a prévalu. Le souci « mixte » d’appréhender l’eau comme un milieu vivant et complexe n’a pas été, dès le départ, pris en compte. La dimension globale de l’eau, de ses milieux, de sa faune et de sa flore, a commencé à être envisagée dans les années 70.

Cette prise de conscience se fit ressentir aussi bien dans l’administration qu’au niveau des collectivités. Dans l’administration, le souci de valoriser les différentes ressources de la Loire et la nécessité de mettre en œuvre des politiques d’aménagement équilibrées et concertées, qui prendraient en compte la sauvegarde du patrimoine naturel, conduisirent à la création de l’Établissement Public d’Aménagement de la Loire et de ses Affluents (l’EPALA), par arrêté du Ministre de l’Intérieur du 22 novembre 1983.

Parmi les premières ambitions de cette instance publique, on trouvait 4 projets de construction d’ouvrages hydroélectriques:

Ces ouvrages avaient pour objectifs de : Ce qui ne manqua pas de fédérer les collectifs protestataires et en 1986 sous la direction du WWF France le réseau « Loire Vivante » fut créé.

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