Le complexe de Poutès-Monistrol n'est qu'un exemple français d'autres actions à l'étranger. Aux Etats-Unis notamment, de nombreux barrages ont été démantelés. L'impact du démantèlement est mitigé : s'il profite à certaines espèces migratrices, d'autres souffrent de la pollution retenue au fil des ans par ces barrages.
Le problème de l’arbitrage entre les barrages et les enjeux environnementaux associés est un problème récurrent, qui n’est pas propre au barrage de Poutès. En effet, il y a déjà eu des exemples en France et à l’étranger de barrages démantelés afin d’améliorer le milieu aquatique. Généralement, ce sont de petits barrages, comme par exemple les barrages de Saint-Etienne de Vigan et de Maison Rouge sur la Loire.
Le cas de la France n’est qu’un exemple dans le monde. En effet, ce sont en tout plus de 500 barrages qui ont été démantelés ces trente dernières années. Ce sont en majorité des petits barrages. Auparavant, les arguments de fort coût d’entretien et de problèmes de sécurité étaient avancés pour justifier le démantèlement. Cependant, l’argument écologique est de plus en plus souvent mis en avant.
Dès les années 30, l’Etat d’Idaho aux Etats-Unis a dynamité le barrage de Sunbeam sur la rivière Salmon afin de faciliter la migration du saumon rouge. D’autres barrages ont suivi.
En 2004, le barrage d’Embrey (Virginie, Etats-Unis) a été démantelé car ses coûts d’entretien était élevés et parce qu’il empêchait la bonne migration des poissons. Il s’agit en fait principalement de l’alose et du hareng qui migrent depuis l’Atlantique. La destruction de ce barrage leur a libéré 170 km de frayères en amont.
La destruction de barrages a souvent été le point de départ de l’amélioration des milieux aquatiques et de la survie des espèces présentes. Ainsi, en 1999, après le démantèlement du barrage d’Edwards sur la Kennebec dans le Maine (Etats-Unis), des bars d’Amérique, des harengs de rivière, des esturgeons noirs et des saumons atlantiques ont été aperçus. C’était la première fois en cent cinquante ans que ces espèces atteignaient les zones en amont du barrage. Par ailleurs, le retour des poissons signifie souvent celui des oiseaux, puisqu’une rivière poissonneuse les attire. Ainsi, dans le cas du barrage d’Edwards, des pygargues à tête blanche et des grands hérons sont revenus aux environs de la rivière.
Néanmoins, l’expérience a montré que toutes les espèces en présence ne réagissent pas de la même manière au démantèlement d’un barrage. En effet, si les saumons sont généralement favorisés par de telles mesures, d’autres poissons peuvent en pâtir. Aux Etats-Unis, par exemple, la destruction de certains barrages a engendré la diminution des populations de carpes initialement présentes. Par ailleurs, certains polluants sont parfois emprisonnés derrière le barrage et lors du lâcher d’eau, après la destruction, ils sont déversés en aval. Par exemple, lors de la démolition du barrage de Fort Edwards sur l’Hudson en 1974, des tonnes de PCB (un polluant) se sont déversées, polluant des milliers de m3 de sédiments.
Dans le monde entier, les barrages, et notamment les grands barrages, menacent les écosystèmes. Chaque région du monde a ses espèces menacées spécifiques, comme le saumon en France. Ainsi, en Asie, ce sont les dauphins qui sont menacés par la présence de grands barrages, et en Bolivie, ce sont certaines espèces d’amphibiens. Dans chaque cas, le WWF fait un rapport sur la qualité de l’eau et les conditions de survie des espèces puis il propose des solutions adaptées à chacun des cas. D’une manière générale, il en ressort que les barrages ne doivent pas être construits sur l’axe d’eau principal d’une rivière, mais sur une branche. Il faut aussi utiliser le mieux possible les passes à poissons et se servir des données hydrologiques pour adapter les mesures prises en fonction de chaque situation.