La diminution de la population de saumons est due d’une part aux multiples barrages tels que celui de Poutès, et d’autre part à la diminution des zones de frayères. Le démantèlement favoriserait donc ses migrations. Grâce à son capital séduction, il a fédéré autour de lui des associations écologistes qui veillent à sa sauvegarde.
Les saumons présents dans la rivière Allier appartiennent à la famille des Saumons Atlantiques. Cependant, les saumons ne sont pas la seule espèce présente dans cette rivière menacée par le barrage de Poutès. En effet, d’autres migrateurs ainsi que des espèces d’anguilles sont gênés par la présence du barrage. Néanmoins, le saumon reste l’acteur majeur de la controverse car il fait partie de la liste rouge mondiale des espèces menacées, c’est-à-dire qu’il y a presque extinction de l’espèce. Ainsi, l’Allier est la seule rivière de l’Ouest de l’Europe qui accueille encore cette sorte de saumon.
Avant la construction du barrage, environ 30 000 saumons remontaient l’Allier chaque année. Dès 1950, il a été constaté que le nombre de captures de saumons n’était déjà alors plus que le cinquième de ce qu’il était avant la guerre. Aujourd’hui, seulement quelques centaines de saumons passent chaque année dans l’Allier.
Ces chiffres sont dus d’une part à la forte mortalité engendrée par le barrage. En effet, en ce qui concerne la montaison des saumons, environ 15 % des saumons sont bloqués pendant l’été parce qu’il n’y a pas assez de débit pour qu’ils puissent remonter. De manière générale, une étude du Conseil Supérieur de la Pêche affirme que seulement 10 % des saumons arrivant en aval du barrage parviennent à le franchir. Cela est en partie dû au fait que les saumons arrivent très fatigués au barrage de Poutès puisque c’est le 21ème obstacle sur leur route. Les frayères en amont, qui sont des sites de reproduction très productifs, restent donc inaccessibles à un grand nombre de saumons. Lors de la dévalaison, selon les différentes études seulement un tiers des smolts entrant dans la retenue arrivent vivants au niveau de Monistrol. Par ailleurs, les saumoneaux, qui sont très fragiles, doivent gagner rapidement l’océan car au fur et à mesure de leur développement, ils ne peuvent plus survivre en eau douce. Or la longue retenue (3,5 km) provoque un retard dans la migration ce qui diminue le taux de survie. Par ailleurs, les oiseaux et les poissons piscivores sont de véritables prédateurs pour les poissons lorsqu’ils sont dans cette retenue. Les jeunes saumons sont également entraînés dans les turbines et, selon EDF, le taux de mortalité engendré est de 5 à 10 %. D’autres associations avancent un chiffre de 50 %.
D’autre part, la mortalité des saumons est également due à la disparition des zones de reproduction. Il ne reste ainsi aujourd’hui que 8 % des frayères existantes au XIXe siècle. En effet, la retenue du barrage recouvre les zones de frayères en amont. En aval, la réduction du débit a stérilisé une grande partie des frayères. On estime ainsi que 2000 à 3500 saumoneaux sont perdus chaque année.
Le principal objectif du saumon est de pouvoir effectuer son cycle de vie avec le minimum de contraintes possibles afin de pouvoir éventuellement effectuer un nouveau cycle. En effet, actuellement, même les quelques saumons qui réussissent à frayer puis à regagner l’Atlantique vivants sont trop fatigués pour pouvoir un jour recommencer ce périple. L’avantage du démantèlement du barrage serait donc de faciliter le parcours des saumons. Il y aurait alors, grâce à son effacement, beaucoup plus de saumons adultes qui franchiraient, à l’aller, le barrage, créant ainsi un accroissement des œufs pondus. A la dévalaison, là encore, le taux de décès diminuerait. Par ailleurs, les saumons adultes qui tentent de rejoindre l’océan sont toujours très éprouvés par les chutes successives qu’ils endurent pour passer les barrages. Leur état de fatigue étant déjà très avancé, cette descente est presque toujours fatale.
Pour la survie de son espèce, le saumon serait donc totalement favorable au démantèlement.
Le principal mode d’action du saumon est son capital séduction auprès du grand public. En effet, le Saumon atlantique est un poisson emblématique qui a toujours fasciné les pêcheurs. Ainsi, le WWF estime que si le barrage disparaît, le retour du saumon pourrait engendrer des bénéfices considérables en termes de pêche. Par ailleurs, le saumon représente un grand potentiel touristique. Ainsi, si plus de 10 000 saumons remontaient l’Allier, le tourisme serait accru, créant ainsi des dizaines d’emplois, directs ou indirects. Il existe ainsi déjà selon WWF des rivières en Ecosse ou au Québec qui, en étant bien gérées, peuvent faire vivre des milliers de personnes.