Fair value

La juste valeur (ou plus communément appelée just value dans les pays anglo-saxons) désigne une façon de déterminer la valeur comptable d’un actif ou d’un passif. Elle concerne tous les produits financiers dont un équivalent s’échange sur un marché actif ; la juste valeur est définie comme le prix d’équilibre entre l’offre et la demande sur ce marché. Cette méthode de valorisation appelée mark-to-market a progressivement remplacé la méthode qui consistait à valoriser un bien en fonction de son coût historique c'est-à-dire son prix d’achat pondéré d’un amortissement.

En mark-to-market, la valeur des actifs est donc directement déterminée par son prix sur le marché. Celui-ci est caractérisé par la moyenne du prix de l’offre et de la demande prise au niveau de bourses « actives » où les biens circulent sans entraves ou problèmes particuliers.  Avec la fair value, il n’y a donc plus de différence entre la valeur comptable d’une entreprise et sa valeur sur le marché.

Cette méthode de calcul a constitué l’un des piliers de Bâle II. Une telle réforme de la valorisation était en effet tout à fait nécessaire : les produits et outils financiers ne cessaient de se complexifier et le coût historique avait de moins en moins de signification. Il fallait donc un critère qui puisse prendre en compte toute la complexité du marché et puisse être suffisamment réactive et fiable pour déterminer lorsqu’un actif est malsain ; dès lors, la meilleure solution qui a été trouvée a été de lire directement le prix d’équilibre du marché. Cette méthode a finalement été adoptée par L’UE par le biais des normes IFRS et les Etats Unis  avec les normes FAS

 

               

Comparaison entre la fair value et la valeur historique (supposée linéaire) d’un actif.

Entre fair value et coût historique amorti

Conformément à sa définition, la valorisation avec la méthode mark-to-market nécessite de pouvoir trouver un produit semblable à l’objet considéré sur un marché actif. Mais si cela est vrai pour tous les actifs qui circulent en bourse, comment peut-on faire pour les autres produits ? Si l’on veut un critère applicable à toutes les formes de crédits, on ne pourra utiliser partout la fair value. L’IASB qui a conçu les normes IFRS, a  réfléchi à ce problème et la solution qui a été trouvée est de compléter la juste valeur par la méthode mark-to-model. Il s’agit d’utiliser les modèles numériques de crédits dont les banques se servaient pour estimer leur valeur comptable.  L’état peut alors, sous réserve de contrôles réguliers, autoriser les banques à utiliser tel ou tel modèle pour déterminer une valeur comptable.

Actuellement les banques et entreprises européennes font usage de la fair value à hauteur d’environ 40% de leurs actifs et passifs. Cela signifie que plus de la moitié des produits sont encore évalués avec d’autres méthodes 

Quelle est l’utilité de la fair value ?

Lorsqu’une entreprise fait son bilan, il est absolument nécessaire pour tous les acteurs, banques, contrôleurs, investisseurs de connaître la valeur exacte d’un actif. Celle-ci permet d’évaluer les risques liés à sa possession et ainsi de prévenir tout effet de surprise sur les marchés.

Pour se convaincre de la nécessité de connaître la valeur exacte de l'actif, il suffit de se rappeler que la santé d’un marché dépend beaucoup de la vision qu’ont les investisseurs sur celui-ci et tout effet de surprise  peut donc inciter à un changement de point de vue créant un effet « boule de neige ». C’est cet effet qu’il faut à tout prix éviter : un actif malsain ne doit pas déprécier des actifs sains à cause d’incertitude sur les outils de valorisation. En calquant la valeur comptable sur la valeur de marché, on parvient donc, en suivant ce raisonnement, à mieux contrôler les effets de surprise et à connaître en temps réel la valeur d’un actif. Grâce à cela, on devrait réussir à mieux détecter les sources de problèmes en cas de crise.

En résumé, la fair value devrait permettre de :

-   prendre en compte toute la complexité du marché en lisant directement le prix d’équilibre qui synthétise toute l’information boursière;

-   détecter les actifs malsains par une mise à jour régulière ; l’investisseur devrait être plus confiant ;

-    améliorer la transparence  sur la valeur réelle des actifs et produits financiers.