Accusation de la fair value |
Depuis l’application des
normes IFRS et de leur homologue américain, les normes FAS, le principe
de la comptabilisation à la juste valeur (ou fair value) a eu de
nombreuses occasions d’être testé, notamment pendant la crise qui vient
d’ébranler le système bancaire et financier. Cette crise, qui a été
d’une profondeur rarement connue, a amené les
économistes à s’interroger
sur ses causes. En cherchant un peu, de
nombreux économistes ont perçu les normes IFRS et notamment la fair
value comme la réforme récente qui avait dû déséquilibrer le système
financier et amplifier la crise. Pour eux, il est indispensable
d’adapter les normes actuelles, sans pour autant revenir à la méthode du
« coût historique ». Une autre partie des économistes récuse la
prétendue responsabilité de la fair value dans la crise : le problème
provient plutôt du système financier. Enfin, des avis plus mitigés sont
émis. A travers cette controverse autour de la juste valeur, il est important de noter que les acteurs sont pour la plupart des économistes travaillant pour des entreprises ou des chercheurs en économie. En effet, pour saisir les tenants et les aboutissants liés à la fair value, il est non seulement nécessaire de maitriser la quantité importante de documents, que représentent les normes IFRS, mais aussi de pouvoir expliquer leurs impacts sur l’économie à partir de modèles. A titre de justification, il faut se rendre compte que les normes IAS et IFRS, leurs bases de conclusions et leurs guides de mise en œuvre représentent 1860 pages en langue anglaise.
De toute façon, le sujet
est d’importance, car il ne s’agit rien moins que de donner une valeur
comptables aux sommes qui circulent et que s’échangent quotidiennement
les marchés financiers. La controverse autour de
la fair value concerne essentiellement trois points que nous
développerons dans les articles qui suivent :
-
La
procyclicité qui serait accentuée par la fair value.
-
Le
rôle d’information joué par la juste valeur auprès de tous les acteurs
et les conséquences que ce rôle aurait pu avoir comme la crise d’illiquidité.
-
Le
fait que la méthode mark-to-market ne peut être appliquée qu’à certains
actifs ; les autres étant évalués - plus ou moins subjectivement,
diraient certains - par d’autres méthodes. |