Confiance globale avant la crise |
Avec la crise monétaire asiatique de 1997 et celle de Russie en 1998 qui avait failli tourner à la crise économique mondiale, les Etats ont pris conscience de façon assez brutale de l’interdépendance des marchés financiers à l’échelle mondiale et de leur vulnérabilité face à une crise systémique potentielle. Ils ont alors décidé de réagir en posant les bases d’une future régulation internationale notamment lors du G7 de Cologne en 1999. Ensuite, l’IASB avait concrétisé cette orientation en édictant de nouvelles normes comptables relatives à l’évaluation des instruments financiers selon le principe de la juste valeur (principalement IAS 39 et IFRS 7), qui sont entrées en vigueur le 1er janvier 2005. Ainsi, en 2007, juste avant que la crise des subprimes ne se déclare aux Etats Unis, banques et régulateurs estimaient qu’ils avaient fait des efforts dans le bon sens, celui d’une stabilisation des marchés financiers. Plus encore que l’IASB, le Comité de Bâle se montrait très confiant dans l’application du nouveau ratio de solvabilité, et ce malgré la grande sensibilité de ce dernier aux risques, ce qui pourrait là encore entraîner une volatilité du montant des fonds propres réglementaires. En effet, selon le Comité de Bâle, le nouveau ratio Mc Donough, parce qu’ « il exerce une ‘morsure’ d’autant plus forte que le risque s’accroît, est garant de la réactivité et de la gradualité anticipée dans le comportement de la banque, et donc de la stabilité financière. » Par ailleurs, la confiance des marchés avant la crise était aussi alimentée par une conséquence pour le moins perverse de l’application des nouvelles normes comptables : en effet, en période de hausse des cours, la comptabilisation des actifs évalués à leur juste valeur entraîne une hausse des capitaux propres, ce qui par effet circulaire peut entraîner une hausse encore plus forte des cours. De nombreux universitaires , parmi eux Michel Aglietta en 2005, avaient averti les banques du caractère procyclique de la comptabilisation selon la fair value, et affirmé que l’effet inverse en cas de marché baissier serait alors aussi douloureux que l’effet haussier avait été profitable. Or, la bulle immobilière américaine formée en 2007 s’étant traduite par une hausse des valeurs de marché, les banques et les grandes entreprises cotées n’avaient aucune raison de se plaindre des nouvelles normes IFRS, puisqu’elles permettaient une évaluation de plus en plus méliorative de leurs titres, et donc une augmentation de leurs bénéfices, au fur et à mesure que la bulle gonflait. Les prophéties des spécialistes n’ont donc pas été écoutées. Ainsi, il a fallu attendre une période baissière, ce qui arriva avec la crise à l’automne 2008, pour que les acteurs des marchés abandonnent cette confiance naïve à l’égard de la juste valeur, et commencent à critiquer la pertinence de ce principe. |